La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) a ouvert, le mardi 30 septembre 2025, sa deuxième session ordinaire de l’année. À l’heure où le Bénin entre dans la période préélectorale, son président Édouard Loko a dressé un tableau sans concession des défis à relever et annoncé des mesures fermes pour encadrer la communication en vue des élections générales de 2026.

Le rôle de la HAAC prend une dimension particulière en période électorale. C’est ce qu’a rappelé le président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) lors de l’ouverture de la 2ᵉ session ordinaire de l’année 2025 pour l’institution de régulation des médias. Devant les conseillers, les responsables d’associations professionnelles et les partenaires institutionnels, Édouard Loko a salué la présence accrue des partenaires techniques : « La campagne se passera avec vous ».
Évoquant l’explosion du nombre de médias (plus de 40 radios, une demi-douzaine de télévisions et une myriade de plateformes en ligne), Loko a insisté sur l’obligation de réguler tous les acteurs, y compris ceux qui se croient hors d’atteinte. « Il ne suffit pas d’être dans l’illégalité pour échapper à la HAAC. Non, ça ne passera pas ainsi. Que tous les médias se mettent en règle ». Le Président n’a pas manqué d’annoncer que la HAAC fera appel à l’administration, à la justice, à l’ARCEP et aux opérateurs GSM pour endiguer les dérives.
La presse face à ses propres faiblesses
Le président de la HAAC a également pointé la prolifération des médias au détriment de leur viabilité économique. Trop de médias pour trop peu de public, des radios en difficulté technique, des journaux réduits à des tirages symboliques pour le dépôt légal. Édouard Loko n’a pas mâché ses mots. « Aucun média n’a eu le courage de fusionner. Nous allons continuer à nous plaindre encore dix ans si nous ne décidons pas de nous mettre ensemble », a-t-il déploré.
Sur la question de l’aide de l’État à la presse, il a annoncé une évolution majeure. L’ancien dispositif jugé inefficace, disparaît, remplacé par une approche plus structurée et orientée vers des projets crédibles. Grâce à son plaidoyer, le gouvernement s’est engagé à financer la réhabilitation de la Maison des médias et à soutenir des formations « in situ » au bénéfice d’une trentaine de radios. Le président de la HAAC n’a pas manqué d’adresser un message particulier aux associations professionnelles. Reconnaissant leurs difficultés financières, il a annoncé qu’un appui concret leur sera accordé pour soulager les charges courantes et régler certains arriérés. Un geste qui, selon lui, traduit l’attention du gouvernement et de l’institution aux conditions de travail des organisations faîtières de la presse. « C’est pour payer les arriérés des petites mains qui, depuis des années, travaillent et peut-être aussi payer les arriérés d’électricité », a-t-il indiqué.

Un appel à la responsabilité collective
Si Édouard Loko a remercié le chef de l’État et le ministre des Finances pour ce nouvel engagement, il a aussi interpellé les associations professionnelles sur leur propre crédibilité, appelant à un changement de mentalité et à une meilleure organisation. Pour lui, la presse doit faire preuve d’imagination et d’unité pour mériter la confiance des pouvoirs publics et de l’opinion.
La vigilance sera de mise. La session ordinaire s’ouvre donc sous le signe de la rigueur et de la fermeté. La HAAC promet de répondre présente, prête à relever le défi des premières élections générales de l’histoire du Bénin. « Nul ne sera plus impunément relais de ce qui ne doit pas être dit, ou de ce qui ne doit pas être fait », a prévenu le président de la HAAC.
Augustin HESSOU