
À quelques mois des élections générales de 2026, la Commission électorale nationale autonome (Céna) du Bénin a lancé un atelier de renforcement des capacités dédié à la protection des élections. L’initiative, dont les grands travaux ont débuté le mercredi 27 août 2025, est mise en œuvre en partenariat avec International IDEA et avec le soutien de la coopération canadienne.
L’objectif principal est de fournir aux acteurs du processus électoral béninois des outils pratiques et conceptuels pour anticiper, gérer et répondre efficacement aux risques, menaces et crises susceptibles d’affecter les scrutins.
Selon Ruffin Domingo, directeur du matériel et des opérations à la Céna, cette formation s’inscrit dans un cadre intégré de gestion des risques électoraux, articulé autour de deux volets essentiels : la gestion des risques (identification, évaluation et traitement) et le renforcement de la résilience et gestion des crises durant le processus électoral.
« Le risque est ce qui peut advenir et impacter négativement le processus. Lorsqu’il se concrétise, il devient une menace, et une accumulation de menaces peut mener à une crise », explique-t-il.
Les participants ont été formés à établir une matrice des risques, à les catégoriser (opérationnels, politiques, internes, externes), à évaluer leur gravité et à définir des réponses appropriées telles l’adaptation, la résistance ou la transformation. La méthode s’inspire de l’approche Bridge, privilégiant une pédagogie basée sur l’expérience des adultes combinant définitions conceptuelles, travaux de groupe et exercices pratiques.
Une implication multi-acteurs
L’atelier a réuni des acteurs stratégiques tels que la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, la Cour constitutionnelle, la police républicaine et la société civile à travers la Plateforme électorale des OSC.
Nicolas Matatu, représentant d’International IDEA au Gabon, a souligné l’importance de cette formation : « Face à l’évolution des menaces électorales dans le monde, nous avons conçu un programme testé au Panama, à l’Île Maurice et en Finlande. Le Bénin étant membre d’IDEA, c’est une grande satisfaction de pouvoir y déployer cette formation. »
Plus d’une dizaine de risques ont été identifiés, allant des enjeux techniques et logistiques aux risques contextuels liés à l’insécurité dans certaines régions du pays. L’objectif reste de préparer efficacement les institutions et de formuler des stratégies de réponse adaptées.
La société civile, acteur clé de la paix électorale
Pour Fatoumatou Batoko, présidente de la Plateforme Électorale des OSC ; « Des élections protégées, ce sont des résultats protégés, ce sont des populations protégées. Ensemble, nous réfléchissons aux obstacles, identifions les défis et construisons des solutions durables. »
Elle a également appelé les médias et les citoyens à faire confiance au processus électoral et à s’impliquer activement pour des élections transparentes et pacifiques.
Une autre session de formation est prévue d’ici la fin de l’année, afin d’affiner les mécanismes de prévention et de gestion des crises électorales. Cette initiative marque une avancée significative pour sécuriser les élections au Bénin dans un contexte régional où les processus électoraux restent souvent fragilisés
Romain HESSOU