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26 octobre 1972/Décryptage du doyen journaliste Noel Allagbada : Retour sur un coup d’État qui a façonné le Bénin moderne

Cinquante-trois ans après le coup d’État du 26 octobre 1972, le Dahomey, devenu Bénin, se souvient encore de cette journée qui bouleversa son destin politique. Dans une réflexion fouillée, Noël Allagbada, revient sur cet épisode charnière de l’histoire nationale, marqué par l’intervention des militaires pour mettre fin à une instabilité chronique. À travers un regard lucide et documenté, il explore les zones d’ombre du renversement, évoque la figure méconnue de Karim da Silva, acteur économique au cœur des intrigues, et interroge le silence prolongé des témoins directs. Plus qu’un retour sur un fait historique, cette analyse ouvre une réflexion sur la mémoire collective, la responsabilité et le poids des non-dits dans la construction de la démocratie béninoise.         

KARIM DA SILVA

IL ETAIT UNE FOIS LE 26 OCTOBRE 1972…

LUMIERES, OMBRES ET INTERROGATIONS SUR UN COUP D’ETAT

EN GUISE D’INTRODUCTION

« LES PRINCIPAUX ACTEURS SE SONT MURES DANS LE MUTISME CONGENITAL ET PARALYSANT PROPRE A NOTRE PAYS. ILS N’ONT PAS A CE JOUR LAISSE, QUE QUELQUES RARES ECRITS QUI ESCAMOTENT L’ESSENTIEL.

CERTAINS GARDENT LE SILENCE, ESSENTIELLEMENT, PARCE QU’ILS SONT APPAREMMENT PEU FIERS DE LEURS ACTES PASSES, ET PREFERENT FUIR LES QUESTIONS DES INVESTIGATIONS POUR ECRIRE L’HISTOIRE DU PAYS. »

C’est par ces mots tranchants que Adépédjou Sylvain AKINDES apprécie l’attitude de la grande majorité des personnes qui, à un moment donné, ont été amenées à être dans la position de témoins ou d’acteurs privilégiés – parfois les deux à la fois – de l’évolution de la vie politique du Dahomey depuis son indépendance le 1er aout 1960 d’une part, et d’autre part dans les péripéties qui à partir de 1972 ont conduit au changement du nom du pays, en République populaire du Bénin en novembre 1975, avant qu’il ne devienne République du Bénin en février 1990 .

Cette déclaration se trouve dans le Tome II de son ouvrage « ESSAI D’HISTOIRE DU TEMPS PRESENT AU BENIN POSTCOLONIAL » dans lequel il procède à l’analyse des tenants et aboutissants du coup d’Etat militaire du 26 octobre 1972.

De fait, cette épisode garde encore bien des secrets plus de 50 ans après cette journée, ou plutôt cette après-midi qui a vu les Dahoméens vivre la cinquième irruption de l’armée sur la scène politique.

Des cinq coups d’Etat qui ont eu lieu au Dahomey, à partir du 28 octobre 1963, celui du 26 octobre 1972 a été le plus marquant. En premier lieu par le contexte de sa survenue, mais aussi par son déroulement et les différents acteurs qui apparaitront sur la scène politique au cours des années qui suivront.

Plus de cinquante années après, le 26 octobre 1972 garde encore bien des cotés aussi bien équivoques que ambigus à bien des égards. Curieusement les acteurs et témoins de premier plan de cette phase cruciale de l’histoire de la première décennie de l’Etat indépendant du Dahomey d’une part, et d’autre part ceux impliqués, à divers niveaux, dans la gestation de l’Etat au cours de cette période en passant par l’expérience de la République populaire du Bénin n’ont rien fait, directement ou par personnes interposées, pour éclairer l’opinion aussi bien nationale qu’extérieure. La grande majorité n’est plus aujourd’hui de ce monde. Parmi ceux qui vivent encore, le silence semble être préférable à des révélations sur une date qui, à plusieurs égards, peut être considérée comme le point de départ de bien de situations et événements actuels.

 Au nombre de ces témoins et acteurs de cette période, les déclarations de deux personnalités méritent d’être analysées de par les positions qu’elles occupaient sur la scène politique.

La première est Karim da SILVA. Cet homme, véritable patriarche aujourd’hui à plus de 90 ans, fait partie de ces rares citoyens qui peuvent parler de cette journée, avec un intérêt certain pour avoir des éclairages utiles sur les événements non seulement de cette journée historique, mais aussi sur des faits antérieurs qui ont été de véritables signes annonciateurs de cette ultime irruption de l’armée dans la vie politique du Dahomey. La deuxième personnalité est Pascal CHABI KAO. Il était ministres des Finances au moment des faits. Décédé en 2021, il était ministre des Finances dans le gouvernement du Conseil présidentiel de mai 1970 au 26 octobre 1972.

Karim Da SILVA se présente non seulement comme un témoin capital, mais il n’hésite pas à proclamer qu’il est l’un des acteurs de premier plan qui ont œuvré pour faire aboutir tout le processus ayant conduit à la réussite du coup d’Etat. Il livre un certain nombre d’informations dont l’analyse peut, dans une grande mesure, aider à cerner les ombres et les lumières d’un événement qui, cinquante-trois années plus tard, n’a toujours pas livrer tous les secrets de son organisation et de son déroulement.

KARIM DA SILVA : l’opérateur économique et la politique

Qui est cet homme ? Pourquoi en faire une source fiable, une voix qui compte dans l’appréciation du coup d’Etat du 26 octobre 1972 dont le caractère inédit a été souligné en son temps par les analyses et observateurs de la vie politique de l’Etat dahoméen. En effet, depuis le premier coup d’Etat de son histoire, le 28 octobre 1963, le Dahomey était devenu un cas d’école dans une Afrique où les nouveaux régimes étaient à la recherche de leurs marques pour être à la hauteur des espoirs que les populations plaçaient en eux en vue d’assurer leur bien-être.

Karim Da SILVA ou encore Urbain Karim Da SILVA pour tenir compte de ses racines musulmanes et afro-brésiliennes – il n’hésite pas à le souligner à l’occasion -s’est révélé à ses concitoyens à l’occasion de l’élection présidentielle de 1968. En cette année, le pays vivait depuis décembre 1965 sous le troisième régime militaire de son histoire d’Etat indépendant. De fait, le général Christophe SOGLO avait (ré) pris le pouvoir le 22 décembre 1965, suite à la crise de confiance au sommet de l’Etat entre le président de la République Sourou Migan APITHY et son vice-président Justin Tomètin AHOMADEGBE. Le 25 janvier 1964, l’armée avait remis le pouvoir au duo présidentiel après trois mois, suite à la chute du premier régime civil le 28 octobre 1963.

Mais, le 21 décembre 1967, les « jeunes cadres » de l’armée, passent à l’action contre le premier général de l’institution militaire dont la gestion au sommet de l’Etat était de plus en plus décriée.

Le gouvernement des « jeunes cadres » de l’armée s’est fixé pour objectif de conduire le pays à un régime civil après des élections dont seront exclus les trois hommes politiques qui se battent entre eux depuis 1960 pour assurer l’hégémonie de leur parti respectif sur l’appareil d’Etat. Les intéressés – Hubert Koutoukou MAGA, Sourou Migan APITHY et Justin Tomètin AHOMADEGBE- avaient pris la précaution de quitter le territoire dahoméen pour se mettre à l’abri à l’étranger, face à la situation de plus en plus critique dans laquelle leurs querelles intestines ne cessaient de plonger le pays.

Après avoir fait rédiger une Constitution qui prône un parti unique et consacre l’exclusion des trois « leaders historiques », ainsi que les cadres ayant occupé des hautes responsabilités pendant leur passage successif au sommet de l’Etat, le régime militaire organise effectivement les élections pour remettre pouvoir aux civils. Mais pour les militaires, les difficultés vont s’amonceler depuis la phase préparatoire jusqu’à la proclamation des résultats. Les partisans des trois leaders réussissent à faire passer le mot d’ordre de boycott. Avec seulement quelque 30 pour cent d’électeurs, le gouvernement militaire estime que le corps électoral n’est représentatif et invalide les résultats, qu’il avait pourtant proclamés.

 Rétrospectivement, on peut dire que l’élection présidentielle de cette année 1968 a été la plus ouverte de l’histoire du jeune Etat dahoméen. Avec cinq prétendants aux parcours professionnels divers, cette compétition électorale a retenu l’intérêt des populations à bien des égards. L’oukase décrétée contre Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY et Justin AHOMADEGBE va permettre à des citoyens jusque-là connus uniquement dans l’exercice de leur profession, de faire leur entrée sur la scène politique. Il s’agit de Karim da SILVA, opérateur économique dans les domaines de l’imprimerie et de l’édition, l’enseignant- inspecteur de l’enseignement primaire- Eustache PRUDENCIO, le docteur en médecine Basile ADJOU MOUMOUNI, l’opérateur économique Viérin GANMANDOUHALO, et l’érudit –ainsi le présentait-on- Paul HAZOUME.

Après sa formation professionnelle en arts graphiques au Congo-Léopolville (actuelle République démocratique du Congo) et en France de 1954 à 1957, Karim da SILVA était revenu au pays en 1963. Il s’installe à son compte, en construisant une des premières imprimeries privées du Dahomey indépendant : la Grande Imprimerie Dahoméenne (GID). En 1967 il est porté à la tête du Syndicat national des commerçants et industriels du Bénin (SYNACID). C’est à ce titre qu’il se retrouve dans la compétition à l’élection présidentielle de mai 1968. Ses pairs ont choisi d’en faire leur porte drapeau dans un contexte où les difficultés économiques et financières du nouvel Etat, avec leurs implications sur la vie sociale, commençaient à devenir une source de préoccupations pour tous les citoyens dont la formation, le parcours intellectuel et professionnel incitait de plus en plus à s’intéresser à la vie politique.

Au cours de la campagne électorale, le candidat Da SILVA se fait remarquer par ses idées assez « avangardistes » pour l’époque. Selon certains témoins de cette période, il avait été la principale attraction de la campagne électorale. C’est dans la gestion de l’imbroglio né de l’invalidation et de l’annulation de l’élection présidentielle de 1968 que le chemin de Karim da SILVA va croiser celui d’Emile Derlin ZINSOU d’un côté, et de l’autre il fera la connaissance d’un jeune officier de l’armée nommé Mathieu KEREKOU.

Emile Derlin ZINSOU. C’est déjà un acteur politique en train de tracer sa voie dans le landernau politique qui se met en place depuis l’indépendance du pays. Médecin de formation, sa carrière politique commence en 1947 quand il est élu Conseiller de l’Assemblée de l’Union française. En 1958, deux années avant l’indépendance le président Sourou Migan APITHY lui confie le poste de ministre de l’Economie dans le gouvernement territorial. Dans les premières années de l’indépendance, on le retrouve comme premier président de la Cour suprême avant qu’il n’occupe des postes ministériels. Ainsi le ministère des Affaires étrangères lui est confié dans le gouvernement formé par le général Christophe SOGLO après son retour au pouvoir en 1965. Il est en poste lorsqu’intervient le putsch des « jeunes cadres » de l’armée.

Mathieu KEREKOU. Il fait partie des « jeunes cadres » de l’armée qui ont mené l’action contre le gouvernement du général SOGLO, bien qu’il ne fasse pas partie des officiers cités comme auteurs du coup d’Etat. Il ne figure pas parmi les dix membres de l’équipe ministérielle, tous militaires. Mais, dans l’imbroglio crée par les suites de l’élection présidentielle, son nom va apparaitre, de façon anodine, comme le patron d’un organe inconnu du grand public : le Comité militaire de vigilance.

Après l’invalidation des résultats de l’élection présidentielle de mai 1968, Karim da SILVA et Emile Derlin ZINSOU vont se retrouver devant ce Comité dans des circonstances que le candidat du SYNACID expose avec force détails. Et pour cause. C’est l’épisode de sa vie qui va en faire un citoyen dont l’implication dans la politique ne se relâchera plus.

« ADJOU, arrivé en tête, avait été déclaré vainqueur du scrutin. Personnellement, j’étais très fatigué après tout l’effort physique que j’avais fourni pendant la campagne électorale. Je pensais à autre chose, et voyais l’avenir autrement, lorsque le docteur Emile ZINSOU fit irruption chez moi en pleine nuit après la proclamation des résultats, et ce même jour.

 Il était accompagné d’un de nos ainés, l’ancien président de l’Assemblée nationale Valentin Djibodé APLOGAN, qui servait probablement de caution morale, sans savoir ce que tramait en réalité le docteur ZINSOU. Toujours est –il que le docteur Emile Derlin ZINSOU était venu avec un sac rempli de documents dont il disait être la preuve de la fraude massive qu’avaient organisé l’UDD (Union démocratique dahoméenne, parti de Justin AHOMADEGBE) et ADJOU pour me voler ma victoire. Avec ses preuves, il me proposait d’aller lire devant les jeunes cadres de l’armée une déclaration qu’il avait déjà, disait-il, rédigée pour moi afin d’obtenir l’annulation du scrutin, en vue d’une reprise de l’élection.

 Ni une, ni deux je me suis exécuté et l’ai suivi. C’est à la fin de la lecture de ma déclaration- sa déclaration qu’il m’avait mise entre les mains – devant l’assemblée des jeunes cadres de l’armée présidée par KEREKOU que j’ai senti qu’il y avait quelque part anguille sous roche. L’un de ces jeunes cadres demanda de lui remettre les preuves dont on leur avait certainement parlé ! Le docteur qui avait déjà vu un certain nombre des jeunes cadres militaires avant d’aller me voir aurait-il déjà tout ficeler avant que je ne vienne servir de faire valoir ? Je n’ai compris le but véritable de l’opération que plus tard !

Les participants à une des réunions des conjurés. Au premier plan Mathieu Kerekou et Karim da Sylva.png

 En effet, au lieu de la reprise des opérations électorales, c’est plutôt un docteur ZINSOU, tout souriant, radieux et satisfait qui est revenu me voir pour m’annoncer qu’il venait de la présidence où les militaires l’avaient convoqué pour lui confier le pouvoir ! Et lui, de me proposer comme lot de consolation la présidence du nouveau parti unique constitutionnel dont le siège serait mon immeuble d’Akpakpa où se trouve mon imprimerie, la Grande Imprimerie du Dahomey (GID).

 Voilà l’homme qui se croit plus rusé, plus intelligent, plus doué que tout le monde. »

 Ces révélations datent de mai 2005. Elles ont été rapportées par le journal La Nouvelle Tribune, et n’ont pas fait l’objet de réplique ou de démenti jusqu’au décès du docteur Emile Derlin ZINSOU. Aucune réaction non plus aussi du côté de Mathieu KEREKOU, ou de ses proches.

Jeune cadre militaire de l’armée dahoméenne en cette année 1968, Mathieu KEREKOU va connaitre un destin national hors du commun à partir du 26 octobre 1972, qui fera de lui l’homme dont la durée au sommet de l’Etat demeure inégalée à ce jour et qui va le rester certainement, sauf circonstances exceptionnelles qui pourraient amener à une révision de la Constitution béninoise en vigueur actuellement.

 La rencontre entre les trois hommes, qui jusqu’à cette année 1968 étaient des citoyens d’un même pays, mais que rien ne liait sur quelque plan que ce soit, aura des répercussions durables dans leur vie respective et aussi sur la marche de l’Etat.

 A partir de cette expérience de 1968 pour le moins traumatisante pour le jeune opérateur économique qu’il était, Karim da SILVA va de plus en plus s’intéresser au monde politique. Mieux, il n’entend pas rester à la marge et jouer au « spectateur indifférent » devant les comportements plus ou moins intolérables que les acteurs de la scène politique, à divers degrés, vont adopter face aux problèmes de plus en plus nombreux et complexes qui se posent aux populations. Petit à petit, le citoyen Karim Da SILVA après tous les événements de cette année 1968, et surtout après toutes les péripéties du processus électoral se sent interpellé par l’évolution de la vie politique de son pays. Aussi, le cours de sa vie et de ses activités va prendre un autre tournant.

 Dès l’installation au pouvoir d’Emile Derlin ZINSOU par le gouvernement des « jeunes cadres de l’armée », Karim Da SILVA se proclame premier opposant au nouveau régime qui se met en place. Pour bien faire, il prend langue avec Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY et Justin AHOMADEGBE en exil au Togo. Premier objectif, faire échouer le référendum que le nouveau chef d’Etat a décidé d’organiser afin de faire légitimer son pouvoir par le peuple. Le référendum a bien lieu le 28 juillet 1968, après l’investiture du président le 17 juillet. Officiellement, les résultats sont favorables à Emile Derlin ZINSOU. Mais, pour Karim da SILVA, l’opération aurait été une farce d’un très mauvais gout, une arnaque pour employer un terme conforme à la situation qu’il aurait vécue.

 « Quel référendum ? Tout d’abord, c’est pour se démarquer des militaires qui lui ont confié le pouvoir qu’il a voulu et organisé le référendum. Ensuite, il voulait légitimer ce même pouvoir qu’il tenait de l’usurpation par une adhésion populaire » soutient-il. La condamnation du nouveau régime est donc sans appel pour Karim Da SILVA que les résultats de l’élection présidentielle de 1968 placent au deuxième rang avec 7%, certes loin derrière Basile ADJOU MOUMOUNI (84%), mais bien devant les trois autres candidats crédités de 3 % pour Paul HAZOUME et Eustache PRUENCIO, 1,5% pour Viérin GAMADOUALO.

 Emile Derlin ZINSOU est investi président de la République du Dahomey le 11 juillet 1968. Le nouveau chef de l’Etat se retrouve à la tête d’un pays secoué par des mouvements sociaux dont les principaux animateurs sont les syndicats des travailleurs et les organisations des élèves et étudiants. C’est à une vraie crise aux implications multiples que le gouvernement doit faire face. La création d’une « Cour de sureté de l’Etat pour juger les crimes et délits commis en temps de paix contre la sureté de l’Etat » est la solution choisie. Pour Karim Da SILVA, ce tribunal d’exception était un instrument dont l’homme fort du Dahomey en ces années 1968-1969 comptait se servir, pour non seulement contenir les activités des syndicats et des organisations de jeunes et d’étudiants, mais aussi pour régler des comptes personnels avec des citoyens dont les activités, pour une raison quelconque, pouvaient constituer pour le président Emile Derlin ZINSOU un motif de désagrément ou d’hostilité à titre personnel. Karim da SILVA est persuadé d’être visé dans ce cas, pour un différend à propos de l’acquisition d’un domaine en bordure de mer, à l’est de Cotonou, qui a surgi entre le nouveau chef d’Etat et lui.

 Le 10 décembre 1969, l’armée renverse le régime qu’elle a largement contribué à mettre en place quelque dix-sept mois plus tôt. C’est le quatrième coup d’Etat militaire en neuf années d’indépendance du Dahomey. En vérité, il faut plutôt parler d’une opération d’enlèvement du troisième président civil installé au pouvoir suite à une opération électorale menée dans une certaine confusion par l’armée elle-même. En effet, Emile Derlin ZINSOU a été « cueilli » à son arrivée à la présidence de la République ce matin de décembre 1969 par un commando dont on apprendra dans la journée qu’il a pris le chemin de Natitingou, chef-lieu du département du Nord-ouest et localité de naissance du lieutenant-colonel Maurice Iropa KOUANDETE, nommé chef d’état-major général de l’armée par le président ZINSOU à son avènement.

 Ce coup d’Etat, par bien des aspects de son déroulement et de la personnalité de certains acteurs va contribuer à créer les conditions d’intervention des militaires pour mettre fin au régime du Conseil présidentiel le 26 octobre 1972.

 Dans ses révélations, Karim da SILVA confie que sa participation à la compétition électorale de 1968 faisait partie du plan élaboré par les hommes d’affaires et industriels dahoméens pour prendre pied dans le landernau politique. Depuis l’accession du pays à l’indépendance, le pouvoir au sommet de l’Etat était devenu la chasse gardée de la classe des fonctionnaires. Mais, Karim da SILVA et la direction du Syndicat national des commerçants et industriels du Dahomey ne se faisaient pas d’illusion sur leur possibilité ou chance de remporter l’élection présidentielle. Leur objectif : obtenir un score plus ou moins consistant qui permettrait de négocier un poste dans le gouvernement du vainqueur. Pas pour le candidat à l’élection, mais pour le président du Syndicat, précise Karim da SYLVA.

 Loin d’avoir contribué à clarifier la scène politique, l’initiative de la hiérarchie militaire à plutôt consister à la complexifier, notamment par la liberté laissée à Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY et Justin AHOMADEGBE de revenir au bercail. Suite à sa déconvenue avec Emile Derlin ZINSOU, Karim da SILVA prend langue avec les trois anciens présidents et va désormais se poser en adversaire du régime qui sera mis en place, après le référendum organisé pour en assurer la légitimité. Référendum dont il conteste le résultat favorable à l’homme que le régime militaire à considérer comme le seul leader politique capable de sortir le Dahomey de la crise de cette année 1968.

 Lorsque le gouvernement de Emile Derlin ZINSOU est renversé 10 décembre 1969, Karim da SILVA ne fait pas mystère de son implication dans la préparation de l’opération dont l’instigateur, le Colonel Maurice KOUANDETE, fait partie de ses fréquentations au sein des forces armées. Les observateurs attentifs découvriront cette réalité quelques mois plus tard face à ses déclarations dans des milieux qui souhaitaient la fin du régime.

 De retour au pays, Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY, et Justin AHOMADEGBE dont les rivalités cycliques mettaient à rude épreuve la cohésion nationale n’ont rien trouvé de mieux à offrir aux populations régulièrement abusées et traumatisées que le Conseil présidentiel. Singulière trouvaille, qui doit leur permettre de gérer, à tour de rôle pendant deux ans chacun, le pays entourés de leurs lieutenants de toujours à qui seront repartis les portefeuilles ministériels. C’est l’échec, après celui de 1968, des élections générales organisées par le Directoire militaire mis en place après le coup d’Etat de décembre 1969, qui leur permet de prendre ainsi en otage la vie politique du pays. En effet, le Conseil présidentiel a fini par s’imposer à la hiérarchie militaire après des tractations assez complexes, voire sulfureuses entre les dirigeants des partis qui dominaient la vie politique de cette première décennie du Dahomey indépendant.

 Le 7 mai 1970, le Directoire militaire installe Hubert K. MAGA dans ses fonctions de président du Conseil présidentiel, président de la République et chef du gouvernement. Mis en place par l’armée après le coup d’Etat contre Emile Derlin ZINSOU en décembre 1969, le Directoire militaire pense avoir trouvé la meilleure issue de sortie aussi bien pour l’armée, devenue, au fil de ses différentes interventions depuis octobre 1963, un véritable régulateur de la vie politique, que pour le pays lui-même. A quelques trois mois de la célébration du dixième anniversaire de l’indépendance, le 1er aout 1970, on peut penser à une « remise à l’heure » des pendules : Hubert MAGA, le premier président, celui qui a fait la déclaration annonçant la naissance du Dahomey en tant que Etat souverain reprend les rênes du pays. La boucle des errements et autres turpitudes au sommet de l’Etat est enfin bouclée ont dû penser bien de Dahoméens, et observateurs de la vie politique du pays.

 Pour les trois hommes qui ont été au-devant de la scène pendant le processus d’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, tout pouvait laisser croire à une victoire définitive sur la hiérarchie militaire qui, excepté la parenthèse de juillet 1968 à décembre 1969 avec le régime d’Emile Derlin ZINSOU, occupait le sommet de l’Etat depuis octobre 1963. Au total, en cette première décennie de son existence en tant que Etat souverain, le Dahomey a vu les militaires assumé les hautes fonctions de l’Etat environ pendant cinq années, tous régimes militaires confondus.

 Une fois installé, le Conseil présidentiel ne bénéficia pas de période de grâce, dans le contexte d’un pays où les difficultés économiques et financières ne cessaient de prendre de l’ampleur. Avec pour conséquences des frondes de plus en plus fréquentes dans le monde des travailleurs de tous les secteurs d’une part, et d’autre part dans les milieux des élèves et étudiants. Face aux revendications de ces derniers, le gouvernement va choisir la fermeté en prononçant la dissolution de l’Union générale des élèves et étudiants du Dahomey (UGEED), le 7 novembre 1971. La réaction de l’UGEED arrive le 3 décembre par le déclenchement d’une grève illimitée, contre notamment un projet de réforme de l’enseignement dans le cadre duquel la première pierre de l’Université du Dahomey a été posée le 6 novembre 1970.

 Le 23 février 1972, le chef d’état-major de l’armée, le Colonel Paul-Emile DE SOUZA est l’objet d’une tentative d’assassinat qui se termine par la mort d’un des assaillants, un militaire abattu par l’officier supérieur qui, apparemment attendait ses agresseurs. C’est un fait inédit dans l’histoire du pays. Le fait est plus qu’insolite dans l’évolution des mœurs aussi bien politiques que militaires. En effet le pays est à quelques trois mois de l’investiture de Justin Tomètin AHOMADEGBE dans ses fonctions de président de la République, chef du gouvernement. Tout montre que le régime est dans une situation de crise. Le gouvernail du Conseil présidentiel va changer de mains, conformément à l’ordre de rotation arrêtée en mai 1970 sous l’arbitrage du Directoire militaire dont le premier responsable était le Colonel DE SOUZA, avec comme autres membres le lieutenant-Colonel Maurice Iropa KOUANDETE et le Commandant Benoît SIZOGAN .C’est dans ces conditions plus que troubles, que Hubert MAGA va passer le relais à son successeur le 7 mai 1972, après avoir annoncé au pays le 4 mars plusieurs arrestations au sein de l’armée et l’ouverture d’une enquête sur l’attentat du 23 février 1972.

 Ainsi, conformément à la rotation que les trois membres du Conseil présidentiel ont approuvée, sous l’arbitrage (ou la directive ?), des trois hauts gradés du Directoire militaire, Justin Tomètin AHOMADEGBE accède enfin à la magistrature suprême du Dahomey le 7 mai 1972. Mais comme évoqué plus haut, le pays est dans une situation de crise de plus en plus aigüe. En réalité, les populations, en particulier dans les cercles des intellectuels initiateurs et dirigeants de mouvements et organisations qui se sont toujours opposés aux différents régimes depuis 1963, sont dans l’attente de la fin de ce mode de gestion qui, pendant deux ans, a maintenu l’Etat dans l’immobilisme.

 Pour Karim da SILVA, face à la situation de plus en plus critique que traverse le pays le Conseil présidentiel est apparu comme une humiliation pour sa conscience de citoyen.

 Ecoutons-le : « Le régime du Conseil présidentiel était pourri et malfaisant. Un ministre du gouvernement était devenu l’obligé d’un fournisseur de l’Etat. » On saura plus loin de qui parle Karim da SILVA, dans la version que le ministre en question donne du contexte et du processus ayant conduit au coup d’Etat.

 « Ce régime du Conseil présidentiel avait ceci de caractéristique, c’est qu’ils s’étaient retrouvés à trois pour faire du mal » insiste t- il avant de préciser de quoi il est question quand il parle de malfaisance concernant le régime. « Le mouvement des étudiants conduit par Fidel QUENUM avait commandé à mon imprimerie des affiches en vue d’une manifestation. Si l’Etat ne voulait pas de la manifestation, il lui suffisait de l’interdire, non de fermer l’imprimerie qui les réalisait dans le cadre de son commerce. C’est pourtant ce que fit le Conseil présidentiel dont le président en exercice, avait même demandé en prime d’arrêter le directeur de l’imprimerie, pensant mettre la main sur moi.

 Or, à cette époque, mes activités se diversifiaient ; j’avais laissé le poste de directeur de l’imprimerie à mon collaborateur Antoine AKINOTCHO. Si bien qu’à leur arrivée sur les lieux, les policiers ont embarqué le directeur AKINOTCHO, et fermé l’imprimerie pour un mois. Je précise que le directeur fit également de la prison pour un mois. »

 La période dont parle Karim Da SILVA est celle des mouvements sociaux de grande ampleur qui secouaient le pays, en particulier les grèves organisées par l’Union générale des élèves et étudiants du Dahomey (UGEED) dont l’un des responsables était celui qui avait passé commande les affiches, objet de la colère du Conseil présidentiel. Dans la foulée, la dissolution de l’UGEED a été prononcée et les établissements secondaires fermés sur toute l’étendue du territoire. Mesure à laquelle, l’Union répondit par le déclenchement d’une grève scolaire illimitée.

 Mais comment s’est-il retrouvé mêlé et entrainé dans la préparation du coup d’Etat du 26 octobre 1972 ? Il est formel dans ses révélations. Avec des photos à l’appui, et une lettre ouverte datée du jour même du coup d’Etat, il montre que son domicile de l’époque a servi de lieu de rencontres à certains des protagonistes – le groupe de Porto-Novo, comme il le qualifie – et que la correspondance en question a servi de moyen de diversion pour permettre aux auteurs du coup d’ Etat de venir « ramasser » les chefs du Conseil présidentiel et leurs ministres en réunion au palais de la présidence. Cette lettre est peut être qualifiée de document historique de par son contenu, et de par le rôle que son auteur lui attribue dans la mise en œuvre du stratagème pour la réussite, sans coup férir, de l’opération du 26 octobre 1972.

 Selon les rumeurs, Hubert MAGA et Justin AHOMADEBGE auraient été les principaux concepteurs du Conseil présidentiel, parce que seuls présents au « conclave » de Savè qui accouchera de la « Charte » qui donnera naissance au régime. Sourou Migan APITHY adhère à la démarche, mais ne se rend pas, ni ne se fait représenter à la rencontre. Si dans l’’esprit des trois dirigeants, ce système inédit de direction et de gestion de l’Etat a été imaginé dans l’esprit d’une surveillance mutuelle pendant toute la durée de « l’expérience », les deux premières années vont prouver que les dégâts sur le triple plan politique, économique et social sont plus importants que les gains.

 Dans le contexte délétère où se préparait le passage de relais entre Hubert MAGA et Justin AHOMADEGBE, des citoyens, compte tenu de leur implication à des degrés divers dans la vie politique nationale, ont estimé qu’il était temps de faire quelque chose pour arrêter les dégâts. Karim da SILVA a décidé d’être du nombre. De cette époque, il a gardé des documents qui accréditent en très grande partie ses affirmations. Deux peuvent retenir l’attention quand on l’écoute raconter les péripéties qui ont entouré les préparatifs de l’événement de la journée du 26 octobre 1972, la cinquième intervention de l’armée dahoméenne pour mettre fin au régime du Conseil présidentiel.

 Le premier document est une série de photos qui montrent des personnalités en réunion dans son domicile sis au quartier Adjara Docodji, à Porto –Novo. Des personnes présentes, il est pratiquement la seule encore en vie. Sur l’une des photos, on peut clairement remarquer qu’il était en pleine prise de parole. (Voir la photo) Le fait qu’il ait tenu à conserver ces images peut paraitre surprenant. Dans une entreprise comme l’organisation de la chute d’un régime, des difficultés de dernière heure peuvent venir mettre tout en cause. Et signer votre arrêt de mort, au regard de votre degré d’implication et des ambitions que le pouvoir en place vous prête, à tort ou à raison.

 Selon Karim da SILVA, plusieurs groupes s’activaient, chacun de son côté pour la fin du régime du Conseil présidentiel. Sans aucune coordination formelle entre eux. Celui pour lequel il avait décidé de servir de cheville ouvrière, en mettant son domicile à disposition pour les réunions était « le groupe de Porto-Novo » qui comprenait les personnes ci-après : le commandant de gendarmerie Barthélémy OHOUENS- il avait occupé le poste de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité avec le grade de capitaine dans le gouvernement « des jeunes cadres de l’armée » de 1967à 1968- le colonel Alphonse ALLEY président de ce même gouvernement, et Mathieu KEREKOU, alors capitaine et qui avait présidé le « Comité militaire de vigilance » dont la position avait été déterminante dans le choix porté sur Emile Derlin ZINSOU pour être président du Dahomey en 1968. Il s’agit de militaires qui avaient déjà participé à des expériences de gestion des affaires de l’Etat depuis la fin du premier régime civil du pays en octobre 1963.

 Du coté des civils, outre Karim Da SILVA, on retrouve des personnes qui n’étaient pas connus pour être des figures de la scène politique. Il s’agit de deux postiers André AHONLONSOU et Thomas Septime MISSINHOUN, et « trois autres relations dont la mission était uniquement de convaincre séparément chacun des trois présidents du Conseil présidentiel, de ne pas s’inquiéter du coup qui se préparait en leur servant chacun l’argument que le but était d’écarter les deux autres pour lui remettre le pouvoir » souligne-t-il. Mais parmi, « les conjurés » une présence pouvait surprendre ; celle de l’ambassadeur de la Guinée-Conakry ! Karim da SILVA affirme que c’est le résultat d’une démarche pour s’assurer de la reconnaissance du régime à mettre en place par ce pays dont la position « révolutionnaire et avant-gardiste » était saluée par un important cercle de mouvements et d’organisations d’intellectuels et de jeunes du Dahomey.

 Et pourquoi cette lettre au ministre délégué à la présidence, chargé de l’Intérieur et de la Sécurité datée du 26 octobre 1972, jour précis du coup d’Etat ? C’est le stratagème trouvé pour maintenir en place les membres du Conseil présidentiel à la présidence de la République, en réunion hebdomadaire avec leurs ministres. Voici la précision que donne Karim da SILVA à ce sujet : « il fallait trouver le moyen de retarder la fin de la réunion du Conseil des ministres pour permettre aux soldats en route vers le palais présidentiel de ramasser tout ce beau monde.

 Connaissant la plupart de ces messieurs importants, leur manière d’être, et leur façon de penser, j’avais alors imaginé de créer un faux problème au moyen d’une lettre que je leur fis parvenir en plein Conseil des ministres. La lettre bien étudiée et pesée que j’envoyai à l’intention du ministre de l’Intérieur Arouna MAMA, était une lettre ouverte qui fit distraction et retarda, comme souhaité et prévu la fin des travaux du Conseil des ministres, jusqu’à ce que ses membres fussent cueillis. » (Voir la lettre reproduite en page).

Il peut paraitre irréel et surprenant que tout un gouvernement ait pu tomber dans ce piège, mais à écouter les révélations d’un ministre de l’époque au sujet de ce coup d’Etat, et particulièrement de journée du 26 octobre, ses propos donnent du crédit aux affirmations de Karim da SILVA. Ce ministre est Pascal CHABI KAO, en charge des Finances pendant tout le mandat d’Hubert MAGA, et qui conservait toujours le poste en attendant un hypothétique remaniement alors que le régime se débattait dans les intrigues de ses différentes composantes. Dans ses déclarations, il donne des détails sur la tenue de ce qui sera le dernier Conseil des ministres du Conseil présidentiel, et qui peuvent faire accroire les affirmations de Karim da SYLVA.

 La préparation et l’exécution d’un coup d’Etat, c’est aussi et surtout des moyens financiers pas négligeables, pour ne pas dire énormes. Sur ce point, Karim Da SILVA est discret, mais souligne l’importance des fonds mis en œuvre tout en précisant que c’est à ce moment que, « l’information du financement à titre d’aide, par un européen, nous était parvenu au groupe de Porto-Novo. » Et de préciser : « Ma réaction fut un Non et bien catégorique. » Il justifie sa position par le soupçon qu’il a eu que cette proposition venait de la part d’Emile Derlin ZINSOU qui n’avait pas renoncer à revenir au pouvoir, quitte à « accepter n’importe quel poste dans le futur gouvernement, afin de bien l’investir pour fomenter un autre coup et atteindre son éternel objectif. »

 A propos de cette « aide de financement » de la part d’un Européen, Pascal CHABI KAO donne une autre version dans ses déclarations au sujet du coup d’Etat à un organe de presse, quelques mois avant son décès le 5 août 2024. Il s’agit de la fameuse « affaire KOVACS » qui a gardé tous ses mystères jusqu’à la disparition de tous les principaux protagonistes. Mais selon Karim da SILVA, le « groupe de Porto-Novo » a convenu « s’agissant de cet argent étranger, de laisser ce volet aux militaires et gendarmes. Ce qui nous permettait de limiter le montant déjà faramineux de notre participation financière. »

 A travers ses déclarations, on retrouve des indices sérieux qui accréditent la participation de Karim da SILVA à la préparation et à l’exécution du coup d’Etat du 26 octobre 1972. Les raisons qui l’ont amené à s’investir dans cette opération peuvent se comprendre à partir de son itinéraire politique à travers l’expérience vécue en 1968.  Mais un autre acteur politique donne une autre version des événements qui ont conduit à la journée du 26 octobre 1972. Un acteur qui a été au cœur du système. En effet, membre du gouvernement du Conseil présidentiel à sa mise en place en mai 1970, Pascal CHABI KAO est resté ministre des Finances jusqu’au renversement du régime. Proche parent du président Hubert MAGA, il a vécu les derniers mois de cette expérience de gestion collégiale du pouvoir d’Etat dans une atmosphère qu’il a confiée à un organe de presse quelques mois avant son décès en 2021.

Dossier réalisé par Noël A. ALLAGBADA

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