
De vieux chefs de l’Etat africains nourrissent toujours l’espoir de conserver le fauteuil présidentiel. Insoucieux de mettre à dos les constitutions de leur pays, quand elles ne sont pas cousues de fil en blanc en leur faveur. Patrice Talon a choisi le chemin contraire. Les plus durs à convaincre sur sa profession de foi de ne jamais tenter un 3ème mandat, sont-ils toujours campés sur leur position ? La grosse actualité au Bénin depuis le week-end dernier, semble avoir, en tout cas, clos à jamais cette interminable polémique.
Après concertation, Patrice Talon et les deux grandes forces politiques de la majorité présidentielle ont brandi à la face du monde leur joker pour la prochaine bataille présidentielle. Romuald Wadagni, actuel ministre d’Etat, en charge de l’économie et des finances. En plus des nombreuses assurances faites par Talon dans des médias, lors de diverses rencontres et autres, il fallait sans doute qu’il pose l’acte ultime et définitif pour rendre à jamais crédible sa parole. S’il demeure toujours chef d’Etat jusqu’à l’élection et la passation des charges à son successeur courant avril- mai 2026, Patrice Talon, sans le vouloir, a déjà commencé à se retirer petitement de la scène depuis le week-end dernier. Le nom de Romuald Wadagni est depuis peu sur toutes les lèvres et suscite déjà des vagues de soutiens jusque dans les tréfonds de l’opposition béninoise. Nicéphore Soglo depuis Paris, Richard Ouorou Boni, de sa cellule de détention, Ousmane Batoko, alors très critique contre la gouvernance Talon… Et pire, ce mardi, un député Démocrate Léon Basile Ahossi qui salue à visage découvert, le choix du chantre de la rupture pour la course à sa succession. C’est un énième coup de maître de Patrice Talon, selon plusieurs observateurs.
« Vous me porterez en triomphe à la fin de mon mandat » avait lancé Patrice Talon, il y quelques années. C’était à un moment où le combat présidentiel de 2026, constituait plus ou moins une lointaine perspective au Bénin. L’instant s’installe déjà et ne manque de s’interroger sur la grandeur prophétique d’un chef d’Etat béninois qui fait exception depuis 1960. Exception non seulement, pour avoir refait le visage du Bénin dans toutes ses dimensions, avec des réalisations d’infrastructures jamais rêvées par des Béninois sur leur sol, mais aussi parce qu’il ambitionne de confier sa succession à un jeune dynamique, dont la compétence force respect et admiration de par le monde entier. Vraisemblablement, tout concourt déjà à porter en triomphe Patrice Talon à quelques 7 à 8 mois de son départ du pouvoir.
Christian TCHANOU