
« Aucune sanction visant la Russie n’a été levée par l’administration Trump, point final », a déclaré un haut responsable américain dans une interview accordée au Kyiv Post.
La semaine dernière, l’administration Trump a discrètement prolongé d’importantes sanctions datant de l’ère Biden et visant les principales banques russes ainsi que le secteur énergétique, alors qu’elles étaient sur le point d’expirer. Un haut responsable a insisté, dans une interview au Kyiv Post, sur le fait qu’aucune sanction contre Moscou n’a été levée depuis l’entrée en fonction de l’administration actuelle en janvier.
Le 27 juin, le département du Trésor américain a publié la Licence générale n°115B, un arrêté prolongeant temporairement les sanctions contre treize des plus grandes banques russes, y compris celles qui financent directement la machine de guerre de Vladimir Poutine.
Le 10 janvier 2025, quelques jours avant de quitter la présidence, l’administration Biden avait annoncé des mesures de grande envergure contre certaines entreprises russes comme Gazprom Neft, Surgutneftegas et d’autres opérant dans l’exploration, la production et la vente de pétrole.
Les conseillers de Biden avaient informé ceux de Trump des sanctions à venir, arguant que ces mesures offriraient à la Maison Blanche un levier pour parvenir à un accord de paix en Ukraine.
Ils veulent garder toutes les options ouvertes
Entre-temps, l’annonce du Trésor américain la semaine dernière — qui prolonge ces sanctions pour six mois supplémentaires — a suscité des spéculations sur les réseaux sociaux. Elles ont été amplifiées par le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, qui a affirmé que les États-Unis avaient levé les sanctions empêchant la construction de la centrale nucléaire Paks II, construite par la Russie en Hongrie.
S’agissant de cette dernière licence générale du Trésor, « il ne s’agit pas d’une levée de sanctions – cela prolonge simplement une licence générale qui existait déjà », a expliqué Brad Brooks-Rubin, ancien conseiller principal au Bureau de coordination des sanctions du Département d’État (2022-2024). « Évidemment, si l’administration Trump avait laissé expirer cette licence, cela aurait constitué un recul significatif », a ajouté Brooks-Rubin, aujourd’hui associé au cabinet Arktouros, spécialisé dans les sanctions, la lutte contre le blanchiment d’argent et la régulation.
Pour les analystes en sécurité comme Colby Badhwar du groupe de recherche Tochnyi, cette annonce du Trésor est « une procédure courante ». « La précédente licence expire aujourd’hui (30 juin 2025), donc l’administration devait décider de la renouveler ou de la laisser expirer, et la renouveler est la décision la plus simple à prendre », a-t-il déclaré au Kyiv Post.
Il ajoute que cela illustre la continuité plus importante qu’on ne le croit généralement entre les administrations Biden et Trump. Concernant la Hongrie, principal bénéficiaire de cette décision, Badhwar souligne que l’administration Biden « avait critiqué plus bruyamment ce pays, mais sans prendre de mesures significatives via des sanctions ».
Quant aux implications de cette extension, l’ancien responsable Brooks-Rubin explique qu’elle reflète une approche prudente de l’administration actuelle : garder toutes les options ouvertes sans imposer de nouvelles restrictions majeures.
« Ils veulent voir où mènent les négociations… Ils ne mettent rien de nouveau en place. C’est juste un signe qu’ils veulent continuer à garder leurs options ouvertes », a-t-il indiqué.
L’ancien responsable de l’administration Biden a précisé que cette prolongation couvre six mois, jusqu’aux environs des vacances de Noël.
« Cela va jusqu’au 19 décembre de cette année. Ils se laissent donc jusqu’à la fin de l’année pour décider de la suite », a-t-il conclu.