Le Brésil et l’Inde font désormais face au tarif douanier global le plus élevé au monde, à 50 %, l’Inde étant visée pour ses achats de pétrole russe qui contournent les sanctions américaines.

 Mercredi, le président Donald Trump a imposé un droit de douane supplémentaire de 25 % à l’Inde en raison de ses transactions pétrolières avec la Russie, portant le total des droits de douane américains sur cet allié à 50 %. Actuellement, le Brésil est le seul autre pays à être soumis à une taxe d’importation de 50 % sur l’ensemble de ses produits. Cela ne concerne pas les droits de douane sur l’acier, l’aluminium et le cuivre, également à 50 %, appliqués à tous les pays du monde, à l’exception du Royaume-Uni. Les droits de douane entreront en vigueur 21 jours après la signature du décret exécutif, ce qui laisse à l’Inde et à la Russie le temps de négocier un accord plus favorable avec l’administration. Les mesures de Trump pourraient bouleverser la trajectoire économique de l’Inde, une grande économie asiatique, qui était jusqu’à récemment considérée comme une alternative à la Chine par les entreprises américaines souhaitant relocaliser leur production. La Chine, qui achète également du pétrole à la Russie, bénéficie actuellement d’une suspension de la mesure tarifaire complète — tous les produits chinois sont soumis à un prélèvement de 30 % — alors qu’elle négocie des mesures tarifaires plus favorables avec l’administration américaine. Trump avait annoncé aux journalistes mardi que les droits de douane allaient arriver, déclarant que Washington avait une réunion avec Moscou mercredi, alors que son administration tente de mettre fin à la guerre en Ukraine.

Une mesure injustifiée selon New Delhi

« Nous verrons ce qui se passe », a déclaré Trump à propos de ses plans tarifaires. « Nous prendrons cette décision à ce moment-là. » Le gouvernement indien a qualifié mercredi les droits de douane supplémentaires de « regrettables ». « Nous réitérons que ces mesures sont injustes, injustifiées et déraisonnables », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, dans un communiqué, ajoutant que l’Inde prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts. Il a indiqué que l’Inde avait déjà clairement soutenu que ses importations étaient basées sur des facteurs de marché et faisaient partie de l’objectif global d’assurer la sécurité énergétique pour ses 1,4 milliard d’habitants. Ajay Srivastava, un ancien responsable du commerce indien, a déclaré que ce dernier tarif place le pays parmi les partenaires commerciaux des États-Unis les plus lourdement taxés, bien au-dessus de ses rivaux comme la Chine, le Vietnam et le Bangladesh. L’Inde est largement considérée comme un allié américain, le Premier ministre indien Narendra Modi s’étant rendu aux États-Unis en février de cette année. « Les droits de douane devraient rendre les produits indiens beaucoup plus coûteux, avec le potentiel de réduire les exportations vers les États-Unis d’environ 40 à 50 % », a-t-il déclaré.

Ajay Srivastava a qualifié la décision de Trump d’« hypocrite », car la Chine a acheté plus de pétrole russe que l’Inde l’année dernière. « Washington évite de cibler Pékin en raison de l’influence de la Chine sur les minerais critiques, essentiels pour la défense et la technologie américaines », a-t-il ajouté.

Faire face au déficit

En 2024, les États-Unis ont enregistré un déficit commercial de 45,8 milliards de dollars, soit 52,5 milliards d’euros, avec l’Inde, ce qui signifie que les États-Unis ont importé plus de l’Inde qu’ils n’ont exporté, selon le Bureau du recensement des États-Unis. Les consommateurs et les entreprises américaines achètent des produits pharmaceutiques, des pierres précieuses, des textiles et des vêtements de l’Inde, entre autres produits. L’Inde n’a pas soutenu les sanctions liées à l’Ukraine imposées par les États-Unis et leurs alliés à Moscou, même si ses dirigeants affirment vouloir la paix. Apparemment, le tarif élevé vise à priver le Kremlin de revenus pour financer sa guerre en cours en Ukraine, soutenant l’objectif de Trump de ramener le gouvernement russe à la table des négociations et, potentiellement, d’accepter un cessez-le-feu suivi d’une paix à long terme en Ukraine. Cependant, les prix du pétrole ont baissé, un baril s’échangeant mercredi matin à 65,84 dollars, soit 75,53 euros, en hausse de 1 % le jour de l’annonce des nouveaux droits de douane.

Olivier ALLOCHEME