
Le Bénin confirme son attractivité sur le marché régional des titres publics. Ce 7 août 2025, le Trésor public a lancé une émission de Bons Assimilables du Trésor (BAT) à 91 jours, visant à mobiliser 30 milliards de FCFA. Les investisseurs ont répondu présents, et même au-delà : 64,97 milliards de FCFA d’offres ont été déposées, soit plus du double du montant recherché. Résultat, l’État a décidé de lever 33 milliards, soit 110 % de son objectif initial.
Autrement dit, le marché en voulait beaucoup plus, mais le Trésor a choisi de rester sélectif, acceptant seulement la moitié des montants proposés (50,8 %), pour garder la maîtrise du coût de l’opération.
Des taux en légère baisse, signe de confiance accrue
Le rendement moyen pondéré s’établit à 5,20 %, légèrement en dessous des 5,34 % de l’opération similaire du 18 juillet dernier. Le taux marginal, c’est-à-dire le taux le plus élevé accepté, est de 5,24 %. Cette baisse, même modeste, est un signal positif : elle montre que les investisseurs sont prêts à prêter au Bénin à un prix un peu plus bas qu’il y a trois semaines, preuve que la confiance se renforce.
Ici, il faut bien comprendre que 5,20 % est le taux appliqué uniquement pour 91 jours. Ce taux est plus élevé que le coût moyen de toute la dette du Bénin, qui est de 3,4 %, mais cela ne veut pas dire que le pays paie soudainement plus cher. Comme il s’agit d’un prêt à très court terme, l’impact sur le budget est faible. En clair, ce 5,20 % est une prime raisonnable offerte aux investisseurs pour placer leur argent sur une courte période, sans que cela ne pèse lourdement sur le service global de la dette.
Une répartition géographique révélatrice
Le détail par pays montre où se situe l’appétit pour la dette béninoise. Les investisseurs nationaux arrivent largement en tête : sur les 30,71 milliards de FCFA proposés par le Bénin lui-même, 18,42 milliards ont été retenus. Le Togo se place en deuxième position avec 15 milliards proposés et 9,53 milliards acceptés. Le Sénégal a offert 10 milliards, mais seuls 2 milliards ont été retenus.
Le Mali et le Niger ont chacun vu leurs offres partiellement acceptées (1,525 milliard pour chaque pays). En revanche, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée-Bissau ne repartent avec aucun titre dans cette opération.
Cette concentration des allocations sur un petit groupe de pays — essentiellement Bénin, Togo et Sénégal — traduit une confiance forte et ciblée sur ces places financières.
Comparaison régionale : le Bénin garde l’avantage
En comparant avec les dernières émissions régionales, le Bénin affiche un profil compétitif.
- Sénégal : le 3 juillet 2025, émission de BAT à 12 mois à un taux moyen de 7,18 % pour 14 milliards levés.
- Togo : le 7 février 2025, BAT à 91 jours à 6,68 % pour 27,5 milliards levés.
- Côte d’Ivoire : le 17 juillet 2025, obligations à 3 ans à environ 7,41 %, avec une couverture à 149,9 %.
Face à ces taux, le Bénin se distingue avec un rendement plus bas sur le court terme, ce qui signifie que les investisseurs acceptent de prêter à un coût plus réduit, preuve d’une bonne perception du risque.
Et la dette publique dans tout ça ?
L’enchaînement d’émissions comme celle-ci pourrait inquiéter sur la dette publique, mais les chiffres sont rassurants. Selon le dernier bulletin de la Caisse Autonome de Gestion de la Dette, au 31 mars 2025, l’encours total s’élevait à 7 256,5 milliards de FCFA, soit 51,1 % du PIB projeté. C’est bien en dessous du plafond de 70 % fixé par l’UEMOA.
La dette est en grande partie à taux fixe (98,5 %), ce qui protège le pays contre les hausses de taux. Sa durée moyenne est de 9,3 ans, ce qui limite les risques de refinancement à court terme. Et surtout, le Bénin honore ses engagements sans retard : aucun arriéré n’est signalé.
Les agences de notation le confirment. En février 2025, Moody’s a relevé la perspective de la note souveraine B1 de “stable” à “positive”, et Fitch maintient sa note B+ avec perspective stable. Ces évaluations récompensent la transparence et la rigueur de la gestion économique béninoise.
Un message fort envoyé aux investisseurs
Cette opération du 7 août envoie un signal clair : le Bénin sait séduire les investisseurs tout en restant prudent. En levant plus que prévu mais à des taux légèrement plus bas, le pays montre qu’il est capable de financer ses besoins immédiats de trésorerie à coût contenu.
Pour un investisseur, ces bons du Trésor à 91 jours offrent un couple rendement/sécurité particulièrement attractif. Avec une dette soutenable, une gestion proactive et une demande qui dépasse largement l’offre, le Bénin continue de s’imposer comme une valeur sûre dans le paysage financier régional.