
Faut-il partager équitablement les dépenses de la maison entre mari et femme ? A cette question, les réponses diffèrent d’un couple à un autre. Nous avons interrogé à ce sujet quelques citoyens qui ont bien voulu partager ce qu’ils font au quotidien.

Abdelaziz ISSA NAÏMI, en service à la CNSS
« C’est l’homme qui pourvoit aux besoins de sa famille »
« Quand nous prenons notre tradition, notre culture et même les religions musulmane et chrétienne, c’est l’homme qui est le soutien de sa famille. C’est-à-dire que c’est l’homme qui pourvoit aux besoins, surtout financiers, de son foyer. Donc il est normal que vu son rang de chef de famille, l’homme soit le soutien de sa famille.
De nos jours avec l’introduction du style occidental dans notre pays, on a commencé par assister à une répartition des charges familiales entre l’homme et la femme. Ce qui diminue aujourd’hui l’autorité de l’homme dans le couple. Les rôles sont répartis de tel sorte que, en plus des tâches ménagères dédiées à la femme, on lui demande de participer aux charges financières. Ce qui pour ma part n’est pas juste. Parce que la participation de la femme aux charges financières l’oblige soit à travailler en entreprise ou pour le compte de quelqu’un ou à mener une activité commerciale propre à elle. Ce qui entraîne souvent son épuisement et une fatigue chronique de cette dernière dans le foyer. C’est pourquoi on ne doit pas faire de la participation financière d’une femme aux charges familiales une obligation. On doit pouvoir se contenter en grande partie de ce que l’homme apporte financièrement. Car, l’homme est le financier, le pourvoyeur, le protecteur de la famille. Avec l’évolution aujourd’hui, on remarque que l’homme et la femme se partagent les charges participent à tous dans les foyers.
Moi particulièrement, je ne suis pas trop pour. Parce que, c’est en assumant les charges de votre famille que votre rôle de chef à un sens. C’est l’homme qui endosse la plupart du temps, les charges familiales. Et lorsqu’on parle de charges familiales, il y a la santé de la famille, l’alimentation, l’hébergement, l’éducation des enfants, l’habillement pour ne citer que celles-là.
C’est vrai que pour assumer son autorité, un homme doit quand même prendre la plupart des charges de la famille, mais une femme responsable aussi doit faire ce qu’elle peut. Ne pas tout laisser sur le dos de l’homme. Quand je prends par exemple la question des auxiliaires de maison (les domestiques) pour assister aux tâches ménagères, il faut que ce soit les femmes elles-mêmes qui prennent en charge ce volet.
Dans mon cas, j’essaie de faire la majorité des charges et mon épouse essaie de gérer de temps en temps le volet entretien. J’aimerais souligner que les tâches ménagères, la cuisine et un certain nombre de choses sont tellement énormes dans un foyer que même si la femme ne donnait un copeck on doit pouvoir considérer qu’elle participe aux charges familiales parce que les charges ne sont pas que financières. Il y a aussi l’investissement personnel de la femme. Il faut laver les enfants, faire leur toilette, leur faire à manger tôt le matin, leur donner les médicaments quand ils sont malades, parfois dormir à l’hôpital avec un enfant malade en cas d’hospitalisation, etc. Bref, il y a tellement de choses que la femme fait qui dépassent même le volet financier que l’homme apporte. Ce n’est donc pas chose aisée de faire tout ça et en plus de ça, participer encore aux charges familiales du point de vue financier.
Pour ma part, je travaille et ma femme aussi travaille. Et on arrive à se compléter d’une manière ou d’une autre en plus de ce qu’elle fait.»

Paul Codjia, photographe béninois résident en France
« …Je n’attends pas spécialement mon épouse »
« Je ne sais pas si mon avis va servir à quelque chose. J’ai été formaté en Occident et je n’ai pas la même vision que mes frères africains. Moi je dépense sans compter à la maison et je n’attends pas spécialement mon épouse.
Tiens, comme par hasard, aujourd’hui, j’ai remis un certain montant à mon épouse, un autre à mon fils qui s’apprête à aller s’installer à Paris pour l’année prochaine. Pour moi, c’est naturel. Parce que j’estime que le foyer est une affaire commune.»

Baudelet AZOMBADE, Enseignant d’Anglais
« Les charges du foyer devraient normalement être supportées et gérées par l’homme et la femme »
« La vie de couple est une vie d’acceptation de son conjoint ou de sa conjointe sans discrimination aucune. Les charges du foyer devraient normalement être supportées et gérées par l’homme et la femme. C’est-à-dire, il peut y avoir un petit partage entre l’homme et la femme. L’homme peut, par exemple, gérer les charges telles que la scolarisation des enfants, le loyer, les ravitaillements, la santé des enfants, de lui-même et de sa femme, et la femme elle supporte peut être l’électricité l’eau et les petites dépenses pour la cuisine. Cela témoignera donc un vrai amour et un couple solide. Cependant, en Afrique et particulièrement au Bénin, mon pays toutes les charges reviennent uniquement à l’homme (mari). Que les femmes aient été un boulot ou une source de revenue ou pas, elles n’aiment jamais sortir de l’argent quand il s’agit des dépenses concernant le foyer. D’autres vont jusqu’à attendre le mari pour un simple achat de craie ou de crayon à son enfant. Nous devons alors à partir de ces genres de sujets commencer à inculquer dans la tête de nos enfants filles que dans le couple la femme et l’homme se complètent dans tous les domaines ».

Tobossi Pamphile, Entrepreneur
« …J’ai toujours assumé la majorité des charges liées au foyer »
« Dans mon couple, j’ai toujours assumé la majorité des charges liées au foyer, notamment le loyer, les factures et les dépenses importantes. Ma femme, quant à elle, prend en charge les courses, les vêtements et certains loisirs des enfants. Nous avons choisi cette répartition parce que c’est plus pratique compte tenu de nos revenus respectifs et de nos emplois du temps. Cependant, nous discutons régulièrement pour ajuster les responsabilités selon les besoins du moment. Je pense qu’une bonne communication est essentielle pour éviter les tensions liées à l’argent. De mon côté, j’essaie de planifier chaque mois et d’anticiper les imprévus afin que tout se passe bien. Ma femme, avec sa capacité à gérer le quotidien, complète parfaitement mon rôle. Pour nous, gérer ensemble les finances n’est pas seulement une question d’argent, c’est aussi un exercice de confiance et de respect. Nous voulons montrer à nos enfants que la coopération et la solidarité dans le couple sont importantes, et que l’argent ne doit jamais devenir un sujet de conflit mais un outil pour construire notre famille et nos projets communs. »

BALOGOUN Mariam Ibidoun, Agent en fonction au MESRS
«…Comme ça ne suffit jamais, je mets aussi ma part »
« Une fois qu’on est mariés et qu’on vit ensemble, les charges du foyer doivent être partagées, sinon il n’y a pas de paix. Moi par exemple, je ne peux pas rester là à attendre que mon mari me donne toujours de l’argent avant de préparer. Même s’il n’a rien donné, je cuisine quand même, parce qu’il faut qu’on mange. Quand il apporte un peu, moi aussi je complète. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas donné que je ne vais rien faire, non. Sinon ça crée des problèmes.
Chez nous, on partage les responsabilités. C’est moi la femme par exemple qui paie l’eau et l’électricité. Heureusement nous ne sommes plus en location. Nous avons une domestique qui s’occupe des enfants, c’est lui qui assure sa charge mensuelle. Je ne dis jamais que c’est lui qui doit forcément faire telle chose. Pour les enfants, par exemple, je m’occupe du petit-déjeuner, et lui prend en charge la scolarité et les fournitures. Pour la popote, il donne l’argent, mais comme ça ne suffit jamais, je mets aussi ma part. »

Barnabé Houéhounsi, pompiste à Agla les Pylônes
« Ça doit se partager »
« Chez moi, les charges se partagent. J’apporte un peu, elle également, puisqu’elle travaille. À la fin du mois, quand je reçois mon salaire, je règle le loyer et l’électricité et lui remets ma contribution du ravitaillement du mois. C’est établi comme ça depuis notre union et chacun respecte. Pas nécessairement moitié- moitié car les revenus ne sont pas les mêmes mais l’essentiel est que chacun puisse contribuer. Le petit déjeuner des enfants par exemple, je donne cette semaine et l’autre semaine elle prend le relais et, vise versa. Et, je pense d’ailleurs c’est la meilleure méthode pour l’harmonie et la paix durable dans le foyer. Actuellement, on discute de la rentrée des enfants et là encore on va partager les dépenses liées à l’achat des fournitures scolaires. C’est comme ça et nous vivons heureux depuis onze ans. En couple les charges doivent être partagés. »

Chantal Dégboé, vendeuse de fruits et légumes
« Une gestion à deux »
« Si tu es une femme et tu veux réellement l’évolution de ton mari et de ton foyer alors tu dois l’aider. Une fois Dieu vous a unis alors vous devez faire les choses ensemble. L’éducation des enfants, leur repas quotidiens, leur épanouissement ainsi que leur succès à l’école, tout doit être l’affaire des deux parents. Si ton homme trouve une part, tu te débrouilles, avec ton petit commerce ou activité pour que ça soit au complet. Dans mon foyer à moi, j’assure presque la totalité du déjeuner de mes quatre enfants depuis seize ans, parce que leur père, industriel, sort chaque matin et ne revient que le soir. Parfois il laisse quelque chose mais pour la plupart du temps, je me débrouille seule. Et je ne m’en plains jamais parce que nous avons des objectifs et c’est à deux on va y parvenir. C’est pourquoi la femme doit impérativement mener une activité sinon elle-même serait une charge pour son mari et dans une telle condition, la paix ne règne pas dans le foyer. »