
Selon l’édition 2025 d’Africa’s Pulse, la publication semestrielle de la Banque mondiale sur les économies africaines, la croissance en Afrique subsaharienne reste solide, affichant une prévision de 3,8 % pour 2025. Selon ce rapport rendu public ce mardi 07 octobre 2025, cette dynamique est insuffisante pour répondre au défi colossal de la création d’emplois pour une population en âge de travailler qui devrait augmenter de plus de 620 millions de personnes d’ici 2050.
Le rapport, produit sous la direction des économistes en chef de la Banque mondiale pour la région africaine, souligne que « le modèle de croissance actuel ne se traduit pas par une création suffisante d’emplois salariés ». En effet, une augmentation de 1 point de pourcentage du PIB ne génère qu’une hausse de 0,04 point de la part des emplois salariés. Cette situation perpétue une économie largement informelle, où « les emplois rémunérés ne représentent que 24 % de l’emploi total ».
Face à ce constat, les experts de la Banque mondiale appellent à une transformation structurelle du modèle de croissance. « L’Afrique subsaharienne a besoin d’un nouveau modèle de croissance ancré dans les entreprises de taille moyenne et grande, qui sont des moteurs essentiels de la productivité et de la création d’emplois », peut-on lire dans le rapport.
Trois piliers pour libérer le potentiel du secteur privé
Le rapport identifie trois leviers prioritaires pour stimuler une création d’emplois à grande échelle :
1. Infrastructures et compétences fondamentales : Le manque criant d’infrastructures fiables, notamment énergétiques, est un frein majeur. « Les coupures de courant réduisent les taux d’emploi de 5 à 14 points de pourcentage ». Le rapport plaide pour des investissements massifs dans l’énergie, le numérique et les transports, ainsi que dans le capital humain, alors que l’Indice de Capital Humain de la région n’est que de 0,4 en moyenne.
2. Un environnement des affaires conducive : Il est urgent de simplifier la réglementation, de favoriser la concurrence et de faciliter l’accès aux financements, en particulier pour les jeunes entreprises. « Plus de 80 % du financement des start-up en Afrique provient de l’extérieur du continent », notent les auteurs.
3. Des États et des institutions capables : La qualité réglementaire s’est dégradée et la corruption reste un obstacle. « Près d’une entreprise sur quatre dans la région signale devoir s’attendre à verser des pots-de-vin pour obtenir des contrats publics ». Le renforcement de la gouvernance et de la transparence est donc crucial.
Des secteurs porteurs d’opportunités
Le rapport met en lumière plusieurs secteurs clés pour l’emploi, comme l’agro-industrie, le tourisme, la santé, le logement et la construction, ainsi que la valorisation des minerais. La pleine mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est présentée comme une opportunité historique pour « créer un marché unique et intégré et remodeler le paysage économique de la région ».
Olivier ALLOCHEME