(Une saisie record d’armes destinées aux Houthis ravive les inquiétudes sur la stratégie de Téhéran dans la région.)

Les autorités yéménites, soutenues par les États-Unis, ont annoncé l’interception d’une cargaison d’armes iraniennes destinée aux rebelles Houthis. Selon le Wall Street Journal, il s’agit de l’une des plus importantes saisies jamais enregistrées : 750 tonnes de matériel militaire, incluant des missiles de croisière, des systèmes antinavires et antiaériens, des ogives et des composants de drones.
Les armes étaient dissimulées à bord d’un dhow traditionnel, sous un chargement d’appareils de climatisation, afin d’échapper aux contrôles maritimes.
Pour Mohammed al-Basha, fondateur du Basha Report, la manœuvre est claire : « Le volume et le timing de cette expédition indiquent que l’Iran cherche à reconstituer rapidement les stocks des Houthisépuisés par les frappes américaines. »
Une stratégie pour relancer la guerre en mer Rouge

Après la courte guerre entre Israël et l’Iran le mois dernier, les Houthis ont repris leurs attaques contre la navigation commerciale en mer Rouge, malgré un accord de cessez-le-feu avec Washington.
La semaine dernière, le groupe a revendiqué le naufrage du navire Eternity C, après trois jours de frappes par drones maritimes et missiles balistiques. Bilan : quatre marins tués, une douzaine de personnes prises en otage, et un membre d’équipage amputé, selon l’opération navale européenne en mer Rouge.
Les États-Unis avaient pourtant lourdement bombardé les positions houthis, réduisant leurs capacités. Pour les analystes, ces réapprovisionnements iraniensvisent à maintenir la pression sur la route maritime stratégique et perturber les échanges mondiaux.
Hezbollah aussi dans la boucle
En parallèle, le Hezbollah libanais tente également de se réarmer. L’armée libanaise a intercepté plusieurs convois en provenance de Syrie, contenant notamment des missiles antichars Kornet dissimulés dans des camions de légumes.
Privé d’une partie de ses lignes logistiques après la chute du régime syrien de Bachar al-Assad en décembre, le Hezbollah s’appuie désormais sur des réseaux clandestins et la production locale de drones et missiles.
Un Iran affaibli, mais toujours offensif
Téhéran sort pourtant affaibli de sa confrontation récente avec Israël : la moitié de son stock de missiles a été épuisée, ses défenses aériennes détruites et plusieurs hauts gradés éliminés. Malgré cela, le régime nie toute implication dans ces livraisons d’armes, qualifiant les accusations de « sans fondement ».
Cette stratégie offensive pourrait relancer un cycle d’escalade au Moyen-Orient, alors que Washington et ses alliés s’efforcent d’éviter l’embrasement.
Olivier ALLOCHEME