
Les États-Unis ont annoncé l’envoi de systèmes de défense antiaérienne Patriot supplémentaires à l’Ukraine, dans le cadre d’un accord financé par l’Union européenne (UE). Cette initiative vise à renforcer les défenses de Kyiv face à l’intensification des attaques russes par missiles et drones, alors que Trump exprime une frustration croissante envers le président russe Vladimir Poutine. Dimanche, depuis Washington, Trump a confirmé l’envoi de ces systèmes Patriot, « dont ils ont désespérément besoin », précisant qu’ils seraient « financés à 100 % » par les alliés européens. « Il [Poutine] parle gentiment et ensuite il bombarde tout le monde le soir. Ça ne me plaît pas », a-t-il déclaré, annonçant des mesures supplémentaires contre la Russie lors de réunions prévues avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et des parlementaires cette semaine. Le système Patriot, développé par Raytheon Technologies, est une plateforme mobile de missiles sol-air (SAM) conçue pour intercepter avions, missiles de croisière, drones et missiles balistiques tactiques. Connu sous le nom de MIM-104 Patriot (Phased Array Tracking Radar for Intercept on Target), une batterie type comprend des radars, des unités de contrôle, des lanceurs et des véhicules de soutien. Depuis ses débuts dans les années 1980, le système a évolué, les missiles PAC-3 utilisant un mécanisme de frappe directe pour une précision accrue, capable d’atteindre des cibles jusqu’à 160 km et à des altitudes dépassant 22 km. Cependant, son coût élevé – environ 1,1 milliard de dollars par batterie et 4 millions par missile, selon le Center for Strategic and International Studies (CSIS) – reflète l’ampleur de cet engagement. L’Allemagne s’est engagée à financer au moins deux batteries Patriot, et la Norvège participerait au financement d’unités supplémentaires. L’Ukraine, qui dispose déjà d’un petit nombre de Patriots donnés sous l’administration Biden, a réclamé davantage de systèmes pour protéger ses infrastructures critiques et ses centres urbains.
Un enthousiasme mesuré

Malgré cet élan, les experts tempèrent les attentes. Mark F. Cancian, conseiller au CSIS, a déclaré à Newsweek que l’accord américano-européen a davantage une portée politique que tactique, visant à pousser Moscou à négocier un cessez-le-feu. « Les montants sont significatifs – Trump a parlé de ‘milliards de dollars’ – mais la mise en place prendra des mois », a-t-il expliqué, prévoyant des annonces régulières de packages d’équipements valant des centaines de millions. Cancian nuance l’importance des Patriots : « On met trop l’accent sur le Patriot. C’est une capacité importante, mais conçue pour contrer les missiles balistiques et de croisière, qui représentent environ 10 % des attaques russes. La plupart des assauts proviennent de drones suicides à bas coût. » Il insiste sur le besoin d’une gamme variée de systèmes de défense aérienne, ainsi que d’armes, de munitions et de ravitaillements pour soutenir les forces ukrainiennes. L’accord de l’UE vise à afficher l’unité occidentale face à l’agression russe, dans l’espoir de forcer Moscou à négocier. Cependant, Cancian souligne que les besoins de l’Ukraine vont bien au-delà des défenses aériennes.
Des inquiétudes demeurent

Les forces ukrainiennes, engagées dans des combats intenses, consomment rapidement leurs ressources.La décision de Trump répond aux appels urgents de l’Ukraine et marque un renversement de la suspension des livraisons d’armes américaines à Kyiv. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, après des discussions avec des dirigeants européens, a qualifié son dialogue avec Trump de « constructif et très positif ». L’Allemagne a confirmé que le ministre de la Défense, Boris Pistorius, rencontrera son homologue américain, Pete Hegseth, pour finaliser les transferts de Patriots, bien que Berlin reste réticent à fournir des missiles Taurus à longue portée, craignant une escalade.Si les Patriots symbolisent un soutien occidental renouvelé, leur impact dépendra d’un appui plus large. Face aux assauts multifacettes de la Russie, la question demeure : ces défenses de pointe, combinées à une aide soutenue, suffiront-elles à changer la donne pour Kyiv ?
Olivier ALLOTCHEME