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Crise ukrainienne: Selon un nouveau rapport des entreprises américaines alimentent les avions russes qui bombardent l’Ukraine

Plus de trois ans après le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, une contradiction troublante se trouve au cœur du conflit : alors que les États-Unis et leurs alliés ont fourni des milliards de dollars en aide militaire et humanitaire à l’Ukraine, un rapport d’enquête récemment publié révèle que des technologies fabriquées en Occident continuent de jouer un rôle clé dans le fonctionnement des avions de chasse russes les plus avancés — responsables de certaines des attaques les plus meurtrières contre les civils et les infrastructures ukrainiennes.Publié conjointement par le Partenariat international pour les droits de l’homme (IPHR) et la Commission indépendante anti-corruption (NAKO), ce rapport de 84 pages documente avec précision comment des composants microélectroniques essentiels, produits aux États-Unis et dans des pays alliés, se retrouvent dans les avions russes Su-34 et Su-35S, malgré les sanctions internationales strictes et les contrôles à l’exportation.

Des technologies occidentales dans les avions de guerre russes

Basé sur l’analyse de plus de 180 000 documents douaniers de 2023, le rapport révèle que la Russie a importé pour environ 805 millions de dollars de biens microélectroniques l’année dernière. Ces importations, cruciales pour l’aviation militaire russe, ont transité par un réseau complexe de sociétés intermédiaires et d’entreprises-écrans basées en Chine, à Hong Kong, en Turquie et aux Émirats arabes unis, dissimulant ainsi leur usage militaire final.Les enquêteurs ont identifié plus de 1 100 composants microélectroniques retrouvés dans les Su-34 et Su-35S, provenant de 141 entreprises occidentales, parmi lesquelles de grands fabricants américains comme Texas Instruments, Intel, Analog Devices, ON Semiconductor et AMD. D’autres fournisseurs notables sont originaires d’Allemagne, du Japon, de Taïwan et de Corée du Sud.

Le rapport souligne que, même si ces entreprises déclarent publiquement que leurs produits sont destinés à un usage civil uniquement, la faiblesse des mécanismes d’application et la porosité des systèmes de contrôle des exportations ont permis à ces composants de haute technologie d’alimenter la machine de guerre russe.

Une chaîne d’approvisionnement de l’ombre

La Russie parvient à contourner les sanctions grâce à une chaîne d’approvisionnement mondiale sophistiquée et opaque. En utilisant des pays tiers et des sociétés-écrans, les entités russes masquent l’origine et la destination finales des composants électroniques. Dans certains cas, les exportateurs ne sont même pas conscients que leurs produits serviront à des fins militaires, mais le manque de diligence et de contrôle ne fait qu’aggraver le problème.Une partie accablante du rapport cite une enquête du Sénat américain, qui a révélé que Texas Instruments n’a pas répondu à plus de 100 demandes de traçabilité concernant ses composants retrouvés dans l’armement russe entre août 2022 et février 2024. Dans le même temps, des fournisseurs russes annoncent ouvertement leur capacité à se procurer des composants occidentaux sanctionnés — preuve du sentiment d’impunité au sein de ces réseaux d’approvisionnement parallèles.

Bilan humain : mort et destruction venues du ciel

Les avions de chasse Su-34 et Su-35S, équipés de munitions sophistiquées comme la bombe planante UMPB D30-SN et les missiles Grom-1, sont au cœur de la campagne aérienne russe en Ukraine. Le rapport indique que ces appareils ont mené des dizaines de frappes sur des villes ukrainiennes avec des conséquences dévastatrices.Les enquêteurs ont géolocalisé plus de 60 frappes aériennes et détaillé 10 attaques majeures entre mai 2023 et mai 2024. Ces frappes ont causé la mort de 26 civils, blessé 109 autres, et détruit 71 habitations, 5 écoles, 5 centres de santé, ainsi que plusieurs infrastructures énergétiques.Sanctions contournées, conflit prolongéL’enquête soulève de graves questions sur l’efficacité des régimes actuels de sanctions. Tandis que l’Occident continue de soutenir militairement l’Ukraine, il fournit indirectement à la Russie les technologies utilisées pour mener des frappes meurtrières.

« Le flux constant de microélectronique occidentale vers l’industrie militaire russe sape directement les sanctions internationales et prolonge la souffrance en Ukraine », déclare un porte-parole de l’IPHR. « Sans action urgente pour combler ces failles, la communauté internationale risque d’alimenter le conflit qu’elle cherche pourtant à stopper. »

Un appel à l’action

Le rapport se conclut par un appel à renforcer l’application des contrôles à l’exportation, à améliorer la transparence des entreprises et à accroître la coopération internationale pour empêcher l’utilisation abusive des technologies à double usage. Il exhorte également les gouvernements occidentaux à tenir les entreprises responsables de leur manque de diligence ou de réponse aux demandes de traçabilité.

Alors que la guerre en Ukraine s’enlise, cette révélation rappelle brutalement que dans une économie mondialisée, aucun conflit n’est isolé. Même lorsque les missiles pleuvent sur les villes ukrainiennes, les puces électroniques qui les guident peuvent provenir des usines situées dans les mêmes pays qui prétendent vouloir arrêter les tueries.

Olivier ALLOCHEME

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