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 Rwanda-Congo : Kagame prévient d’une reprise des hostilités en cas de « manœuvres » de Kinshasa

 Le président rwandais Paul Kagame a déclaré que son pays respecterait l’accord de paix récemment conclu avec la République démocratique du Congo (RDC), tout en mettant en garde contre une reprise des hostilités si Kinshasa ne tient pas ses engagements. Signé sous l’égide des États-Unis, l’accord vise à mettre fin à des décennies de tensions meurtrières dans l’est de la RDC.

Dans une déclaration ferme devant la presse à Kigali, le chef de l’État rwandais a salué les efforts diplomatiques de Washington, tout en précisant que la mise en œuvre du traité dépendrait du comportement de la partie congolaise. « Si ceux avec qui nous avons signé cet accord tentent des manœuvres pour nous ramener aux problèmes précédents, alors nous les traiterons comme nous l’avons toujours fait », a averti Kagame, en allusion aux conflits passés avec les forces congolaises et les milices alliées.

Un accord fragile

Le traité, négocié à Washington avec le soutien du président Donald Trump et du secrétaire d’État Marco Rubio, prévoit notamment la fin des hostilités, le respect de l’intégrité territoriale de chaque pays, ainsi que le retour des réfugiés et déplacés internes. Toutefois, le contenu complet de l’accord n’a pas été rendu public, alimentant les interrogations sur sa portée réelle.

Au cœur des tensions figure la question de la neutralisation du FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un groupe armé composé majoritairement d’éléments hutus rwandais réfugiés en RDC après le génocide de 1994. Kigali accuse régulièrement Kinshasa de tolérer, voire de soutenir, leur présence sur son sol.

Un contexte géopolitique complexe

L’implication directe des États-Unis dans le processus de paix illustre l’intérêt croissant de Washington pour la région des Grands Lacs. En parallèle de l’accord diplomatique, les États-Unis ont récemment annoncé un important accord minier avec la RDC. Celui-ci donnerait à des entreprises américaines et alliées l’accès aux vastes réserves congolaises de cobalt, lithium, or et coltan, des ressources critiques pour les technologies modernes.

Ce double engagement — économique et diplomatique — est perçu comme une tentative américaine de stabiliser la région tout en sécurisant des intérêts stratégiques face à la présence croissante de la Chine dans le secteur minier africain.

Les enjeux sécuritaires et humanitaires

La zone frontalière entre la RDC et le Rwanda est l’une des plus instables du continent africain. Les affrontements entre les FARDC (Forces armées de la RDC) et divers groupes armés — notamment le M23, que Kinshasa accuse Kigali de soutenir — ont provoqué des centaines de milliers de déplacés. L’accord vise notamment à instaurer un cadre de coopération militaire et humanitaire pour apaiser la région.

Pour Kagame, la balle est désormais dans le camp de la RDC. « Nous sommes prêts à respecter notre part du contrat, mais nous ne tolérerons pas de double jeu », a-t-il insisté.

Vers une paix durable ?

Du côté américain, Donald Trump s’est félicité de l’accord conclu. « J’ai arrangé, avec le secrétaire Marco Rubio, un merveilleux traité entre la RDC et le Rwanda, mettant fin à une guerre sanglante qui dure depuis des décennies », a-t-il déclaré dans un communiqué fin juin.

Toutefois, plusieurs observateurs restent prudents. Les précédents accords de paix dans la région ont souvent échoué face aux dynamiques locales, aux rivalités ethniques et aux intérêts économiques divergents.

Reste à savoir si cette nouvelle initiative, soutenue par une puissance mondiale et motivée par des intérêts stratégiques croisés, réussira là où tant d’autres ont échoué.

Olivier ALLOTCHEME

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