
Face à la recrudescence de la piraterie des œuvres littéraires et artistiques, notamment dans l’univers numérique, le Bénin renforce sa riposte. Depuis le 20 mai dernier, une commission nationale de lutte contre la piraterie des œuvres culturelles a vu le jour. Composée de 11 membres, cette instance a pour mission de coordonner les efforts contre l’exploitation illicite des créations artistiques et littéraires. Invité de l’émission Matin de Bip Radio le mercredi 28 mai 2025, Cocou Eugène Aballo, directeur général du Bureau Béninois du Droit d’Auteur et des Droits Voisins (BUBEDRA) et membre de la commission, a exposé les grands défis qui attendent ce nouvel organe. Il a rappelé qu’il est important de protéger la création des auteurs contre toute utilisation illicite, qu’il s’agisse de contrefaçon ou d’exploitation non autorisée. « Qu’il s’agisse de la musique, des arts visuels, du théâtre, du cinéma, de la littérature, il est formellement interdit de les reproduire sans autorisation, de les transformer ou de les exploiter de quelque manière que ce soit », a-t-il signalé. Le digital, selon lui, est devenu le terrain privilégié des violations, avec des utilisateurs qui s’approprient des contenus pour des usages commerciaux sans autorisation. « Vous avez des gens qui prennent des œuvres, qui font la publicité de leur boutique avec, qui vous mettent un message ‘’Je n’ai aucun droit sur la musique’’, (…) Si je ne suis pas auteur, si je n’ai aucun droit, je ne suis pas autorisé à l’exploiter », a insisté le DG BUBEDRA.
Consciente de la complexité du problème, surtout en ligne, la commission envisage une stratégie multisectorielle impliquant les opérateurs télécoms, les structures de l’État, les forces de sécurité et les fournisseurs d’accès à Internet. « Vous êtes retracé, votre identité est connue et, à partir de ce moment-là, personne ne sera du reste dans ce combat », a fait remarquer Aballo. Il a également indiqué qu’une session de mise à niveau des membres de la commission est prévue en juin, pour renforcer leurs compétences sur les nouvelles formes de piratage et sur les évolutions du droit d’auteur à l’ère numérique. Le directeur général du BUBEDRA n’a pas manqué de dénoncer des formes méconnues mais courantes de piraterie, notamment les reproductions non autorisées d’images emblématiques sur des produits commerciaux, la contrefaçon de livres au programme scolaire, l’exploitation illégale d’œuvres visuelles, et autres. « Beaucoup pensent qu’on ne peut pas pirater une œuvre d’art visuel et pourtant, c’est le secteur dans lequel, aujourd’hui, le piratage de contenus culturels foisonne », a-t-il alerté, citant l’exemple d’entreprises qui utilisent l’image de l’Amazone béninoise ou des symboles nationaux sur des t-shirts, des tasses ou des emballages, sans aucune autorisation.
Dans les prochaines semaines, la commission mettra en place un document cadre stratégique définissant les axes de son action, notamment la sensibilisation du public, la formation des créateurs, la répression des contrevenants et autres. « Tous les moyens seront utilisés pour que tous les acteurs comprennent les enjeux, parce qu’au-delà de ce que nous disons, c’est le cœur de l’économie culturelle et créative qui est touché lorsqu’on laisse la belle vie au piratage des contenus culturels », a conclu Eugene Aballo.
Augustin HESSOU