
Les déchirements internes de l’opposition vont éclater bientôt au grand jour. C’est Nourou-Dine Saka-Saley qui annonce les couleurs il y a quelques jours. Il rappelle que son éviction de la liste de candidature aux députations de 2023 vient d’une action sournoise menée au sein même de son parti. C’est Raoul Glessougbé qui démissionne brutalement des Démocrates et fait son entrée toute aussi fracassante dans l’UPR. Acteur majeur de la 23ème circonscription électorale et même de la sixième, il s’en va sans crier gare après avoir passé ces dernières années à dénoncer le régime de la Rupture. C’est enfin ce silence bruyant sur le choix du candidat des Démocrates pour la prochaine présidentielle. Soyons sincère : les divisions du parti sont irréconciliables. On essaie de garder une façade unitaire pendant que le feu brûle de l’intérieur.
Il ne faut même plus compter sur les autres branches de cette opposition. Ces partis font leur danse du ventre en direction de Talon. La semaine dernière, c’est le parti Le Libéral de Richard Ouorou Boni qui fait le saut de la mouvance. On le verra sans surprise bientôt dans les bras de la Rupture. On ne parle même plus des FCBE qui ont annoncé qu’ils pourraient bien avoir le même candidat que la mouvance. Est-ce qu’il y a encore une opposition au Bénin ?
Il est vrai que presque tous les partis sont confrontés au virus de la division. Mais lorsque cette gangrène touche la principale force de l’opposition, il faut se demander si celle-ci pourra se réunir autour d’un idéal et d’un candidat communs pour affronter la mouvance en 2026. Ne l’oublions pas. Ce sont les déchirements au sein de la mouvance en 2016 qui ont fait l’échec de Yayi. En 2026, les mêmes causes produiront le même effet.
Dans ces conditions, l’opposition ira en rangs dispersés aux urnes. Il suffit d’une étincelle pour faire éclater la bulle des Démocrates. On voit mal en effet comment un Eric Houndété pourrait accepter un autre candidat en dehors de lui-même. Il a tout accepté en 2021, lorsque des candidatures surprises sont apparues au dernier moment. Cette fois-ci, ses partisans sont prêts. Ils sont convaincus que les manœuvres de 2021 sont à la base de la confusion ayant fragilisé le parti lors de la présidentielle. Mais de l’autre côté, Boni Yayi et ses plus fervents partisans sont convaincus qu’un candidat originaire du septentrion fera mouche dans cette partie du pays. Le vote ethnique, espère-t-on, va permettre de tout rafler pour créer le déséquilibre en faveur de l’opposition. De ce fait, Eric Houndété reste un os dans la gorge des partisans de cette option. Il a en face de lui Nouréinou Atchadé que cette option arrange. Mais rien n’est encore sûr.
Parce que la décision finale appartient à Boni Yayi. Connaissant cet homme, il sortira de son chapeau un oiseau de la 25ème heure comme en 2016 et en 2021. Et si moi j’étais à la place de Patrice Talon, je financerais l’un des camps pour déstabiliser le parti de l’intérieur. Est-ce que le maitre de la Marina est rusé à ce point ?
Dans tous les cas, l’équation de la candidature unique au sein de l’opposition est décisive. Multiplier les ambitions est le plus sûr moyen de ruiner toute victoire. Et s’ensuivront dix nouvelles années d’opposition. Boni Yayi lui-même sait qu’il n’aura pas droit à l’erreur. Un nouvel échec, et ce serait la fin de sa carrière politique.