L’émission « INFO HEBDO » de ESEA TV a reçu, le samedi 26 juillet 2025, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre HOUNGBEDJI et le conseiller juridique du parti Les Démocrates, Renaud AGBODJO pour un débat contradictoire. C’était autour du thème: « Promesses, réformes et réalités : Le pouvoir Talon a-t-il tenu parole ? ».

Comment se porte le Bénin : Même s’il reconnaît l’existence d’infrastructures visibles, Renaud AGBODJO conseiller juridique du parti Les Démocrates estime qu’elles dissimulent une dette colossale passée de 2005 milliards de FCFA en 2015 (soit 41 % du PIB) à près de 8000 milliards aujourd’hui. Selon lui, aucun mécanisme de création de ressources nouvelles n’accompagne ces emprunts pour garantir leur remboursement. Par contre, Wilfried Léandre HOUNGBEDJI a répliqué en affirmant que le Bénin se porte « beaucoup mieux » qu’en 2015-2016. Il cite des réalisations telles que plus de 3 000 km de routes construites ou en chantier, une hausse de l’accès à l’eau potable de 42 % à 80 %, et le passage de 7 000 à 130 000 lampadaires publics. Concernant la dette, il a affirmé que le Bénin rembourse ses dettes y compris celles qui ont été contractées avant la rupture.
Question sociale : Sur l’amélioration des conditions de vie, Renaud AGBODJO reste sceptique. Il évoque une baisse du taux de scolarisation primaire (de 96 % à 94 % entre 2015 et 2024), 26 % des ménages en insécurité alimentaire, une espérance de vie stagnante à 63 ans depuis 2015 et la baisse du budget de la santé de 7,5 % à 4,5 %. « On prend un milliard pour faire des graffitis. Vous savez combien de dialysés ça peut sauver ? » s’est-il indigné. Pour le porte-parole, la prise en charge des dialysés n’a jamais été arrêtée. Il évoque des extensions à Parakou et Porto-Novo, la suppression des taxes sur les intrants médicaux et un élargissement à la prise en charge des pathologies cardiaques. Ce qui n’était pas, de son point de vue, une réalité sous le régime défunt. Il rappelle aussi que les cantines scolaires sont passées de 250 000 enfants à 1,3 million et que la gratuité du traitement contre le paludisme et des césariennes reste effective.
Dette et fiscalité : En réponse au représentant du gouvernement qui se vante de la lutte effective contre la corruption et la bonne gestion financière, Renaud AGBODJO se désole de ce que les ressources mobilisées par les régies financières proviennent principalement de la pression fiscale sur la population. « On ne crée pas de ressources en construisant une route si elle n’a ni péage, ni mécanisme générateur de revenus. », a-t-il dit. Il pointe aussi un manque de transparence sur certains financements en évoquant une enquête parlementaire demandée par Les Démocrates sur le budget de l’eau après des accusations de « siphonage » du ministre Paulin Akponna. De son côté, Wilfried HOUNGBEDJI défend la crédibilité du Bénin sur le marché international. « Nous mobilisons 2000 milliards aujourd’hui grâce à une gouvernance saine. Nous remboursons nos dettes. La croissance économique en 2024 était de 7,5 %. », note le porte-parole.
Réformes politiques : Les invités ont aussi débattu des réformes politiques. Pour Wilfried HOUNGBEDJI, la réforme du système partisan a permis d’éviter les dérives préélectorales. Avant, l’administration était paralysée en période électorale. Aujourd’hui, les partis sont au cœur du jeu politique. « Aucun des grands blocs au parlement n’avait réussi à obtenir les 20% par le passé. Le défi que ce code pose, c’est le défi de LD, BR, UP-R, RN, Moele-Bénin etc. En Octobre 2019, on avait 273 partis politiques. Quelle est cette démocratie dans laquelle les partis ne peuvent pas gagner la présidentielle ? », s’est-il interrogé avant de répondre que « ces réformes ont permis de structurer les partis politique et de les stabiliser ». Cependant, Me AGBODJO y voit plutôt une volonté d’exclusion notamment à travers le seuil des 20 % requis pour siéger à l’Assemblée. « C’est une réforme personnelle pour créer un parlement monocolore. Ce que la constitution n’a pas prévu, le code vient l’aggraver », dénonce l’avocat. Il critique également l’absence de réponses à 57 interpellations parlementaires sur 68 et un affaiblissement des contre-pouvoirs.
Liberté d’expression et démocratie : Concernant la démocratie, Me AGBODJO dénonce le limogeage du ministre Paulin AKPONNA qu’il considère comme une sanction pour avoir parlé. Il estime que l’arrestation de Hugues SOSSOUKPE viole le droit international humanitaire. « La critique n’est pas la calomnie. J’ai moi-même écrit un livre critique sous Yayi et je n’ai jamais fui. », réplique Wilfried HOUNGBEDJI. Il appelle à une démocratie de responsabilité et rejette les accusations d’État répressif. « Nous prônons une démocratie de responsabilité. J’ai été un journaliste critique et je souhaite qu’il y ait encore de plus en plus de journalistes critiques. Mais la critique n’est pas la calomnie. Non, la dénonciation n’est pas l’accusation », va-t-il faire remarquer.

Emploi : Sur la question de l’emploi, Wilfried HOUNGBEDJI argumente que 56 166 emplois créés entre 2016 et 2023, y compris les Agents contractuels reversés. Wilfried HOUNGBEDJI affirme que cela n’inclut pas les 30 000 de Glo-Djigbé, 8 000 de la zone franche industrielle, ni les milliers d’emplois sur les chantiers. « Quand vous détruisez 30 000 emplois et que vous en recrutez 32 000, ce n’est qu’un jeu de chaises. Pourquoi n’y a-t-il pas un fonds de garantie pour l’emploi ? » s’est interrogé le représentant du parti Les Démocrates.
Enjeux des élections de 2026 : Sur les perspectives électorales, les deux intervenants s’accordent à saluer la tenue d’une élection paisible. Pour le représentant du parti Les Démocrates, le calendrier électoral est déjà violé. Le parti Les Démocrates, affirme Me AGBODJO, est en ordre de bataille pour 2026. Du côté du gouvernement, l’année 2026 est vue comme l’apothéose d’un cycle de réformes et de modernisation. « Les jeux sont ouverts pour ceux qui veulent aller à la succession », selon Wilfried HOUNGBEDJI.