Le Ministre Conseiller aux infrastructures, à la gouvernance locale et au Cadre de Vie, Jacques Ayadji s’est prêté à un exercice inhabituel le 24 août 2025 dans un échange en direct avec des internautes sur la plateforme TikTok. Durant près de deux heures, il a répondu, parfois avec agacement, aux interpellations de citoyens curieux de mieux comprendre sa rémunération, son rôle politique et sa vision de la démocratie au Bénin.

Un salaire qui fâche : La première salve de questions a porté sur la rémunération du ministre. « Dites-nous combien vous gagnez par mois », a insisté un internaute. Jacques Ayadji a aussitôt tempéré : « Ce n’est pas ma culture d’afficher ce que je gagne. La culture béninoise ne nous y encourage pas. Ce que je perçois n’est pas un secret, le Trésor public le sait ».
Une réponse jugée évasive par plusieurs participants, qui ont rappelé que la transparence salariale des personnalités publiques est une exigence démocratique. « On ne peut pas gouverner sans transparence. Si vous n’avez rien à cacher, dites-le clairement », a rétorqué un intervenant. Face à l’insistance, le ministre conseiller Ayadji a préféré clore le sujet, renvoyant la question aux services financiers de l’État.
Une démocratie importée ?
Au-delà des querelles sur son salaire, le débat a pris une tournure plus idéologique. Jacques Ayadji a défendu une thèse audacieuse : celle de l’inadaptation du modèle démocratique issu de la Conférence nationale de 1990 aux réalités béninoises.
« Nous avons copié un système qui n’est pas le nôtre. Chaque pays a son modèle : la Chine, les États-Unis, la France, même les monarchies européennes. Pourquoi vouloir faire du copier-coller ici ? », a-t-il lancé. Pour lui, la démocratie béninoise souffre de son importation et doit être repensée.
Cette position a suscité de vives réactions. « La démocratie n’est pas un cadeau de l’Occident, c’est une conquête des peuples. Ce qu’il faut, ce n’est pas la remettre en cause, mais la renforcer », a insisté un internaute, déclenchant un échange musclé.
D’autres ont accusé le pouvoir en place de fragiliser les libertés publiques. Jacques Ayadji a balayé ces critiques : « Nous avons une Cour constitutionnelle. C’est elle qui garantit la bonne marche de la démocratie. Le problème, ce n’est pas la démocratie elle-même, mais l’inadéquation du système avec notre culture et notre mentalité ».
Pour un modèle « à la béninoise »
Convaincu, le ministre conseiller a martelé la nécessité de bâtir une démocratie contextualisée : « Tant que nous resterons dans le copier-coller, nous aurons toujours les mêmes critiques, quel que soit le régime. Il nous faut inventer un modèle qui tienne compte de ce que nous sommes ».
Un appel qui divise. Certains internautes y voient une fuite en avant pour justifier les dérives autoritaires, d’autres saluent le courage d’ouvrir un débat de fond sur l’évolution du système politique béninois.
Au terme des échanges, une impression domine : loin d’apaiser les interrogations, Jacques Ayadji a ravivé le débat sur la gouvernance au Bénin. Entre refus d’afficher son salaire et plaidoyer pour une démocratie « à la béninoise », il a livré une position assumée mais controversée.
Sur TikTok, les réactions n’ont pas cessé après sa déconnexion, preuve que ce rendez-vous inédit a touché un point sensible : la soif de transparence et de débat démocratique dans la société béninoise.
Romain HESSOU