Au Novotel de Cotonou, un atelier réunit entreprises, institutions financières et experts internationaux. Organisé par la BOAD, la West African Alliance for Carbon Markets and Climate Finance (WAA), la Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin (CDC-Bénin) et la SIPI-Bénin, cet atelier dont les travaux sont ouverts le jeudi 2 octobre 2025 se poursuivra jusqu’au vendredi 3 octobre 2025.

Les marchés carbone ne sont plus une abstraction pour le Bénin. Des institutions financières régionales, des investisseurs et des entreprises nationales ont pris rendez-vous à Cotonou pour un atelier stratégique de deux jours (2 et 3 octobre 2025). « Les marchés carbone : des opportunités d’affaires et d’engagement pour le secteur privé béninois ». C’est le thème de cet atelier organisé par la BOAD, la West African Alliance for Carbon Markets and Climate Finance (WAA), la Caisse des Dépôts et Consignations du Bénin (CDC-Bénin) et la SIPI-Bénin. Ledit atelier vise à sensibiliser et engager le secteur privé sur les opportunités économiques offertes par les crédits carbone.
Pour la directrice générale de la CDC-Bénin, Maryse Lokossou, cette rencontre est décisive. « Notre ambition à travers cette rencontre est claire : apprendre, comprendre et expérimenter de façon pragmatique la manière dont les crédits carbone peuvent être monétisés à travers des projets concrets », a-t-elle déclaré. Elle a rappelé que la Caisse entend s’impliquer directement, en accompagnant des projets pilotes qui serviront d’études de cas pratiques. « Grâce à nos partenaires, a-t-elle souligné, nous ouvrons une nouvelle voie de création de valeur où performance économique et impact climatique vont de pair. »
Un message relayé par Jonathan Dosseh, représentant de l’Alliance Ouest-Africaine pour les marchés carbone, qui a insisté sur l’urgence d’une implication accrue du secteur privé. « Les opportunités ne pourront être saisies qu’avec une implication forte des entreprises, des industries et des investisseurs », a-t-il insisté. Pour lui, « ce sont eux qui détiennent une grande partie du potentiel de transformation vers des modèles sobres en carbone et résilients ».
Pour sa part, le directeur général de la SIPI-Bénin, Létondji Béhéton, a rappelé les efforts déjà entrepris par son institution. « Avec ARISE, nous investissons dans les marchés du carbone depuis 2021, avec l’acquisition de 35 % d’AREA, leader dans le développement de projets carbone, puis récemment dans Crystalchain, entreprise spécialisée dans la traçabilité du carbone », a-t-il souligné. Il a également mis en lumière les capacités qui sont créées en interne, notamment OKALA, leader dans le domaine du monitoring de la biodiversité et SEQUOIA, développeur de projets carbone d’agroforesterie et d’énergie. Illustrant le potentiel du pays, il a cité l’exemple de Bénin-Cashew, une usine de transformation de noix de cajou installée au sein de la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ). « Grâce à son usine de production de Cashew Nut Shell Liquid (CNSL), elle peut générer plus de 300 000 tonnes de CO₂ valorisables en crédits carbone, sur une période de dix ans », a ajouté le DG de la SIPI-Bénin. Insistant sur l’enjeu national, le DG de la SIPI-Bénin a indiqué que la « participation du secteur privé demeure limitée, freinée par un déficit d’information, de compétences techniques et de projets structurés ».
Au-delà des chiffres et des ambitions, cet atelier s’inscrit dans une dynamique nouvelle : transformer les défis climatiques en opportunités économiques. En rassemblant décideurs, investisseurs et experts, Cotonou veut lancer un signal fort. Le Bénin entend non seulement réduire ses émissions, mais aussi tirer parti du marché mondial du carbone, évalué à près de 1 000 milliards de dollars. Le défi est ainsi posé : faire du carbone non pas un coût, mais un levier de compétitivité et de durabilité pour l’économie béninoise.
Augustin HESSOU