
Le Bénin vient de marquer un nouveau succès sur le marché régional. Le 18 juillet 2025, le Trésor a levé 33 milliards de FCFA à travers une émission de bons du Trésor à 91 jours, dépassant ainsi son objectif initial de 30 milliards. La demande des investisseurs a été massive : près de 98,9 milliards de FCFA ont été offerts, soit un taux de couverture de 329,6 %. Cette sursouscription traduit la confiance des investisseurs dans la signature béninoise, surtout sur les maturités très courtes.
Le rendement moyen pondéré ressort à 5,34 %, tandis que le taux marginal s’établit à 5,33 %, plaçant le Bénin parmi les pays les plus compétitifs de la zone sur ce segment. Malgré la forte demande, seuls 33,4 % des offres ont été retenues, ce qui témoigne d’une gestion prudente pour maintenir les coûts à un niveau optimal.
Répartition géographique
La répartition géographique des souscripteurs confirme une confiance régionale étendue. Le Sénégal se positionne en tête avec 11 milliards de FCFA, suivi du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire avec chacun environ 8 milliards. Le Bénin arrive en quatrième position avec 5,4 milliards, tandis que le Togo complète la liste avec 582 millions. Cette diversité des investisseurs est un atout pour la liquidité du titre sur le marché secondaire.
Comparée à l’opération de juin, la progression est notable. Le mois dernier, le Bénin n’avait levé que 6,5 milliards sur un bon à six mois, malgré une demande de 67 milliards, à un taux moyen de 5,72 %. En un mois, le pays a donc levé cinq fois plus, tout en réduisant le coût de son financement. Cette évolution illustre une stratégie adaptée, profitant d’un marché favorable pour renforcer la trésorerie à moindre coût.
La dette publique reste sous contrôle
Cette dynamique soulève une question légitime : ces emprunts répétés alourdissent-ils la dette publique ? Les chiffres officiels montrent que la situation reste maîtrisée. À fin mars 2025, l’encours de la dette du Bénin s’élève à 7 256,5 milliards de FCFA, soit 51,1 % du PIB projeté, un niveau largement en dessous de la norme communautaire fixée à 70 %. La structure de cette dette reste stable : 75,5 % à l’extérieur, mais à taux majoritairement fixe, ce qui limite les risques liés à la fluctuation des taux. Le coût moyen est de 3,4 %, bien inférieur aux taux des émissions récentes, grâce aux prêts concessionnels. Par ailleurs, le Bénin continue d’honorer ses engagements sans retard, un élément essentiel pour la confiance des investisseurs. Les agences de notation confirment cette solidité : Moody’s maintient la note B1 avec une perspective positive, et Fitch conserve B+ avec une perspective stable.
Ces indicateurs confirment que la dette du Bénin, bien qu’en progression, reste soutenable. La stratégie actuelle permet à l’État de combiner flexibilité et prudence : emprunter à court terme pour gérer la trésorerie tout en sécurisant des financements à long terme sur des bases favorables.
Encadré
Les émissions récentes dans l’UEMOA
Pays | Date d’adjudication | Instrument et échéance | Montant levé (milliards FCFA) | Taux de couverture (%) | Taux moyen pondéré |
Bénin | 18/07/2025 | BAT 91 jours | 33,0 | 329,6 | 5,34 % |
Côte d’Ivoire | 17/07/2025 | OAT 3 ans | 44,14 | 149,9 | 7,41 % |
Sénégal | 03/07/2025 | BAT 12 mois (364 j) | 14,0 | 100,0 | 6,70 % marginal, 7,18 % moyen |
Togo | 07/02/2025 | BAT 91 jours | 27,5 | 129,7 | 6,68 % |
Olivier ALLOCHEME