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Imelda BADA

La  Promotrice du Festival international Zogben, invitée de Sous L’Arbre à Palabre : Imelda BADA dévoile tout sur le  festival Zogben : « Tout est parti d’une phrase du Président Talon… »

La 5ème édition du Festival International Zogben (FIZ) est prévue du 21 juillet au 03 août 2025 à Parakou. En prélude à cette célébration qui se distingue par la promotion du patrimoine culturel matériel ou immatériel et de la destination Bénin,  L’Événement Précis a reçu la promotrice du Festival, madame Imelda Bada. Béninoise de la diaspora et actuel Vice-consul du Bénin à Bordeaux, elle s’investit depuis plusieurs années dans la promotion de la culture béninoise depuis l’appel solennel du Président Talon « L’idée du Festival International Zogben a germé à la suite de la présentation, le 16 décembre 2016, du volet culturel et touristique du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) sous l’impulsion du Président Patrice Talon ». Dès qu’elle prend siège « Sous l’Arbre à Palabre », Imelda BADA se prête sans tabou aux questions des journalistes. Des raisons qui justifient la mise en place de l’initiative d’un festival itinérant pour accompagner l’élan de valorisation des richesses culturelles, aux difficultés qu’elle rencontre, en passant par les retombées des éditions précédentes, la particularité de la 5ème édition et son impact territorial, ainsi que le rôle de la diaspora, la vision à long terme…, aucun aspect n’a été occulté lors des échanges à bâtons rompus que la promotrice du festival international Zogben, madame Imelda Bada a partagé avec l’équipe de rédaction de l’événement précis.

Imelda BADA

 D’où vient l’idée du Festival International Zogben ?

L’idée du Festival International Zogben a germé à la suite de la présentation, le 16 décembre 2016, du volet culturel et touristique du Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) sous l’impulsion du Président Patrice Talon. Ce moment a agi comme un puissant catalyseur, révélant une ambition forte : faire de la culture un pilier du développement durable et un levier d’attractivité territoriale.

En tant qu’actrice culturelle issue de la diaspora, j’ai perçu cette orientation comme un appel à la responsabilité. Il fallait, à mon sens, traduire cette vision politique en un projet de terrain, un espace vivant, inclusif et accessible où la culture béninoise, dans toute sa diversité, pourrait non seulement s’exprimer, mais aussi se renouveler, se transmettre et s’internationaliser.

C’est ainsi qu’est né le Festival International Zogben : un projet porté par la conviction que le dialogue entre les cultures, les générations et les territoires est fondamental pour bâtir une nation unie et confiante en son avenir.

 Pourquoi le mot Zogben ? Que signifie-t-il pour vous ?

Le mot Zogben signifie « lampe » en fongbé, langue majeure du Sud du Bénin. Ce choix n’est ni anodin ni uniquement symbolique. La lampe, dans notre imaginaire collectif, éclaire les chemins obscurs, ravive la mémoire, transmet les savoirs, rassure et guide.

Zogben, pour moi, incarne cette lumière ancestrale que nous devons raviver pour éclairer les générations futures. Il symbolise la connaissance, la spiritualité, mais aussi la résistance culturelle face à l’uniformisation et à l’effacement identitaire.

En nommant ce festival Zogben, nous avons voulu affirmer que notre héritage culturel n’est pas une charge du passé, mais une lampe active, qui éclaire les chemins de l’avenir. C’est aussi un hommage à tous ceux qui, souvent dans l’ombre, ont su préserver nos savoirs, nos danses, nos langues et nos rites.

 Quel est l’objectif principal de ce festival ?

L’objectif principal du Festival International Zogben est de préserver, valoriser et transmettre les patrimoines culturels du Bénin dans une perspective de paix, d’unité et de développement inclusif.

À travers la mise en valeur des expressions artistiques, des traditions orales, des danses rituelles, des récits historiques, des savoir-faire culinaires et artisanaux, le festival entend créer un espace où les communautés se reconnaissent, se parlent et se réconcilient avec elles-mêmes.

Zogben, c’est aussi un laboratoire de co-construction culturelle, où artistes, chercheurs, chefs traditionnels, jeunes et membres de la diaspora s’interrogent sur les mutations de notre société, tout en puisant dans nos racines les ressources nécessaires pour affronter les défis contemporains.

Pourquoi avoir choisi un format itinérant pour Zogben ?

Le choix d’un format itinérant répond à une logique de justice territoriale, de décentralisation culturelle et de cohésion nationale. Le Bénin regorge d’une richesse patrimoniale plurielle, souvent concentrée ou méconnue selon les régions. En faisant voyager le festival chaque année d’un département à un autre, nous permettons à chaque territoire de se raconter à sa manière, de valoriser ses singularités tout en s’inscrivant dans une dynamique nationale.

Cette itinérance favorise aussi une appropriation locale du festival. Chaque édition devient une aventure collective qui mobilise les acteurs culturels, les autorités locales, les écoles, les artistes et les populations du territoire hôte. Elle permet également de réduire les inégalités d’accès à la culture et de renforcer le sentiment d’appartenance à une nation plurielle mais unie.

En quoi cette 5ᵉ édition est-elle différente des précédentes ?

La cinquième édition du Festival International Zogben marque une étape majeure dans l’évolution du projet, tant par sa portée territoriale que par la densité de sa programmation.

Après Reims l’année dernière, le festival a été officiellement lancé à l’international, à Bordeaux, en France, le 19 avril 2025 à la Salle Quintin Loucheur, en partenariat avec la Mairie de Bordeaux. Cette ouverture symbolique et stratégique à l’extérieur du pays renforce la dimension diasporique, panafricaine et universelle du festival. Elle atteste de son rayonnement croissant et de son ambition de dialogue culturel au-delà des frontières.

Autre innovation majeure, le festival s’étend désormais sur deux semaines complètes, offrant un temps plus long de rencontres, d’expression et de transmission. L’édition 2025 met un accent particulier sur la valorisation des savoir-faire locaux avec le Marché 100 % Bénin, organisé avec la Chambre des Métiers de l’Artisanat, et sur les expressions culturelles endogènes à travers, notamment, une journée de lutte africaine en partenariat avec la Fédération Béninoise de Lutte, ainsi qu’une journée d’initiation à la chasse à la battue, co-construite avec l’Association des chasseurs à la battue du Bénin.

La Soirée de la Flamme d’Or, gala de clôture prévue le 1ᵉʳ août 2025, viendra magnifier les temps forts de cette édition par une cérémonie de distinctions et de reconnaissance dédiée à ceux qui œuvrent pour la mémoire, la culture et le vivre-ensemble.

Par ailleurs, la dimension scientifique du festival a été consolidée avec une causerie de haut niveau sur le thème « Union dans la diversité », abordée sous l’angle de la transmission intergénérationnelle et du dialogue des héritages culturels. Elle bénéficiera de la participation de personnalités de référence.

En somme, cette cinquième édition se distingue par son format élargi, son ancrage local renforcé, son ouverture internationale, et sa volonté d’institutionnaliser le Festival International Zogben comme un levier de diplomatie culturelle et de cohésion nationale.

Pourquoi avoir choisi le thème « Union dans la diversité : préserver, transmettre et valoriser nos héritages culturels pour un Bénin uni et tourné vers l’avenir » ?

Le choix de ce thème résulte d’une volonté de contribuer activement au renforcement du tissu social béninois à travers une approche culturelle inclusive. À l’heure où les appartenances communautaires, les clivages identitaires et les défis de la mondialisation interpellent nos repères collectifs, il nous a semblé fondamental de rappeler que la diversité culturelle du Bénin n’est pas une fragilité, mais une force à consolider.

Ce thème invite à redécouvrir et à valoriser nos patrimoines vivants non pas comme des objets figés, mais comme des leviers dynamiques de cohésion, de fierté nationale et de projection vers l’avenir. C’est un appel à bâtir l’unité nationale sur la reconnaissance, la transmission et la complémentarité de nos richesses culturelles.

Quels enjeux ce thème soulève-t-il aujourd’hui au Bénin ?

Ce thème met en lumière plusieurs enjeux actuels et cruciaux. Il soulève d’abord la nécessité de réconcilier modernité et tradition, en montrant que l’ancrage culturel n’est pas un obstacle à l’innovation mais bien un fondement solide pour construire une société harmonieuse et résiliente.

Ensuite, il interpelle sur le rôle de la culture dans la prévention des conflits, la lutte contre l’exclusion sociale et la promotion du vivre-ensemble. Dans un Bénin marqué par une grande diversité linguistique, religieuse et ethnique, il devient urgent de créer des espaces de dialogue où chaque identité peut s’exprimer sans menacer l’unité nationale.

Enfin, ce thème appelle à une refondation des mécanismes de transmission intergénérationnelle : comment faire pour que les jeunes générations s’approprient nos héritages, non comme des vestiges du passé, mais comme des ressources actives pour construire leur avenir ?

Comment avez-vous articulé le thème dans la programmation culturelle et scientifique ?

La programmation de cette 5ᵉ édition a été pensée comme un fil narratif cohérent autour du thème, en alliant réflexion, émotion, transmission et célébration. Sur le plan scientifique, la causerie prévue réunira des voix spirituelles et institutionnelles de premier plan pour interroger les liens entre culture, unité nationale et éducation à la paix.

Sur le plan artistique, les expressions culturelles issues de différents territoires du Bénin du septentrion au sud, des villes aux villages seront mises en dialogue dans une logique d’horizontalité, de reconnaissance mutuelle et d’estime partagée. L’implication des femmes, des jeunes, des diasporas, mais aussi des détenteurs de savoirs traditionnels a été renforcée.

Le cinéma éducatif est également au cœur de notre démarche avec des projections de films engagés tels que Le rêve de Kadi ou Chaleur à Nasuba, qui illustrent à merveille les enjeux de transmission, d’éducation et de résilience.

Quel lien faites-vous entre culture, éducation et cohésion nationale ?

La culture et l’éducation sont les deux piliers qui fondent l’identité citoyenne. Lorsqu’elles sont articulées avec intelligence, elles permettent de former des individus enracinés, éclairés et ouverts au dialogue.

La culture donne sens et profondeur à l’éducation ; elle nourrit l’imaginaire, façonne les valeurs, enseigne l’écoute, la mémoire, la dignité et le respect. L’éducation, à son tour, donne aux jeunes les clés pour comprendre, transmettre et transformer leur environnement.

Dans cette optique, la cohésion nationale ne peut être décrétée : elle se construit, au quotidien, par des pratiques éducatives respectueuses et par une valorisation de toutes les composantes culturelles du pays. C’est ce lien fondamental que le Festival International Zogben s’emploie à renforcer.

La culture peut-elle vraiment être un levier de paix dans le contexte béninois ?

Oui, et nous en sommes profondément convaincus. La paix véritable ne se limite pas à l’absence de conflits : elle suppose des conditions sociales, mentales et symboliques favorables à la reconnaissance mutuelle et à la justice sociale. Et la culture est sans doute le vecteur le plus puissant pour façonner ces conditions.

Dans un contexte régional marqué par des tensions identitaires et des tentatives de radicalisation, la valorisation des patrimoines, des rites, des récits partagés et des langages symboliques devient un acte politique fort, de réappropriation et de pacification.

À travers la parole des artistes, les savoirs traditionnels, les rites de réconciliation, les films éducatifs, les espaces de transmission et les rituels collectifs, le Festival Zogben se veut un laboratoire de paix, un creuset d’unité et une lampe allumée au cœur de la diversité béninoise.

Quels sont les grands moments à ne pas manquer cette année ?

La 5ᵉ édition du Festival International Zogben s’annonce particulièrement dense et plurielle. Pour la première fois, le festival s’étendra sur deux semaines, offrant un véritable voyage culturel à travers le Bénin profond. Les moments phares à ne pas manquer sont d’abord la cérémonie officielle du samedi 26 juillet 2025 à Parakou, qui consacrera la journée solennelle du festival sur le territoire national, avec la présence attendue d’autorités, de partenaires et d’invités internationaux.

Ensuite, la Soirée de la Flamme d’Or, prévue le 1ᵉʳ août 2025 à 20h00, constituera le point d’orgue du festival, dans un esprit de reconnaissance, de transmission et d’engagement pour l’excellence culturelle.

Parmi les autres temps forts, on peut mentionner le Marché 100 % Bénin, les concerts en partenariat avec la Chambre des Métiers de l’Artisanat, la journée dédiée à la lutte africaine en collaboration avec la Fédération béninoise de lutte, et une journée d’initiation à la chasse à la battue, organisée avec l’Association des chasseurs à la battue du Bénin.

Enfin, deux projections de films éducatifs majeurs (Le rêve de Kadi et Chaleur à Nasuba) enrichiront la programmation, avec des débats citoyens à la clé.

Quelle place occupe la causerie scientifique dans cette édition ?

La causerie scientifique occupe une place centrale dans l’architecture intellectuelle du festival. Elle est conçue non comme un simple moment d’échange académique, mais comme un temps de réflexion collective sur les enjeux fondamentaux liés à notre mémoire, notre identité et notre avenir commun.

Cette année, la causerie s’articule autour du thème fédérateur de l’union dans la diversité. Elle sera animée par des personnalités de haute valeur morale et institutionnelle, alliant spiritualité, savoirs traditionnels et savoirs modernes. En cela, elle incarne l’esprit du Festival Zogben : faire dialoguer les générations, les disciplines, les territoires et les mémoires.

Nous y voyons un levier stratégique pour faire émerger des propositions concrètes, des regards croisés et des engagements en faveur de la cohésion sociale, de la paix et de la valorisation des patrimoines.

Parlez-nous de la Soirée de la Flamme d’Or et des critères de sélection des lauréats.

La Soirée de la Flamme d’Or est bien plus qu’un gala. Elle représente un acte de reconnaissance publique, un moment d’émotion et de transmission des valeurs d’excellence, de résilience et de contribution au bien commun.

Les lauréats sont rigoureusement sélectionnés selon des critères définis par le Comité d’organisation. Il s’agit entre autres de :

  • La constance dans l’engagement culturel ou éducatif,
  • La portée sociale ou communautaire des actions menées,
  • La contribution à la transmission des savoirs et valeurs du patrimoine béninois,
  • Et enfin, la capacité à inspirer les jeunes générations.

Chaque trophée de la Flamme d’Or est remis comme une lumière portée sur le chemin de la mémoire et de l’avenir. Cette cérémonie est également marquée par une dimension festive avec des prestations artistiques de qualité, dans une ambiance sobre, élégante et profondément symbolique.

Quels artistes ou figures culturelles marquent cette édition ?

Sans tout dévoiler, nous pouvons dire que cette édition accueille un large éventail de talents intergénérationnels, représentatifs de la richesse culturelle béninoise. Des figures emblématiques, des artistes engagés, des groupes traditionnels de renom mais aussi des jeunes pousses de la scène contemporaine béninoise viendront porter la voix de leur territoire.

Des artistes de la diaspora et des invités internationaux comme la Compagnie Maloba seront également présents, illustrant ainsi l’ambition transnationale du festival. L’identité visuelle, sonore et gestuelle de cette 5ᵉ édition sera donc un savant mélange de racines et de modernité, d’authenticité et de créativité.

Comment avez-vous sélectionné les intervenants et partenaires de la programmation ?

La sélection des intervenants et des partenaires repose sur une double exigence : la qualité et la cohérence avec la vision du festival. Nous avons privilégié des acteurs et actrices qui, par leur parcours, leur expertise ou leur ancrage communautaire, incarnent les valeurs de transmission, de dialogue interculturel et d’éducation à la paix.

Quant aux partenaires, ils ont été choisis sur la base d’une volonté commune d’investir dans un projet culturel durable, inclusif et rayonnant. Le partenariat avec les mairies de Parakou et de Bordeaux, par exemple, traduit cet esprit de collaboration décentralisée, de diplomatie culturelle et de responsabilité partagée dans la valorisation du patrimoine immatériel béninois.

Chaque intervenant, chaque partenaire, chaque appui est ainsi un maillon essentiel dans la chaîne de lumière que Zogben s’efforce de tisser d’année en année.

Pourquoi avoir choisi Parakou pour la 5ᵉ édition ?

Parakou n’est pas seulement la plus grande ville du Nord-Bénin, c’est un véritable carrefour culturel, économique et symbolique du septentrion. Choisir Parakou pour cette 5ᵉ édition, c’est faire le choix de l’équité territoriale et de la reconnaissance de la richesse culturelle du Nord, trop souvent marginalisée dans les grands circuits artistiques nationaux.

Parakou représente aussi un territoire de rencontre et de brassage ethnique : Bariba, Dendi, Peulh, Baatonou, Yoruba du Nord, entre autres, cohabitent dans une diversité impressionnante. Cette mosaïque fait écho au thème central de cette édition : « Union dans la diversité ». L’organisation du festival dans cette ville emblématique s’inscrit donc dans une volonté de décentralisation culturelle, mais aussi d’inclusion des populations du Nord dans les dynamiques de valorisation patrimoniale.

Comment le festival valorise-t-il les cultures du Nord-Bénin ?

Le festival a conçu une programmation spécialement ancrée dans les réalités culturelles du septentrion. D’abord à travers les danses patrimoniales et cultuelles, la lutte traditionnelle notamment la lutte africaine ainsi que les contes et chants des peuples du Nord, intégrés à la scène comme à la transmission.

Ensuite, plusieurs artistes, groupes traditionnels, artisans et figures locales sont mis à l’honneur pour exprimer la mémoire vivante des territoires septentrionaux, que ce soit dans la musique, l’art culinaire, la chasse à la battue ou les savoir-faire artisanaux. C’est une forme de revalorisation directe des expressions souvent cantonnées à l’espace rural ou invisibilisées dans l’agenda national.

Enfin, Parakou devient pour deux semaines le centre névralgique du patrimoine nord-béninois, réaffirmant ainsi la diversité et la dignité culturelle de cette région, dans un esprit festif et intergénérationnel.

Quel rôle la diaspora joue-t-elle dans l’organisation et la réussite du festival ?

La diaspora est un levier fondamental du Festival International Zogben. D’une part, elle en est le moteur initial, puisque le festival a été pensé dès le départ comme un pont entre les territoires béninois et les communautés béninoises établies à l’étranger. D’autre part, elle contribue activement à son financement, à sa programmation et à sa diffusion.

Le Conseil des Béninois de France (CBF) incarne ce soutien structuré, en apportant un accompagnement institutionnel et financier. Plusieurs membres de la diaspora sont également intervenants, partenaires artistiques, mécènes ou communicateurs du festival.

Le regard extérieur qu’apporte la diaspora permet aussi d’introduire des nouvelles perspectives, des pratiques innovantes et un engagement citoyen fort autour de la mémoire et de la transmission. Le festival est donc aussi un lieu de retrouvailles, de retissage du lien diasporique, et de contribution au développement culturel local.

Quel est l’accueil des autorités locales, des chefs traditionnels et des habitants ?

L’accueil a été extrêmement favorable, à la fois chaleureux, symbolique et opérationnel. Dès les premiers échanges, les autorités locales en particulier la mairie de Parakou ont manifesté un fort engagement à accompagner le festival, tant sur le plan logistique qu’institutionnel.

Les chefs traditionnels ont également répondu présents, avec une ouverture admirable, conscients que leur rôle dans la valorisation du patrimoine est central. Ils sont partie prenante dans la programmation des danses cultuelles et des rituels de territoire, ce qui renforce la légitimité culturelle du festival.

Quant à la population, l’enthousiasme est palpable. De nombreux jeunes se sont portés volontaires, les artisans ont mobilisé leur savoir-faire, les communautés locales ont accueilli l’initiative avec une fierté collective. C’est un festival qui ne s’impose pas, mais qui s’ancre, qui respecte, qui dialogue avec le territoire.

Comment travaillez-vous avec les communes et les acteurs locaux ?

La démarche du festival repose sur une logique de co-construction. À chaque édition, un travail en amont est mené avec la commune d’accueil pour établir un protocole de collaboration clair, dans le respect des compétences et des réalités locales.

Nous organisons des réunions de coordination avec les autorités municipales, les services déconcentrés de l’État, les représentants de la chefferie traditionnelle, les associations locales et les artisans, pour assurer une programmation cohérente, inclusive et techniquement réaliste.

Cette édition ne fait pas exception : des accords ont été signés avec la mairie de Parakou, la préfecture, des fédérations sportives, et d’associations communautaires, afin que le festival soit à la fois un événement national et une opportunité locale de valorisation, de création d’emplois et de rayonnement culturel.

Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées cette année ?

Comme pour toute initiative ambitieuse, les défis ont été multiples. Le premier fut logistique, car organiser un événement d’ampleur nationale dans une ville comme Parakou, qui n’est pas encore dotée de toutes les infrastructures culturelles requises, demande une préparation méticuleuse, des ajustements constants, et parfois une capacité à improviser.

Nous avons aussi rencontré des obstacles financiers, liés à la rareté des fonds alloués à la culture en dehors des grandes métropoles. La recherche de partenaires, de sponsors et de mécènes est un travail de longue haleine qui suppose de convaincre, de rassurer et parfois de renoncer à certaines ambitions.

Enfin, le dernier défi a été humain : mobiliser les ressources locales, construire la confiance avec les autorités et les communautés, coordonner les équipes venues de divers horizons dans un esprit de cohésion, d’humilité et de service.

Quel a été le déclic pour surmonter les obstacles ?

Le véritable déclic a été la confiance renouvelée des populations et des partenaires institutionnels. Lorsque les mairies de Parakou et Bordeaux, le Conseil des Béninois de France, et plusieurs structures de la société civile nous ont manifesté leur soutien parfois sans même attendre d’être sollicités cela a agi comme un levier moral décisif.

Mais au-delà des soutiens, c’est la force de la vision qui nous a portées. Lorsqu’on sait pourquoi l’on fait ce que l’on fait, lorsqu’on mesure l’impact social, éducatif et identitaire que peut avoir un festival comme Zogben, les obstacles ne deviennent plus que des étapes d’apprentissage. Le déclic, c’est aussi la foi inébranlable que la culture peut transformer les sociétés, même dans des contextes difficiles.

Comment mobilise-t-on des financements pour un tel événement culturel ?

Mobiliser des financements exige d’abord de bâtir un projet solide, lisible, structuré et ancré dans des enjeux réels. Les bailleurs qu’ils soient publics, privés ou institutionnels ont besoin d’être rassurés sur la pertinence de l’initiative, la qualité de son ancrage territorial, et la capacité des organisateurs à porter la vision jusqu’au bout.

Ensuite, il faut faire preuve de créativité dans la recherche de ressources : solliciter les institutions locales, les ambassades, les opérateurs culturels internationaux, mais aussi les entreprises locales, les mécènes de la diaspora, et même les communautés via du financement participatif.

Enfin, il est essentiel d’établir une relation de confiance durable avec les partenaires, basée sur la transparence, la redevabilité et la valorisation de leur engagement.

Comment conjuguez-vous passion, vision artistique et organisation rigoureuse ?

C’est précisément l’une des clés de la réussite du Festival International Zogben. Il ne suffit pas d’aimer la culture ou d’avoir une bonne idée : il faut savoir structurer sa pensée, planifier, gérer une équipe, rédiger des budgets, anticiper les imprévus, tout en gardant vivante la flamme artistique qui est au cœur du projet.

La passion est le moteur. La vision donne la direction. Et l’organisation rigoureuse trace le chemin. Il faut donc sans cesse faire dialoguer ces trois dimensions, apprendre à déléguer, s’entourer de personnes compétentes, mais aussi savoir garder du temps pour se recentrer sur l’essentiel : l’impact humain, social et patrimonial de notre engagement.

Quelles sont les inspirations qui vous portent dans votre engagement culturel ?

Mes sources d’inspiration sont multiples. D’abord, les femmes et les hommes de nos villages, qui transmettent depuis des générations des savoirs, des chants, des gestes et des rituels, souvent sans reconnaissance ni visibilité. Ce sont eux, les véritables dépositaires du patrimoine vivant, qui m’inspirent profondément.

Ensuite, je puise ma force dans la mémoire de mes aïeules, dans leur silence résilient, dans leur lumière discrète, dans leur capacité à résister par la dignité. Zogben leur rend hommage à travers chaque tambour qui résonne, chaque flamme allumée, chaque conte raconté.

Enfin, je suis inspirée par la jeunesse béninoise, par son désir de se reconnecter à ses racines tout en s’ouvrant au monde. C’est pour elle que nous bâtissons ce festival : pour qu’elle sache d’où elle vient, ce qu’elle vaut, et jusqu’où elle peut aller.

Quel bilan tirez-vous des quatre éditions précédentes ?

Le bilan des quatre premières éditions du Festival International Zogben est à la fois riche d’enseignements, porteur d’espérance et lucide sur les défis encore à relever. Le festival s’est imposé comme un rendez-vous culturel majeur, à la croisée de l’identité, de la mémoire et de l’innovation sociale. Chaque édition a permis de reconnecter les citoyens à leur patrimoine, de renforcer le tissu communautaire, de révéler des talents et de rendre visibles des territoires parfois laissés en marge des politiques culturelles.

Mais ce chemin a aussi été semé d’embûches. Le modèle économique du festival reste fragile, faute d’un appui structurant des institutions, qui permettrait de pérenniser l’initiative et d’alléger le poids porté par la société civile. À Oké-Owo, c’est grâce à la mobilisation exemplaire de l’AGROD, une organisation locale, que la population s’est pleinement appropriée l’événement. À Houègbo-Agon, c’est l’engagement personnel de Sa Majesté Dada Glotchion Ganlo qui a donné à l’édition son souffle spirituel et communautaire. Ces deux expériences démontrent que quand les leaders locaux s’engagent, le peuple suit.

Ce que nous retenons, c’est qu’en dépit des obstacles, la flamme du Zogben s’enracine dans les cœurs, et l’adhésion populaire ne cesse de croître.

Quel est votre plus beau souvenir depuis le lancement du festival ?

Il y a eu des instants forts, des rencontres marquantes, mais s’il faut en retenir un, ce serait sans conteste l’édition d’Oké-Owo. La spontanéité, la ferveur et la générosité de la population locale ont transcendé toutes nos espérances. Ce n’était plus un simple festival : c’était un acte d’unité, un élan populaire, une célébration organique de notre identité.

Voir des enfants, des femmes, des anciens et des artisans porter fièrement les couleurs du Zogben, proposer leurs propres contributions artistiques ou cultuelles, m’a profondément émue. Ce jour-là, j’ai senti que le rêve devenait collectif, que le flambeau passait de main en main, et que le festival avait trouvé sa véritable vocation : être un miroir dans lequel chaque Béninois peut se reconnaître.

Qu’attendez-vous concrètement de cette 5ᵉ édition ?

Cette 5ᵉ édition est un tournant stratégique et symbolique. Elle doit démontrer que la culture n’est pas l’apanage du Sud ou des capitales administratives, mais qu’elle vibre dans chaque recoin du pays, y compris à Parakou, carrefour nordique trop longtemps exclu des grands rendez-vous culturels.

Concrètement, nous attendons de cette édition qu’elle soit :

  • Une preuve de justice territoriale, un signal fort d’un Bénin uni dans sa diversité.
  • Un levier de cohésion intergénérationnelle, par l’implication des jeunes, des sages et des femmes dans toutes les étapes du festival.
  • Une vitrine du patrimoine culturel immatériel et matériel du Bénin noir, avec des expressions variées : arts, artisanat, spiritualité, cinéma, gastronomie, lutte traditionnelle…
  • Une expérience immersive pour la jeunesse, facilitée par notre partenariat avec le Groupe BIOU. Ce n’est pas juste un voyage : c’est une initiation au Bénin profond.

 Avez-vous déjà une idée de la ville ou du département hôte pour la 6ᵉ édition ?

Oui. L’édition 2026 devrait se tenir dans le département de l’Ouémé, si les conditions sont réunies. C’est une région au riche patrimoine cultuel et historique, qui mérite d’être revalorisée à l’échelle nationale. L’annonce officielle sera faite à l’issue de cette 5ᵉ édition.

Nous prévoyons également, pour la première fois, un calendrier ajusté entre mai et août 2026, afin d’intégrer de nouveaux partenaires éducatifs et institutionnels dans la dynamique du festival.

Enfin, si vous aviez un message à adresser à la jeunesse béninoise, quel serait-il ?

Je dirais à la jeunesse béninoise ceci :

Le Bénin est un trésor. Et vous en êtes les gardiens.

Ne laissez pas l’histoire s’écrire sans vous. Ne croyez pas que la culture est une affaire du passé : elle est un levier pour votre avenir. Venez découvrir, venez célébrer, venez créer.

Ne restez pas spectateurs. Soyez acteurs. Soyez porteurs de mémoire et semeurs de paix. Le festival vous tend les bras. Grâce au partenaire transport BIOU, les barrières géographiques tombent : 12 000 francs pour un aller-retour entre Cotonou et Parakou, c’est une invitation au voyage, à la fierté, à l’unité. Du 21 juillet au 03 août sur la place Tabéra à Parakou.

Venez vivre le Bénin dans sa vérité, dans sa diversité, dans sa beauté. Venez allumer la flamme. Et surtout, devenez vous-mêmes des Zogben.

Carte d’identité

Femme d’engagement et de culture

Née le 12 septembre à Cotonou, Imelda Bada est la sixième d’une fratrie de sept enfants. Experte en gestion des risques, elle s’est engagée pour la promotion de la culture. Femme de parole et d’action, elle milite pour une réhabilitation de la dignité culturelle, une décentralisation effective du développement et l’institutionnalisation de passerelles entre culture, citoyenneté et économie. Elle croit fermement en la capacité de la jeunesse. Imelda Bada s’investit avec force dans la valorisation de la culture comme pilier de développement, de cohésion et de résilience.   « Je ne conçois pas la politique comme une simple quête de pouvoir, mais comme un espace d’impact structurant, un lieu d’action pour le bien commun. » précise-t-elle. Son objectif est clair : « Contribuer à la construction d’un Bénin plus juste, plus uni, plus conscient de ses forces culturelles et humaines. ». Elle  souhaite  surtout œuvrer à la réhabilitation de « notre dignité culturelle, à la décentralisation effective du développement, et à l’institutionnalisation des passerelles entre culture, citoyenneté et économie ».

A l’endroit des jeunes,  Imelda Bada leur prodigue ces quelques conseils : Imelda Bada : rester curieux, rester debout, rester lucides. « N’acceptez pas qu’on vous dise que vos rêves sont trop grands pour ce pays. Le Bénin d’aujourd’hui a besoin de jeunes courageux, enracinés, créatifs et solidaires. Faites-vous une place, mais surtout, créez des espaces pour d’autres. » Elle ajoute ceci avec insistance : « N’oubliez jamais : la culture, loin d’être un luxe, est une arme douce, un socle de résilience, une boussole d’émancipation ».

INTIMITE

Amoureuse de l’igname pilée

Imelda Bada est mère de quatre enfants, trois garçons et une fille. Elle les considère comme ses premiers partenaires. À ses côtés, son compagnon partage les mêmes valeurs de rigueur morale, de discrétion, de solidarité et d’amour du Bénin. Leur union, profonde et sans bruit, repose sur une foi commune en l’humain et au collectif. A table, elle aime beaucoup le gbôtà, une sauce à base de tête de mouton. Mais son véritable coup de cœur reste l’igname pilé, symbole de noblesse, de générosité et de convivialité.

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