Ce que vous devriez savoir : Selon le Sustainable Development Report 2025, le Bénin affiche la plus forte progression au monde depuis 2015 en matière d’Objectifs de développement durable (ODD). Avec un bond spectaculaire de +X points sur l’indice SDG, le Bénin dépasse largement la moyenne régionale (+5,4) et mondiale, et devance ses voisins tels que le Togo (+13,3) et la Côte d’Ivoire (+13,0). Ceci grâce à la volonté politique traduite en réformes structurelles destinées à renforcer la gouvernance, les capacités institutionnelles, ainsi qu’une mobilisation stratégique des financements publics notamment à travers l’Eurobond ODD de 2021 et privés. Cette performance reflète une politique nationale volontariste s’appuyant sur une gouvernance publique renforcée, des réformes structurantes et des investissements soutenus dans les secteurs clés tels que la santé, l’éducation, l’énergie, et surtout l’accès à l’eau potable. En effet, l’accès à l’eau potable en milieu urbain constitue l’une des avancées les plus significatives. Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2021–2026 en fait une priorité, avec pour objectif l’accès universel à l’eau potable dans les zones urbaines. La Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) dessert aujourd’hui 69 des 77 chefs-lieux communaux, contre 61 en 2016, avec un taux de desserte passé de 54 % à 74,7 % en huit ans. Aussi, une réforme de restructuration et de modernisation de la SONEB est en cours. Elle prévoit la création de deux entités distinctes : la Société Béninoise des Infrastructures d’Eau (SoBIE) en charge du patrimoine et une future société dédiée à l’exploitation urbaine, pour une gestion plus efficace. En parallèle, la digitalisation des services à la clientèle permet aujourd’hui le paiement numérique des factures d’eau, améliorant sensiblement la relation avec les usagers.

Entre les lignes : Ces réformes ont permis également l’installation des équipements modernes de production, de traitement et de distribution d’eau potable dans de nombreuses villes. C’est pourquoi en fin décembre 2024, le nombre d’abonnés est passé de 246 908 en 2016 à 349 343, soit une progression de 41,5 %. Le réseau s’est étendu à 8 376 km contre 6 032 km en 2016. Le volume annuel d’eau produite atteint 61,34 millions de m³, contre 49,5 millions en 2016, soit une hausse de 23,9 %. Au total, 5,46 millions de personnes sont desservies sur une population urbaine estimée à 7,3 millions portant ainsi le taux de desserte urbaine à 74,7 %. En perspectives d’ici la fin de l’année 2025, plusieurs chantiers structurants devraient être achevés précisément les travaux d’urgence dans les zones d’Akpakpa et Agblangandan seront livrés en août 2025 ; les forages dans les villes de Karimama, Cobly, Gogounou, Natitingou, Toucountouna et Copargo, financés par le partenaire néerlandais Invest International. A tout cela, s’ajoutent le démarrage des travaux d’infrastructures hydrauliques à Lokossa et Athiémé, la finalisation des installations pour l’alimentation en eau des infrastructures touristiques de Ouidah et Avlékété ainsi que les études techniques pour les villes de Comè, Grand-Popo, Houéyogbé, Bopa et Kpomassè. En milieu rural, la stratégie gouvernementale vise une couverture universelle d’ici 2026. Le taux de couverture est passé de 42 % en 2016 à 82,1 % fin 2024, grâce au déploiement massif de Systèmes d’Alimentation en Eau Potable multi-Villages (SAEPmV), de Postes d’Eau Autonomes et de raccordements dans les écoles. Un appui récent de la Banque Africaine de Développement (BAD) permet d’accélérer la construction de 20 nouveaux systèmes. À fin 2024, 144 chantiers étaient ouverts dont plus de 32 % déjà achevés. Pour l’année 2025, quinze nouveaux chantiers ont été lancés.
Par ailleurs : Le programme vise à desservir 5 millions de personnes supplémentaires en zone rurale. Ces avancées sont pilotées par l’Agence Nationale d’Approvisionnement en Eau Potable en Milieu Rural (ANAEPMR). Depuis sa création, l’agence s’est distinguée par une gouvernance fondée sur la performance et la transparence et a introduit plusieurs innovations. Il s’agit entre autres, du déploiement de 123 Postes d’Eau Autonomes solaires amovibles dans les écoles à cantine, de la mise en place d’un système de supervision électronique en temps réel des ouvrages hydrauliques, du déploiement d’un modèle de gestion déléguée avec des opérateurs privés professionnels pour garantir un service de qualité, de l’uniformisation du tarif social à 15 FCFA les 25 litres dans toutes les localités rurales du pays et de la promotion des branchements particuliers à domicile à 10 000 FCFA. Parallèlement, l’ANAEPMR investit dans la sensibilisation communautaire, la formation des acteurs locaux et le renforcement de la participation citoyenne afin d’assurer la pérennisation des services. Avec pour objectif d’atteindre 100 % de couverture rurale d’ici fin 2026, l’agence prévoit de finaliser plus de 300 nouveaux systèmes multi-villages déjà planifiés ; d’étendre les raccordements aux écoles, centres de santé, marchés et foyers isolés ; de consolider la maintenance préventive et durable des infrastructures et d’intensifier la digitalisation du suivi et la mise à jour des bases de données hydrauliques. À l’horizon 2026, le Bénin ambitionne de devenir le premier pays d’Afrique à garantir un accès universel à l’eau potable en zone rurale. Malgré ce succès, le rapport souligne qu’aucun pays n’est actuellement en voie d’atteindre les 17 ODD d’ici 2030. Parmi les principaux obstacles figurent les contraintes fiscales, les pressions budgétaires, ainsi que les chocs économiques mondiaux, notamment l’inflation et les tensions climatiques. Néanmoins, la trajectoire du Bénin démontre qu’une stratégie cohérente, appuyée par des partenariats solides, peut accélérer les progrès. Pour maintenir cette dynamique, le rapport recommande de poursuivre la modernisation de la SONEB, d’adapter la tarification, d’étendre les réseaux, d’accélérer la digitalisation des services publics, et de renforcer les partenariats public-privé pour attirer davantage d’investissements dans les infrastructures.