(La capitale béninoise accueillera les 2 et 3 août prochains une célébration exceptionnelle de son patrimoine ancestral)
C’est dans l’ambiance feutrée de l’Art Résidence Hôtel d’Avakpa que s’est tenue le vendredi 18 juillet à Porto-Novo, la conférence de presse dédiée à la présentation de la deuxième édition du Festival des Masques. Elle est organisée par le ministère du Tourisme, de la Culture et des Arts. Le ministre Babalola Jean-Michel H. ABIMBOLA entouré pour la circonstance du maire de Porto-Novo, Charlemagne YANKOTY, et du directeur général de l’Agence Bénin Tourisme, Sindé CHEKETE.

A l’entame de son intervention, l’édile de la ville capitale a rappelé la dimension profondément symbolique de cette manifestation culturelle. Pour Charlemagne YANKOTY, les masques transcendent leur simple apparence matérielle pour devenir de véritables gardiens de la mémoire collective. « Ces objets sacrés constituent des ponts entre nos ancêtres et les générations futures », a-t-il déclaré avec conviction, soulignant leur rôle de transmetteurs des rituels ancestraux et d’incarnations spirituelles.
Cette année, le festival adopte une thématique particulièrement riche : « Ifa Orumila, introduction à une épistémologie ». Un choix qui témoigne de l’ambition de transformer Porto-Novo en véritable plaque tournante des expressions masquées de la sous-région ouest-africaine. Cette vision s’inscrit parfaitement dans la stratégie gouvernementale visant à positionner le Bénin comme une destination touristique incontournable du continent.
Le vodun au cœur de l’identité nationale
Le ministre Babalola Jean-Michel H. ABIMBOLA a apporté un éclairage particulièrement émouvant sur la portée de cette célébration. Exprimant sa fierté d’être présent dans la capitale administrative du pays, il a replacé ce festival dans le contexte plus large du déploiement des orientations nationales en matière de culture et de tourisme. Son intervention a mis l’accent sur une réalité souvent méconnue : l’omniprésence du patrimoine vodun dans l’identité béninoise. Reprenant les termes du chef de l’État Patrice Talon, il a affirmé que « notre culture vodun nous définit au même titre que l’héritage judéo-chrétien caractérise l’Europe ». Cette affirmation audacieuse vise à réconcilier les Béninois avec leurs racines profondes, au-delà des clivages religieux.
Le ministre a insisté sur le fait que cette culture ancestrale imprègne naturellement les gestes quotidiens, la gastronomie, l’habillement, et même les expressions artistiques contemporaines. Une approche qui permet de dépasser les préjugés pour embrasser pleinement ce patrimoine immatériel exceptionnel.
Une programmation diversifiée
Sindé CHEKETE, Directeur général de l’Agence Bénin Tourisme, a dévoilé un programme ambitieux pour cette deuxième édition. Après avoir apporté une précision amusante sur la prononciation correcte de son prénom, le responsable touristique a détaillé les innovations de cette année.
L’événement s’étendra désormais sur cinq espaces distincts (Place Lokossa, place Migan, place Abessan, place Dangbé Klunon Honto et place Houngbo), soit deux de plus qu’en 2024. Cette extension géographique permettra d’accueillir notamment les délégations du Nigeria et de Côte d’Ivoire, venues présenter leurs propres traditions masquées.
Le programme alternera entre moments de découverte pédagogique et instants de pur divertissement. Les journées débuteront par des animations sur les différentes places, se poursuivront par des expositions artisanales et gastronomiques, pour culminer avec la spectaculaire Grande Procession du dimanche 03 août 2025 dans la soirée sur le boulevard Lagunaire.
Un colloque scientifique d’envergure
L’École du patrimoine africain abritera parallèlement un colloque scientifique de haut niveau. Cette dimension académique permet d’approfondir la réflexion sur ces pratiques ancestrales, favorisant les échanges entre chercheurs, gardiens de traditions et praticiens contemporains. Cette approche pluridisciplinaire renforce la légitimité scientifique de l’événement tout en nourrissant une meilleure compréhension de ces héritages culturels souvent mal appréhendés.
Au-delà de sa dimension culturelle, ce festival s’inscrit résolument dans une logique de développement de l économie locale. Les organisateurs misent sur l’attractivité touristique de l’événement pour dynamiser l’économie de la région, créer des opportunités d’emploi et valoriser les savoir-faire artisanaux traditionnels.
Les concerts prévus les soirs de samedi et dimanche, mettant à l’honneur des artistes béninois reconnus, devraient également contribuer à l’animation nocturne et à l’attractivité générale de la manifestation.
Vers une tradition pérenne
Les trois intervenants ont unanimement exprimé leur volonté d’améliorer continuellement cette manifestation. L’objectif affiché consiste à ancrer durablement cet événement dans le paysage culturel national, en perfectionnant chaque édition successive.
Cette démarche d’excellence vise à faire de Porto-Novo un rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de cultures africaines authentiques, qu’ils soient nationaux ou internationaux.
La deuxième édition du Festival des Masques s’annonce donc comme un moment fort de réconciliation des Béninois avec leur identité profonde, tout en ouvrant une fenêtre privilégiée sur la richesse culturelle ouest-africaine pour les visiteurs du monde entier.
Fidèle KENOU