Une prestation a profondément marqué les esprits à la Place de l’Amazone ce 1er août 2025 : celle de la chanteuse Anna Fambo, interprétant l’hymne national du Bénin en langue Adja, accompagnée d’un chœur d’une précision remarquable. Plus qu’un simple moment protocolaire, ce fut un instant de grâce, d’enracinement culturel et de haute technicité musicale.

Au centre de la scène, Anna Fambo s’impose avec assurance. Sa voix de mezzo-soprano, chaude et souple, épouse chaque phrase de l’hymne avec une maîtrise rare. La justesse est impeccable, le phrasé clair, l’articulation respectueuse de la prosodie adja. L’émotion affleure sans débordement : chaque nuance est pensée, chaque souffle contrôlé. La puissance vocale ne sacrifie jamais la musicalité. À travers elle, l’hymne devient à la fois personnel et collectif.
Une harmonie chorale soignée
Autour d’elle, l’Ensemble Vocal Les Airs Sacrés l’enveloppe dans une polyphonie équilibrée. Les pupitres (soprano, alto, ténor, basse) se répondent avec une fluidité maîtrisée, formant un tissage harmonique dense, mais lisible. L’arrangement rappelle les grandes formations africaines comme le Soweto Gospel Choir, sans chercher l’esbroufe. Ici, pas de surenchère : le chœur est au service du sens et de l’émotion.
L’harmonisation repose sur une structure classique à quatre voix, enrichie d’accords suspendus et de notes de passage qui donnent de la profondeur sans rompre avec le caractère solennel du chant patriotique.
Une rythmique et une scénographie sobres mais ancrées
Le rythme, légèrement ternaire, épouse la musicalité naturelle de la langue Adja. Aucun effet percussif outrancier : les transitions sont douces, les variations de tempo maîtrisées. Même si à un moment donné on peut lire du Zinli sur du Agbadja en soubassement, l’ensemble passe presque imperceptible. Ce choix confère à la performance une dignité quasi liturgique, propre à renforcer la solennité de l’instant.
Sur scène, la disposition des chanteurs en demi-cercle autour de la soliste favorise une projection homogène du son. Les tenues traditionnelles, inspirées de nos cultures, ajoutent une dimension visuelle forte à cette célébration de l’unité dans la diversité. Les déplacements sont rares, mais expressifs, et soulignent la discipline chorale de l’ensemble.
Un équipement sonore à la hauteur

Le rendu audio, d’une clarté impressionnante, témoigne d’un équipement professionnel : microphones sans fil de haute gamme (type Shure SM58), micros d’ambiance à condensateur, console numérique Behringer X32, enceintes JBL ou Yamaha en façade et retours de scène bien placés. Un tel dispositif reflète une montée en gamme des prestations scéniques béninoises. Ce type d’équipement, également utilisé lors de festivals gospel au Nigeria, au Ghana ou en Afrique du Sud, atteste de l’évolution technique du paysage musical africain.
Une performance emblématique
En interprétant l’hymne national dans une langue nationale, Anna Fambo et son chœur n’ont pas simplement chanté : ils ont réconcilié la modernité musicale avec l’identité culturelle. Cette performance, saluée par une ovation nourrie, restera sans doute comme l’un des grands moments musicaux de cette fête nationale, à la croisée de l’art, de la foi patriotique et du respect des diversités qui fondent la nation béninoise. Déjà, tous les yeux sont tournés vers Anna Fambo. Auteure d’un clip sur l’Hymne national en Adja depuis 2024, elle s’impose comme une référence pour les années à venir.
Olivier ALLOCHEME