Les députés de la neuvième législature ont sacrifié à la tradition du débat d’orientation budgétaire (DOB) le vendredi 27 juin 2025 au palais des gouverneurs à Porto-Novo. Placée sous l’égide du Président Louis Gbèhounou VLAVONOU en présence du ministre de l’économie et des finances en charge de la coopération, Romuald WADAGNI, cet exercice a permis de noter la volonté du Gouvernement de poursuivre l’investissement public tout en consolidant les acquis.
Le rapport présenté par la commission des finances et des échanges de l’Assemblée nationale rend compte de la bonne santé des finances publiques. Selon ce rapport, les recettes publiques continuent leur envolée spectaculaire. Avec 1.895,6 milliards de FCFA collectés en 2024, soit 14,6% du PIB, les recettes publiques affichent une progression de 26,5% par rapport à 2021. Mieux, le même rapport indique que cette performance représente un bond de 154,2% sur neuf ans.
Cette dynamique positive de la mobilisation des ressources s’accompagne d’une réorientation stratégique des dépenses publiques. L’État béninois a opéré un basculement majeur de sorte que la part des investissements est passée de 28,1% en 2016 à 40,7% en 2024, tandis que les dépenses ordinaires ont chuté de 71,9% à 59,3%.
Une consolidation en symbiose avec les ambitions sociales
Pour 2026, le gouvernement maintient sa trajectoire de rigueur budgétaire avec un déficit prévu à 2,7% du PIB, bien en deçà du seuil critique de 3%. Cette performance s’appuie sur une hausse anticipée des ressources de 12,8% contre 11,2% pour les charges. Ainsi, l’année 2026 sera celle de l’extension sociale. Le programme de prise en charge des naissances sera étendu aux 77 communes, couvrant les 1000 premiers jours de vie avec des suppléments alimentaires pour les femmes enceintes et les enfants de 6 à 23 mois. La nouveauté, c’est l’extension des interventions de nutrition aux enfants de 2 à 4 ans. En outre, le gouvernement a prévu des actions allant dans le sens de la qualité de l’éducation, la poursuite de l’opérationnalisation de Sèmè-City sans oublier le renforcement et la modernisation du plateau sanitaire.
Les recommandations des députés
Les députés ont saisi l’occasion de ce débat pour formuler des recommandations à intégrer par le gouvernement dans les prévisions budgétaires au titre de l’année 2026. Au nombre de celles-ci, on note la centralisation des budgets dédiés à l’eau pour en faire un projet structurant ; l’interconnexion des petits exploitants agricoles aux cantines scolaires ; la création de nouvelles zones économiques spéciales adaptées aux potentialités géographiques ; la protection renforcée des entreprises nationales face aux multinationales et la réduction du coût des financements pour les PME.
Entre réalisme et ambition
Prenant la parole, le ministre d’État Romuald Wadagni a défendu une approche pragmatique de maintenir la discipline budgétaire tout en préparant le renouvellement du programme avec le FMI. Pour l’argentier national, l’objectif est de consolider les acquis du PAG 2021-2026 tout en jetant les bases de la transformation structurelle de l’économie nationale. Le Gouvernement entend pour ce faire maintenir la forte croissance des cinq dernières années en misant sur l’efficacité de l’investissement public et la modernisation du pays, de Sèmè-City au plateau technique sanitaire.
C’est donc plus qu’évident que le Gouvernement est dans une logique de continuité des actions ambitieuses que seul 2026 permettra de mesurer les résultats.
Fidèle KENOU
