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Guerre à l’Est de la RD Congo : Un nouvel accord signé au Qatar soulève des controverses    

Des rebelles du M23 ici dans l’Est de la RDC, en décembre 2022

  Dans une salle feutrée du Qatar, sous l’égide de médiateurs internationaux, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 ont signé samedi une Déclaration de principes visant à mettre fin à des décennies de conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Un geste symbolique, mais dont l’interprétation diffère déjà entre les parties, illustrant les défis à venir. 

Le document prévoit la « restauration de l’autorité de l’État » dans les zones contrôlées par les rebelles, ainsi qu’un échange de prisonniers. Pour le ministre qatari Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, cet accord « ouvre la voie à des négociations directes ». 

Pourtant, les versions divergent. Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, insiste sur le « retrait non négociable » du M23, suivi d’un déploiement des forces loyalistes. À l’inverse, Bertrand Bisimwa, chef rebelle, affirme sur X qu’il ne s’agit « pas d’un retrait, mais de mécanismes pour renforcer l’État ». Lawrence Kanyuka, porte-parole du M23, est encore plus clair : « Nous sommes à Goma avec la population, et nous ne partirons pas. » 

Un conflit aux racines profondes 

Soutenu par le Rwanda, le M23 est le plus redoutable des plus de 100 groupes armés qui se disputent l’Est congolais, riche en minerais. Le conflit a déplacé 7 millions de personnes, qualifié par l’ONU de « l’une des crises humanitaires les plus complexes au monde ». 

La déclaration de Doha fait écho à l’accord de paix signé en juin entre la RDC et le Rwanda sous médiation américaine. Parmi les points clés : le retour des réfugiés et la neutralisation » des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe accusé par Kigali d’avoir participé au génocide de 1994. 

Scepticisme et attentes des populations locales 

À Goma, épicentre de la crise, l’annonce a été accueillie avec méfiance. « On ne peut pas construire la paix sans justice ni réparation », lance Amani Muisa, un habitant. Beaucoup craignent que l’accord n’occulte les crimes commis depuis des années. 

Les analystes restent prudents. « Tout dépendra des concessions que Kinshasa acceptera », souligne un diplomate sous couvert d’anonymat. La question du retrait des troupes rwandaises – dénoncées par l’ONU mais niées par Kigali – sera également cruciale. 

Une échéance fixée… mais des doutes persistants 

Un accord final doit être signé avant le 18 août. Massad Boulos, conseiller de Donald Trump présent à Doha, a salué « une avancée », tout en rappelant que « le contrôle étatique sur les zones rebelles est non négociable ». 

Reste à savoir si les mots se traduiront en actes. Dans une région où les promesses de paix ont souvent échoué, la population, elle, attend des preuves.

Olivier ALLOCHEME

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