
Dans un communiqué explosif publié mardi, le secrétaire d’État Marco Rubio a officialisé la fermeture de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), mettant fin à des décennies d’aide étrangère pilotée par cette institution. À compter d’aujourd’hui, les programmes d’assistance extérieure jugés compatibles avec les priorités nationales seront transférés au Département d’État, marquant un tournant majeur dans la politique étrangère américaine sous l’administration Trump.
« L’USAID n’a que peu à montrer depuis la fin de la Guerre froide, à part avoir bâti un complexe industriel d’ONG à l’échelle mondiale financé par les contribuables », a dénoncé Marco Rubio. « Les objectifs de développement n’ont que rarement été atteints, l’instabilité s’est souvent aggravée, et les sentiments anti-américains se sont renforcés. »
Cette décision s’inscrit dans la vaste initiative d’« efficacité gouvernementale » lancée par Donald Trump, qui vise à éliminer le gaspillage et la fraude au sein de l’administration fédérale. À ce jour, plus de 5 200 des 6 200 programmes de l’USAID ont été annulés, soit plus de 80 % de ses activités. Cette refonte découle d’un audit de six semaines mené par le Département d’État, sous l’égide du très controversé Department of Government Efficiency (DOGE).
Parmi les programmes annulés, certains faisaient polémique depuis des mois. L’agence avait notamment alloué 1,5 million de dollars à un projet visant à promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) dans les milieux professionnels en Serbie, et 70 000 dollars à une comédie musicale DEI en Irlande. Des dépenses jugées superflues et idéologiquement orientées par les Républicains.
Une onde de choc parmi les démocrates et les ONG

Cette suppression massive a provoqué une levée de boucliers dans les rangs démocrates et au sein des ONG humanitaires. De nombreuses personnalités publiques ont dénoncé les conséquences de cette réforme. L’actrice et militante sud-africaine Charlize Theron, s’exprimant lors de son événement caritatif à Los Angeles, a fustigé l’administration Trump :
« Le monde semble brûler, car c’est le cas. Les coupes dans l’aide étrangère ont paralysé les programmes de lutte contre le VIH et le sida dans mon pays, l’Afrique du Sud. C’est non seulement préjudiciable, mais carrément dangereux. Des vies sont perdues, déjà trop nombreuses. »
Theron a également condamné les récentes raids migratoires à Los Angeles, qu’elle qualifie de déshumanisants, ainsi que la montée des violences sexistes et la marginalisation accrue des personnes LGBTQ. « Ce n’est pas juste une politique, c’est personnel. Et c’est inacceptable », a-t-elle lancé, avant d’appeler à la résistance civique : « Il y a encore de l’espoir si nous nous levons, si nous protestons, si nous votons. »
Un virage nationaliste assumé
Selon Marco Rubio, cette réforme vise à réorienter l’aide internationale vers les seuls programmes qui servent directement les intérêts stratégiques des États-Unis. « Fini l’ère de l’inefficacité institutionnalisée. À partir du 1er juillet, les seuls programmes d’aide étrangère maintenus seront ceux alignés sur les politiques de l’administration Trump, et seront gérés de manière plus stratégique et responsable par le Département d’État », a-t-il déclaré.
Critiquée pour sa brutalité, cette décision marque pourtant l’aboutissement d’un projet longtemps mûri par l’aile dure de l’administration Trump : réduire l’influence des institutions internationales et recentrer la politique étrangère sur un nationalisme utilitariste assumé.
Reste à savoir si cette vision resserrée de l’aide internationale tiendra face aux réalités diplomatiques, humanitaires et géopolitiques qui exigent, selon de nombreux experts, des approches plus globales et inclusives.