
Une force politique de l’opposition s’est subitement détachée du rang, en fin de la semaine écoulée. Une autre, non moindre, a hâté les pas en direction de deux partis au pouvoir dans le cadre des élections générales de 2026. Climat assez préoccupant chez les opposants béninois depuis quelques années. Le premier est le parti Mouvement Populaire de Libération (MPL) dont le président a pour nom Expérience TEBE. Il a pris la décision de claquer la porte au Cadre de concertation des forces de l’opposition, dont il est un éminent membre depuis sa création, courant novembre 2024. Le parti Les Démocrates qui en est l’initiateur principal n’a certainement pas joué bon jeu, chemin faisant au regard des motifs évoqués par le MPL. « Nous avons voulu agir avec responsabilité, en plaçant l’intérêt général au-dessus des égos et des calculs personnels » a défendu Expérience TEBE, suite au retrait du MPL et de lui-même de ce creuset des opposants. Le jeune opposant s’affiche aujourd’hui en parfaite désunion avec ses pairs et aînés d’hier : Eugène AZATASSOU, Antoine GUEDOU, Apollinaire AVOGNON et autres. Et l’assume. Expérience TEBE et le MPL feront certainement chemin seul désormais, et ce jusqu’aux prochaines élections générales, à moins qu’ils ne décident autrement bientôt.
La Force Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE), une autre formation politique qui se réclame aussi de l’opposition a vite fait de se réorienter depuis peu en signant des accords importants, successivement avec l’Union Progressiste le Renouveau et le Bloc Républicain, les deux plus grands partis de la majorité présidentielle actuelle. Un accord de coalition parlementaire lui permettant de partager avec ceux-ci le seuil exigé des 20% par circonscription électorale pour lever un siège de député aux prochaines législatives. Un second accord dit de gouvernance qui autorise les élus des partis du même bord politique à accorder leur parrainage à un seul candidat membre de l’un des partis ou non désigné par les partis ayant signé l’accord. Paul HOUNKPE et les siens justifient leur décision par un seul mot : » le réalisme ». Avec un nombre négligeable de maires élus (07) aux dernières communales et municipales 2020 et zéro député aux législatives de 2023, FCBE ne veut plus visiblement se lancer dans des combats incertains alors que les textes en vigueur lui donnent des possibilités de participer autrement à la prochaine compétition électorale.
D’aucuns ne manqueraient pas qualifier de « légitimes et réalistes » les récents actes posés par ces deux partis de l’opposition. Il n’empêche de déduire aussi à une grave détérioration de la santé restée longtemps critique de l’opposition béninoise. S’il faut admettre que les uns et les autres ont des raisons propres à leurs fonctionnements et aux idéaux de leurs formations politiques respectives pour prendre de telles décisions, l’opposition béninoise s’en sort plus que jamais anéantie et impuissante dans le combat politique en cours.
Quand par ailleurs, un autre ténor de cette même opposition voue inlassablement aux gémonies les siens depuis plusieurs années, Candide AZANNAI, pour ne pas le nommer, il faut craindre le pire désormais pour elle. Le parti Les Démocrates a tenté en vain de tenir le lead d’une opposition béninoise plus déchiquetée aujourd’hui qu’hier. Ses responsables ne semblent pas disposer d’atouts réels, pour s’être subitement retrouvés dans cette posture, après les 10 ans de gestion de pouvoir, précédemment à l’ère de la rupture.
Christian TCHANOU