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Benoit KOFFI

Afrique francophone : L’ANSALB ouvre le débat sur le choix entre démocratie et dictature

Le Palais des congrès de Cotonou a abrité accueilli la 5ᵉ conférence de l’Académie Nationale des Sciences, Arts et Lettres du Bénin (ANSALB) le mardi 23 septembre 2025. Intellectuels et universitaires ont confronté leurs analyses autour d’une question qui divise profondément la sous-région : la démocratie ou la dictature.

Benoit KOFFI

Ce que vous devriez savoir : « Pays francophones d’Afrique : entre démocratie et dictature ». C’est le thème de la 5ᵉ conférence de l’ANSALB   tenue le mardi 23 septembre 2025 au Palais des congrès de Cotonou. Pour le président du comité d’organisation, Dr Victor Prudent Topanou, l’objectif est clair : sortir ce débat des cercles fermés pour le porter au grand public. L’ANSALB entend ainsi donner une caisse de résonance à une interrogation qui travaille les élites africaines : la démocratie est-elle adaptée aux réalités socioculturelles francophones, ou faut-il envisager un modèle alternatif, voire assumer une dictature dite éclairée ? « Et là, nous avons pensé que le contexte actuel au Bénin, notamment à l’approche des élections générales de 2026, se prête aux débats récurrents en Afrique francophone sur la question de savoir si oui ou non, c’est la démocratie qu’il nous faut en Afrique ou si c’est la dictature fut-elle éclairée, parce qu’il y a beaucoup de nuances maintenant dans la dictature », a-t-il confié.

« La démocratie francophone se porte mal » 

Dans son discours d’ouverture, le vice-président de l’ANSALB, Pr Moudachirou Mansourou, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, « la démocratie dans les pays francophones d’Afrique se porte mal ». De l’Afrique centrale au Sahel, la situation est jugée préoccupante, à l’exception de quelques rares pays comme le Bénin ou le Sénégal. Revenant sur les racines philosophiques et historiques de la démocratie, il a souligné combien les traditions africaines ‘’comme l’arbre à palabre’’ avaient été éclipsées par l’héritage colonial. « Le tournant de la baule du 20 juin 1990, considéré comme une rupture, avec le message clé du président François Mitterrand, à savoir que la France conditionnera désormais son aide au développement à des avancées démocratiques : Pluralisme politique, élections libres, respect des droits de l’homme. (…) De nombreux pays francophones ont été poussés à engager des réformes. C’est l’ère des conférences nationales souveraines, dont notre pays, le Bénin, a été l’initiative depuis février 1990 », a-t-il rappelé. Selon le vice-président de l’ANSALB, plus de trente ans après le discours de ‘’La Baule’’, « la conviction que la démocratie est la voie royale vers le développement est fragilisée ».

Les échanges se sont articulés autour d’une conférence inaugurale et de deux panels. Le premier a mis en perspective démocratie et dictature au regard du développement, quand le second a exploré la question de la liberté de la presse, souvent mise à mal dans les pays francophones.

Entre les lignes : Au fil des interventions, deux camps se sont dessinés : ceux qui croient encore à une démocratie adaptée au contexte africain, et ceux qui pensent que seul un régime autoritaire peut conduire au développement, citant la Chine ou le Rwanda en exemple. Mais tous s’accordent sur une urgence : repenser l’avenir politique de l’Afrique francophone, à la veille d’échéances électorales, notamment au Bénin en 2026. La 5ᵉ conférence de l’ANSALB n’a pas tranché entre démocratie et dictature. Mais en donnant la parole aux intellectuels, elle a posé les jalons d’un débat incontournable : celui du choix de société pour l’Afrique francophone.

Augustin HESSOU

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