Lancé le 7 juillet 2025, l’audit du fichier électoral a pris fin, hier mardi 5 août 2025 à travers un atelier de restitution tenu au chant d’oiseau à Cotonou. À cette occasion, les experts internationaux mandatés pour cette mission ont validé le fichier électoral tout en formulant des recommandations techniques et institutionnelles et même à l’endroit des acteurs politiques.

Ce que vous devez savoir sur l’audit : L’audit a porté sur l’ensemble du processus de constitution du fichier électoral. Il s’agit entre autres de l’analyse du cadre légal, réglementaire, organisationnel et institutionnel ; de l’étude des mécanismes de collecte, de gestion et d’extraction des données et de l’examen des bases de données utilisées à savoir : le Registre National des Personnes Physiques (RNPP), le Fichier National de l’État Civil (FNEC) et la base propre du fichier électoral. Les experts se sont penchés sur les questions de mise à jour, d’intégrité des données, de gestion des électeurs inéligibles, de traitement des étrangers ainsi que sur l’unicité de l’électeur. Selon les explications du chef de la délégation des experts, la méthodologie adoptée a été participative. Des échanges ont été effectués avec une dizaine d’acteurs institutionnels notamment l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP).
Principales conclusions et recommandations : Les experts ont salué les textes encadrant la constitution du fichier électoral et ont recommandé de regrouper et de moderniser les lois pour faciliter leur compréhension et leur application. Le cadre juridique devrait aussi évoluer pour intégrer les pratiques modernes liées à la gestion de l’état civil et au traitement des doublons. Le fichier électoral est extrait des bases de données RNPP et FNEC, toutes deux interconnectées. Le système garantit l’unicité des électeurs grâce à un identifiant unique attribué à chaque citoyen dès l’enregistrement à l’état civil. Les experts ont noté l’absence de doublons persistants dans le fichier analysé et ont observé qu’il existe des mécanismes de contrôle pour éviter la duplication. Ils ont insisté sur la vérification par les citoyens lors de l’affichage des listes. Car, si les populations ne vérifient pas leurs données, il pourrait avoir des plaintes le jour du scrutin. Pour eux, les acteurs politiques, la société civile et les institutions non partisanes doivent accompagner l’ANIP dans la surveillance du processus, de la construction du fichier jusqu’à la publication des listes. « Les experts invitent les citoyens à aller vérifier les listes affichées pour confirmer ou faire des corrections, nous avons souligné le fait que l’ANIP, service technique et professionnel d’ailleurs, apolitique, devra être préservé de toute influence politique », ont-ils insisté.
Que disent les acteurs : Selon le président du comité de pilotage (CoPIL) de l’audit, Dr Jean-Baptiste Elias, l’idée de procéder à un audit du fichier électoral est née dès octobre 2022, suite aux réformes opérées pour les élections de janvier 2023 avec la mise en place de la Liste Électorale Informatisée (LEI). Cette dernière est constituée à partir de données de l’état civil, ce qui nécessite une fiabilité totale des bases sources. « Les recommandations faites par les experts feront l’objet d’un suivi rigoureux par le CoPIL. », a-t-il rassuré. Pour éviter toute amalgame, il a reprécisé que l’audit avait pour mission de voir si les réglementations mises en place pour inscrire les personnes dans la base de données ont été respectées.« L’Audit n’a que pour mission de vérifier si tout ce qui a été prévu a été fait. Donc l’audit est un instrument technique, scientifique qui n’a rien à avoir avec la politique », a dit Jean Baptiste Elias.« Au Bénin, vous avez un fichier électoral. Le système utilisé garantit à tout moment l’extraction d’une liste électorale crédible, fiable. », s’est réjoui le Chef de la délégation des experts, Malonda Ngimbi Ronsard. Il poursuit en disant qu’en tant qu’experts, « nous nous sommes assurés que cette base de données, à n’importe quel moment, nous ou d’autres personnes se présenteront et pourront trouver une situation limpide comme celle que nous avons trouvée ». Des conseils ont été donnés à l’ANIP pour améliorer des aspects techniques. Par ailleurs, Malonda Ngimbi Ronsard a fait que le travail d’intégration de leurs observations avait déjà commencé et est également en cours. « Nous avons foi et confiance qu’à la suite de ce que nous avons analysé et vu et en application de nos conseils et recommandations, cette liste permettra la tenue des scrutins de manière crédible et transparente. Cette transparence, nous l’avons suggérée, recommandée déjà au moment de la constitution de cette liste par l’ANIP », va-t-il dire avant d’ajouter que « le système utilisé garantit un fichier transparent et fiable. Le Bénin dispose d’un fichier d’état civil qui est modernisé et stabilisé ».
Entre les lignes : Pendant 30 jours, les experts internationaux ayant conduit le fichier électoral, ont travaillé dans différents domaines tels que le droit, la démographie, les systèmes numériques, biométries et statistiques. Il s’agit des experts Ronsard Malonda Ngimbi (RDC), Karine Samli (France), Alpha Pama (Togo) et de Fabien Marie Brutus (France).