
Un bâtiment sur le campus de l’Institut Weizmann des sciences a été endommagé après une frappe de missile iranien survenue dimanche, à Rehovot, en Israël, le 19 juin. Le missile a frappé le campus de l’institut à Rehovot, en périphérie sud de Tel-Aviv, tôt dimanche matin, endommageant plusieurs bâtiments. Malgré les flammes, les chercheurs se sont précipités dans les décombres pour tenter de récupérer des échantillons.
Aucun blessé n’est à déplorer, car le campus était vide durant la nuit. Toutefois, une partie d’un bâtiment s’est effondrée et le reste a vu ses murs soufflés, laissant apparaître un enchevêtrement de métal tordu, de débris calcinés et de béton noirci.
« Nous avons fait de notre mieux pour sauver un maximum d’échantillons des laboratoires et des bâtiments tout en luttant contre l’incendie », a déclaré à Reuters le physicien Roee Ozeri, vice-président du développement et de la communication de l’institut.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est rendu sur les lieux dévastés vendredi et a salué le travail des chercheurs et des secouristes des services d’urgence, qualifiant ces deux groupes de « meilleur d’Israël ». « Ce bâtiment derrière moi, à côté de moi, dit tout », a-t-il déclaré en désignant un tas de gravats. « L’Iran est le régime terroriste par excellence dans le monde. Il ne doit pas, il ne peut pas posséder l’arme nucléaire. C’est l’objectif des actions d’Israël : se sauver de la menace d’anéantissement iranienne, mais ce faisant, nous sauvons aussi beaucoup d’autres. »
Israël a commencé à frapper l’Iran le 13 juin, affirmant que son ennemi de longue date était sur le point de développer des armes nucléaires. L’Iran, qui affirme que son programme nucléaire est uniquement à des fins pacifiques, a riposté par des attaques de missiles et de drones contre Israël. Les frappes israéliennes ont tué plusieurs scientifiques nucléaires iraniens de renom, éliminé la haute hiérarchie militaire iranienne, endommagé ses capacités nucléaires et fait des centaines de victimes civiles.
L’Iran n’a pas indiqué s’il avait spécifiquement visé l’Institut Weizmann ni pourquoi. Jeudi dernier, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, composé de 35 membres, a déclaré que l’Iran violait ses obligations de non-prolifération, une première depuis près de 20 ans. Téhéran maintient depuis longtemps que son programme nucléaire est à usage pacifique.
Les attaques iraniennes ont tué 24 civils en Israël et endommagé des centaines de bâtiments, dont un hôpital dans la ville méridionale de Beersheva.
Bien que la majorité des recherches de l’institut concernent des domaines à potentiel médical ou scientifique, il entretient aussi des liens avec le secteur de la défense. En octobre 2024, il a annoncé une collaboration avec Elbit, la plus grande entreprise israélienne de défense, sur des « matériaux bio-inspirés à des fins de défense ».
Institution multidisciplinaire, l’Institut Weizmann mène des recherches dans des domaines comme la génétique, l’immunologie ou encore l’astrophysique. Fondé en 1934, il est considéré comme de niveau mondial dans la communauté scientifique internationale.
C’est le principal institut de recherche scientifique d’Israël, avec 286 groupes de recherche, 191 chercheurs permanents, et des centaines de doctorants, de masterants et de post-doctorants.
« TOUT EST PERDU »
Le missile iranien a détruit les travaux de chercheurs comme Eldad Tzahor, spécialisé en médecine régénérative, particulièrement sur les maladies cardiaques de l’adulte. Il affirme que de nombreux échantillons et tissus issus d’expériences de longue durée ont été détruits.
« Tout est perdu », a-t-il confié à Reuters TV. « Je pense qu’il nous faudra environ un an pour relancer totalement les recherches et que tout fonctionne à nouveau. » Sur le plan financier, les dégâts sont estimés entre 300 et 500 millions de dollars, selon l’institut, qui utilise des machines coûteuses et complexes, souvent partagées entre plusieurs laboratoires ou groupes de recherche.
Jacob Hanna, responsable d’une équipe de génétique moléculaire spécialisée dans la biologie des cellules souches embryonnaires, a déclaré à la revue scientifique Nature que le plafond de son laboratoire s’était effondré et que l’escalier avait été arraché.
Ses étudiants ont réussi à sauver des centaines de lignées cellulaires humaines et murines congelées en les transférant dans des cuves de secours à azote liquide que Hanna conservait au sous-sol, rapporte Nature.
« J’ai toujours eu peur que si une guerre éclatait, je ne veuille pas perdre tout cela », a-t-il confié.