
Sous le ciel clément de Parakou, la cérémonie d’investiture du duo Romuald Wadagni – Mariam Chabi Talata a pris ce samedi 4 octobre des allures d’événement historique. Au-delà des hymnes politiques et des discours de ralliement, un moment fort a marqué les esprits : l’hommage solennel rendu par le candidat Wadagni à Joseph Fifamè Djogbénou, président de l’Union progressiste le Renouveau (UP-R). Dans une envolée empreinte d’émotion et de respect, le candidat désigné de la majorité présidentielle a salué le « sens du sacrifice et du renoncement personnel » de celui qui, en dépit de son envergure intellectuelle et politique, a choisi de se retirer de la course à la présidentielle de 2026 pour privilégier l’unité de la majorité et la stabilité du pays.
« Président Djogbénou, vous avez toujours su faire preuve d’un sens inégalé de l’intérêt général. Esprit lumineux, intellectuel généreux, vous incarnez pour nous tous le sens du dévouement au service de la Nation et de la justice, le sens du sacrifice et du renoncement personnel au profit de l’intérêt général», a déclaré Wadagni sous les applaudissements nourris d’un stade conquis. Ces mots, sobres et mesurés, traduisent la reconnaissance d’un homme conscient de la portée du geste politique de son aîné. En insistant sur la « grandeur morale » du président de l’UP-R, Romuald Wadagni a tenu à inscrire son investiture dans une continuité collective, rejetant toute logique d’appropriation individuelle du pouvoir.
Un pacte de loyauté
Ce passage, plus qu’un simple remerciement, a sonné comme une reconnaissance politique rare. Il a montré un pacte de loyauté entre deux figures majeures du camp présidentiel : le technocrate choisi pour incarner la relève et le juriste qui, par son retrait volontaire, a rendu cette désignation possible. Dans un paysage politique souvent dominé par les ambitions personnelles, l’attitude de Joseph Djogbénou fait figure d’exception.
D’ailleurs, le discours du président de l’Union progressiste le Renouveau, prononcé un peu plus tôt, portait les marques d’un esprit de renoncement réfléchi et assumé. Sans jamais évoquer explicitement son retrait, Joseph Djogbénou a su en tracer les contours par la hauteur de ton et la clarté du message. En saluant « le choix de la continuité dans le progrès » et « celui de l’avenir dans la fidélité à notre histoire et à nos idéaux », il s’est effacé derrière la logique collective, plaçant le destin de la nation au-dessus des parcours individuels.
« Nous voici, porteurs des idéaux et de l’espérance de tout le peuple… pour enrichir, amplifier et transmettre l’héritage de la stabilité politique, de la gouvernance rigoureuse en vue du progrès social, de la cohésion et de l’unité nationales», a-t-il affirmé. Il définit ainsi en filigrane les valeurs qui justifient son retrait : la cohérence, la stabilité, l’unité. Dans une posture d’homme d’État, le professeur de droit a tenu à rappeler le sens de la réforme politique entamée depuis 2018 et l’esprit de responsabilité qu’elle impose à tous les acteurs. Pour lui, la désignation de Wadagni comme candidat commun n’est pas un aboutissement personnel, mais l’expression d’une maturité politique collective, d’un « moment historique » dans l’histoire du renouveau démocratique.
Une valeur de symbole
Ainsi, à Parakou, le renoncement de Djogbénou a pris valeur de symbole, celui d’une transition apaisée et réfléchie, loin des rivalités internes. En lui rendant un hommage appuyé, le candidat a voulu souligner que la grandeur politique réside parfois dans le choix de ne pas briguer, mais de soutenir.
Ce 4 octobre 2025 restera donc comme une journée d’unité. Wadagni y a trouvé l’occasion d’illustrer son sens de la gratitude et de montrer qu’il s’inscrit dans une démarche de continuité, non de rupture. Quant à Joseph Djogbénou, il a donné au mot « renoncement » une portée nouvelle : celle d’un engagement lucide au service de la République.
Olivier ALLOCHEME