
Quelles sont les principales réformes au niveau de l’ANaTT ?
L’ANaTT est en reforme.
Secteur de l’immatriculation
Depuis 2021, l’Agence Nationale des Transports Terrestres a initié d’ambitieuses reformes dont on peut citer celles relatives à l’immatriculation des engins à 02 et 03 roues. Parlant de l’immatriculation des motos, on a mis en place la pré-immatriculation qui permet aux concessionnaires, déjà au niveau du cordon douanier, de payer les frais d’immatriculation. Là, ça permet à l’usager à qui on concède la moto de ne plus se poser la question de comment faire pour l’immatriculer. Il lui suffit d’ajouter son CIP aux papiers d’achat et de se rendre à l’ANaTT pour le retrait de sa carte grise. Une réforme dont l’effectivité vient booster le projet de la campagne « Zéro moto non immatriculée en République du Bénin ».
Secteur Permis de conduire
La réforme que nous avons conduite, c’est surtout la dématérialisation. Le candidat compose sur un Smartphone. Son résultat est connu sur le champ. De la même manière pour sécuriser la pratique, on a installé des caméras de surveillances pour répondre aux contestations possibles des candidats. En plus de ça, pour ne pas trafiquer les résultats après, dès que le candidat finit, l’examinateur est en droit de lui donner une note en même temps. Il saura s’il est admis ou pas.
Quel est le bilan de tout ce que vous avez annoncé ? Est-ce que c’est déjà mis en application ?
Ce que je vous ai annoncé ne sont pas des projets, ce sont des réformes qui sont mises en exécution et qui ont porté leurs fruits dans la mesure où les parties prenantes, que ce soit les promoteurs des auto-écoles ou les examinateurs, adhèrent de manière à ce qu’on puisse travailler main dans la main. C’est dire qu’il y a une confiance qui renait par rapport à ce qui se faisait auparavant.
Avant d’aller à l’examen du permis de conduire, les moniteurs se chargeaient de collecter quelques billets auprès des candidats pour leur assurer une réussite. Est-ce que ces réformes ont permis de bannir ces pratiques ?
Ce sont ces pratiques qui ont souvent éclaboussé notre système d’organisation du permis de conduire. C’est pourquoi on en est arrivé à la dématérialisation. Avant, ce sont les examinateurs qui corrigeaient les copies. C’est pour cela qu’on avait mis en place un système d’anonymat. Mais avec la dématérialisation aujourd’hui, le candidat écoute les questions et à l’aide de son Smartphone répond. Au bout de cinq minutes, le résultat apparait suivi du corrigé type.
On ne peut plus être à la maison et réussir à l’examen du permis de conduire ?
Quand on dit auparavant qu’on pouvait rester à la maison et avoir le permis de conduire, moi ça me fait rire. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas rester à la maison et avoir votre permis de conduire. Et je vais vous le dire, ceux qui ont tenté se sont retrouvés en prison. La dernière fois, ça s’est produit à Ouidah, et ceux qui l’ont fait sont en prison. C’est dire aujourd’hui, que les gens se sont rendu compte qu’on ne peut plus aller à l’examen du permis de conduire et réussir par la fraude. Et pour contourner, ils essaient de se faire remplacer par quelqu’un qui connait un candidat ou un moniteur. Et quand ça arrive on le détecte.
Le contrôle est fait au moment où on vous appelle pour entrer en salle. La dématérialisation est si poussée que votre photo apparait sur le portable. Chaque candidat a un code et quand vous l’entrez, votre photo apparait. A ce stade là, vous vous arrêtez et on vient contrôler sur votre Smartphone la personne qui apparait. Il y a alors deux types de contrôles qui se font.
Et pour ce qui concerne la conduite elle-même, qu’en est-il ?
Je vais vous dire qu’actuellement, nous sommes beaucoup plus poussés dans la réforme concernant la pratique. On a dans un premier temps, installé des caméras de surveillance pour enregistrer ce que font les examinateurs. Actuellement, on est en train de dématérialiser la conduite si bien que les examinateurs n’auront plus à évaluer les candidats en écrivant sur des papiers et qu’on soit capable de venir encore pour effacer ou refaire. On a d’abord commencé par interdire toute rature. Quand l’examinateur donne une note à une étape donnée, c’est-à-dire quand on prend l’examen pratique, il y a sortie du garage, si vous écrivez demi et après vous transformez en 1, c’est une rature. Là, on doit vous poser des questions et si vous n’avez pas été vraiment justificatif concernant cette pratique, on consulte la caméra. Là, on peut vous suspendre pour une durée indéterminée. Ce que je vous dis là, ce n’est pas en projet, on l’a déjà expérimenté. Maintenant, c’est sur des tablettes que les examinateurs doivent noter.
Pour les candidats analphabètes, que faites-vous ?
Vous savez, tout le monde n’est pas analphabète pour ce qui concerne les Smartphones. Tout le monde sait utiliser l’Androïde. Au fait, ceux qui sont analphabètes, les questionnaires sont joués dans la langue choisie par le candidat lui-même. A l’auto-école, on a besoin suffisamment de t’apprendre que ce sont des questions à choix multiples. Et pour répondre, il suffit de cocher les cases. Avant, c’était avec Bic sur papier mais maintenant, ce sont des case. Il faut les cocher simplement en mettant le doigt.
Vous donnez le sentiment que les réformes ont permis de crédibiliser le système d’examen désormais. C’est cela ?
Ce n’est pas nous qui le disons, ce sont nos partenaires qui le disent et je vous ai dit tout à l’heure que la crédibilisationdu système que nous voulons mettre en exécution actuellement et qui a connu sa phase pilote, est encore beaucoup plus améliorée. On a formé les moniteurs d’auto-école qui ont tous apprécié.
Depuis plus de 5 ans, vous faites payer à vos clients des prestations. Si nous prenons la candidature au permis de conduire, ça fait longtemps que les gens paient des sommes dans le cadre du permis numérique sans l’avoir encore. Qu’est-ce qui bloque ?
Ce n’est pas depuis cinq ans qu’on leur faisait payer de l’argent. Au fait, pour le permis dans la sous-région, c’était le Bénin qui pratiquait le taux le plus bas. Et puis, ça ne reflète pas le travail qui est fait pour organiser l’examen de permis de conduire. En plus de ça, les examinateurs que vous voyez sont payés et le taux que nous payons aux examinateurs ne reflète pas les taux habituellement payés, si bien qu’il y a des revendications, donc on est obligé de hausser un peu le taux pour que ça soit accessible et conforme aussi à la prestation que nous offrons. Je vais vous dire que nous tenons à la sécurisation de la carte du permis.
La délivrance du permis de conduire prend combien de temps ?
Aujourd’hui, dès que vous passez votre permis de conduire, à la publication des résultats, le lundi qui suit déjà, c’est que vos attestations sont prêtes pour vous permettre de conduire si vous voulez et les données sont extraites et envoyées en version électronique à l’ANIP et ça ne dure plus.
Pour nos parents qui sont au village avec d’anciennes motos, comment vous allez aménager pour régler le processus d’immatriculation pour leur permettre de continuer à circuler ?
Au fait, quand on a dit « zéro moto non immatriculée en République du Bénin », nous sommes en partenariat avec beaucoup de mairies. On y a des points focaux qui échangent avec nous. Pas plus tard que vers le mois de septembre et octobre 2024, on est allé faire des immatriculations à Kétou et Pobè. Nous savons que dans des départements surtout au Nord actuellement, il y a ce projet qui est en exécution où nos chefs annexes sont en train de mener des campagnes foraines de proximité. Ces campagnes, ce n’est pas pour la première fois mais actuellement, on a mis tellement d’autres possibilités à la disposition des usagers pour leur faciliter la tâche. C’est pour cela que nous avons pensé à la pré-immatriculation, pour que celui qui va acheter sa moto chez un concessionnaire, disons même un détaillant de la place qui est allé acheter chez un grossiste, il puisse déjà avoir la quittance de reçu qui permet d’immatriculer sa moto sans même dépenser un sou. Le CIP joint à son dossier, est largement suffisant pour immatriculer sa moto, encore que quand nous parlons de pré-immatriculation, la moto est déjà dans la base. Mieux, nous avons parlé de module concessionnaire. Aujourd’hui, nous avons déjà noué ce partenariat avec les grands groupes, si bien que dès qu’ils achètent leur moto, on leur délivre des quittances pré-immatriculées avec les plaques en même temps. Le châssis est déjà attaché à un numéro d’immatriculation si bien qu’on leur a donné la main à eux-mêmes pour qu’avec leur ordinateur, ils puissent accéder à notre logiciel. Et, ils vont seulement renseigner les coordonnées de la personne, c’est-à-dire nom, prénoms, adresse, numéro de téléphone, et ils tirent le certificat d’immatriculation qu’ils remettent à l’usager, lui fixent en même temps la plaque. Une semaine au plus, il vient à la l’ANaTT et prend sa carte grise.
Justement, par rapport à ça, ceux qui ont acheté leur moto il y a longtemps, on leur demande maintenant la facture normalisée, alors qu’entre temps, il n’y avait pas de facture normalisée.
Cela concerne ceux qui ont acheté leurs motos après la décision du service des impôts. Actuellement, si nous voyons sur le papier qu’on vous a délivré, si on doit demander facture normalisée, on le sait. On ne demande pas facture normalisée de façon systématique. C’est celui qui achète aujourd’hui, c’est à celui-là qu’on va demander la facture normalisée. Mais celui qui avait acheté en 2019 ou même en 2020 n’est pas concerné.
Mais quand on observe aujourd’hui, vous avez lancé il y a quelques semaines, un ultimatum pour le retrait des plaques. Qu’est ce qui explique l’abandon des plaques ?
C’est un fait que nous-mêmes nous avons constaté et nous avons lancé cet ultimatum là pour permettre aux gens de venir vraiment fixer les plaques. Et dans le même temps, notre intention n’est pas nécessairement de détruire leur plaque mais c’est de faire en sorte que les gens viennent fixer les plaques dans la mesure où je vous dis qu’actuellement nous sommes en train d’organiser des campagnes foraines pour aller non seulement fixer les plaques, mais aussi pour faire des immatriculations séance tenante. Puisque nos bases de données aujourd’hui sont sur internet, donc même de la maison on peut travailler. Moi, avec mon portatif à la maison, je travaille. Par exemple je suis venu ici avec mon ordinateur, l’imprimante et la plaque, je peux immatriculer une de vos motos et vous donner la carte grise. Donc aujourd’hui, notre objectif premier c’est de fixer et depuis qu’on a lancé l’ultimatum là, je vous assure que les gens viennent.
Ah bon ?
Oui, les gens viennent et les statistiques et les points réguliers que nos annexes nous font montrent réellement que les usagers viennent pour prendre leurs plaques.
Maintenant, si quelqu’un ne venait pas du tout faire le retrait, quel sera le sort de sa plaque ?
Vous savez, quand vous faites une immatriculation pour une moto ou pour un véhicule, c’est parce que vous en avez besoin que vous l’avez faite. Et si les gens ne viennent pas la chercher, ça nous inquiète aussi et on se dit « Mais ou bien c’est parce que ces motos ou bien ces véhicules n’existent plus que les gens ne viennent pas chercher. » Quelqu’un peut utiliser ces plaques pour les mettre sur une autre moto par exemple. Vous savez ce que ça peut faire. Celui-là qui a sa plaque et n’a plus sa moto, peut-être la moto est complètement gâtée qu’il l’a vendue aux recycleurs de ferrailles. Quelqu’un arrive à soutirer la plaque de cette moto, et va commettre un forfait. C’est le propriétaire de la moto qu’on va prendre. Et il va falloir qu’il aille se justifier jusqu’à ce qu’on se rende compte que les numéros de châssis ne sont pas les mêmes. Cela fait que si, éventuellement, à l’issue de l’ultimatum, les gens ne viennent pas, on sera dans l’obligation de détruire ces plaques.
Quel est le rapport que vous avez dans vos services entre l’immatriculation et la sécurité ?
Les deux sont liés. Vous savez, une moto sans immatriculation est un danger public.
Ça empêche la moto de circuler ?
Non. Si vous sortez d’ici maintenant, avant de faire peut-être un kilomètre, vous allez voir une moto sans immatriculation en train de circuler parce que l’usager qui a la moto ne peut pas se passer d’elle.
Comme vous le voyez à Avrankou…
Oui, j’en vois, effectivement. C’est pour cela que je dis que l’immatriculation et la sécurité sont liées. Dès que la moto est immatriculée, elle est répertoriée en même temps. Et comme c’est le cas actuellement avec les véhicules, on a la possibilité de l’identifier déjà à distance.
Malgré toutes ces réformes, on a appris que la France ne reconnait toujours pas le permis de conduire béninois. Qu’est-ce qui explique cela ?
Ce sont les mauvaises pratiques de corruption qui avaient éclaboussé notre permis de conduire. C’est ça qui sous-tend le fait qu’aujourd’hui, au vu de tout ce que je vous ai expliqué, la France ne reconnait pas notre permis de conduire. Je vais vous dire que nous sommes plus avancés que le Togo. Leur permis de conduire est reconnu par la France alors que le nôtre n’est pas reconnu. Cela reste le quotidien de l’ANaTT. Je pus vous dire que nous sommes à pieds d’œuvre pour redorer l’image de notre permis de conduire et ce n’est plus pour longtemps.
Ce qui se passe là-bas, c’est que l’Etat met à la disposition des candidats la voiture pour passer l’examen de conduite, ce n’est pas aux moniteurs de le faire.
On a pris bonne note et je vous dis que même avant de faire ce voyage, nous avons déjà en projet d’acquérir les véhicules. Le projet de test concernant la conduite en ville est déjà sur la table du ministre. Il faut que nos candidats soient performants dans la conduite. En conduisant, il faut qu’on constate que les conducteurs du Bénin sont vraiment performants. Vous savez, dans un passé lointain, il n’y avait pas d’auto-école. C’étaient les apprentis qui s’exerçaient chez les patrons. On leur donne le volant, ils apprennent d’abord à conduire avant d’aller apprendre le code et venir passer les examens. Ces conducteurs-là sont réellement performants. Et pour tendre un peu vers cet objectif de rendre les candidats performants, on est en besoin de séparer l’examen de code de l’examen pratique.
C’est-à-dire que si vous réussissez à votre examen de code, vous n’avez pas à faire la pratique tout de suite, vous allez continuer à vous former au niveau des auto-écoles pendant une période donnée avant de venir faire la pratique. Cela fait partie de nos projets et le test est déjà élaboré.
A quand maintenant la concrétisation de l’achat de véhicules d’examen ?
C’est un projet que nous avons fait pour 2025. Et je vous assure que quand nous sommes allés à Lomé, on en a vu, ça nous a épaté. Les véhicules examen, ils en ont de toutes sortes, que ce soient les gros porteurs ou les minibus, on a pris les spécificités. Et on est en partenariat avec la structure qui aujourd’hui achète les véhicules. On n’attend que la concrétisation et nous savons qu’au cours de l’année 2025, ça va se concrétiser.
Qu’est-ce qui explique la prolifération des auto-écoles ? Qu’est-ce que vous faites pour rendre le secteur assaini ?
Celui qui remplit les conditions peut ouvrir une auto-école. Mais il va falloir remplir les conditions. Votre question serait la bienvenue si vous parliez de la prolifération des auto-écoles clandestines.
A la date d’aujourd’hui, vous avez combien d’auto-écoles autorisées régulièrement connus par la direction des titres et transports ?
Nous on a plus de deux cents auto-écoles autorisées. Je ne vais pas donner de chiffres précis sinon je vais me faire des ennuis parce qu’il y a des informelles actuellement qui sont à tout moment en train de se mettre à jour. Peut-être qu’au moment où on est en train de parler maintenant, il y a une auto-école qui est en train de régulariser sa situation. Les auto-écoles se créent sans autorisation et forment des candidats. Comme nous on ne les reconnait pas, ils ne peuvent pas présenter ces candidats. Mais ces auto-écoles présentent leurs candidats grâce à la complicité des auto-écoles légalement reconnues. Ils passent par eux pour présenter les candidats. Mais ce qui est simple c’est que nous-mêmes, nous circulons dans la ville. Moi par exemple là où je suis, je dors à Avrankou et je suis à Cotonou tous les jours pour travailler. Donc sur mon parcours je vois les auto-écoles et si c’est une auto-école qui n’est pas reconnue, je l’interpelle. Je peux ne pas venir et je dis au chef annexe qui est territorialement responsable d’aller vérifier l’auto-école. Et quand nous arrivons qu’est-ce que nous faisons ? Vous êtes dans l’obligation de nous dire l’auto-école par qui vous passez pour présenter vos candidats. Et là, on donne un ultimatum à l’auto-école là de te suivre, de te coacher pour que tu puisses régulariser ta situation. Celui à qui on donne l’ultimatum là, il est suspendu au moins pour trois mois. Oui, il ne peut plus présenter des candidats parce que c’est lui qui favorise la clandestinité de l’autre. Donc on le suspend trois mois et dans les trois mois, il a l’obligation de coacher l’auto-école pour qu’elle régularise sa situation, sinon on ne lui ouvre plus la plateforme pour qu’il inscrive ses candidats.
C’est toujours dans le sens de l’assainissement que vous envisagez réunir dans un creuset les associations, comment vous comptez venir à la concrétisation de ce projet ?
C’est déjà même une réalité pour réunir les moniteurs, les promoteurs d’auto-écoles, les examinateurs et même les candidats. C’est-à-dire la nouvelle plateforme que nous avons mise en place, c’est pour permettre aux candidats d’être libres. Le candidat est libre de s’inscrire quand il finit sa formation. C’est-à-dire, le candidat choisit l’auto-école dans sa zone, l’auto-école qui lui convient. Après le choix, il demande à l’auto-école de lui faire l’affiliation. Donc il s’affilie à l’auto-école et quand il sera lui-même prêt et que l’auto-école va dire « Ah oui, je l’ai formé, il est prêt », ce candidat est libre de s’inscrire lui-même, ce n’est plus l’auto-école qui a l’obligation de l’inscrire. Lui-même s’inscrit et il paie ses frais d’inscription en ligne. Donc on a fait en sorte que les candidats ne soient plus les otages des auto-écoles. Parce qu’il y a que des candidats arrivent pour nous dire : « J’ai payé à l’auto-école qui m’a formé mais refuse de me présenter. » Donc, dans la plateforme qu’on est en train de faire maintenant, c’est ça qui est en train de fédérer l’ensemble des parties prenantes qui sont les examinateurs, les moniteurs, les promoteurs. Ils ont tous accès à cette plateforme pour s’inscrire et se faire identifier. Et pour s’inscrire sur la plateforme, c’est avec le NPI. Vous savez, c’est pour cela qu’en voulant faire la phase pilote, nous l’avons faite à Lokossa, Lokossa étant un petit centre où il n’y a pas beaucoup de candidats. Pour l’expérimenter, on s’est déplacé vers là-bas. Et c’est là-bas qu’on l’a fait et progressivement on va l’étendre. On a fait déplacer les promoteurs, les moniteurs et les candidats qu’on a formé. Toutes les parties prenantes qui étaient là sont d’accord sur le fait. Et c’est là que je vous disais que ça a annulé complètement la tricherie parce que cette nouvelle plateforme permet à chacun d’entendre son questionnaire sur le smartphone et il a un casque qu’il porte. Donc si nous étions venus à l’examen c’est que nous allons tous porter de casque et l’ordre des questions que vous recevez, ce n’est pas le même ordre de questions que voisin reçoit. Donc, ça a été mis en place, ça a été testé et puis c’est fédérateur.
Comment avez-vous réagi lorsque les députés ou candidats aux élections se sont plaints de ce qu’on leur a adressé des taxes pour des véhicules qu’ils n’utilisent plus depuis des années ?
Ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Quand vous vendez un véhicule à une autre personne, il faut veiller à ce que la mutation soit faite. Et je vous assure qu’ailleurs, les gens font la mutation avant de te céder le véhicule. Ils sortent même l’argent de leur poche pour la faire. Parce qu’il sait que dès que tu roules le véhicule sans que la mutation ne soit faite, c’est lui qui est responsable. Donc, un député qui donne un véhicule à quelqu’un doit s’assurer que la mutation a été faite. Car, s’il ne fait pas la mutation, le véhicule reste toujours en son nom. Nos bases de données sont aujourd’hui consultables par toutes les structures, notamment les impôts. Si bien qu’on sait déjà, à distance, que c’est une telle personne qui est propriétaire de ce véhicule pour lui adresser l’impôt.
Et si le véhicule est abandonné au garage ?
Il y a les procédures. Quand vous n’utilisez plus un véhicule, vous vous rapprochez de l’ANATT avec la carte grise. Vous faites une demande de retrait de circulation. Et là, l’ANATT prend la carte grise et vous donne un papier qui montre que votre véhicule est retiré de la circulation. Avec ce papier, tu n’as plus de soucis avec le service des impôts.
On paye combien pour cette formalité ?
C’est 10.000 Fcfa.
Comment se passent les examens de permis de conduire des gros porteurs ?
En fait, pour le permis de conduire des gros porteurs, il faut conduire et faire des manœuvres lors de l’examen. Pour ces manœuvres, il y a surtout la marche arrière. Et quand vous ne pouvez pas faire la marche arrière et tourner correctement et ça écrit Z, vous ne pouvez pas être autorisé. Puisque les examinateurs ne sont plus seuls à contrôler. Il y a une surveillance qui se fait. À chaque examen, nous envoyons aussi des superviseurs. Ce n’est pas le chef annexe seul et ses collaborateurs. Il y a un superviseur qui quitte la direction pour aller observer. On envisage même pour l’année 2025 de collaborer avec la police républicaine pour la supervision pour qu’il y ait un œil extérieur à l’ANATT.
C’est quoi la nouvelle réforme de la lettre de voiture électronique ?
La Lettre de Voiture Électronique communément appelée Système de Gestion de Fret Routier (SYGFR) permet de moderniser le secteur et de garantir un service de meilleure qualité aux acteurs du fret. Dans le souci de professionnaliser le métier de transporteur au Bénin, l’ANaTT a mis en place le SYGFR pour atteindre les objectifs de fluidification, de traçabilité du transport des marchandises en République du Bénin. Cette plateforme digitale permet à l’ANaTT d’octroyer la délivrance des autorisations et cartes de transports en ligne et de faciliter l’émission des lettres de voiture électronique pour tout Fret en provenance du Port Autonome de Cotonou et autres centres générateurs de Fret situés sur le territoire béninois. Le but est d’assurer à chaque usager de la plateforme, une mobilité efficace, efficiente et hautement sécurisée. La Lettre de Voiture Électronique vient renforcer la marche du Bénin sur le chemin de la modernisation du secteur des transports terrestres.
Le nombre de taxi moto s’accroît. Est-ce qu’il n’est pas temps de rendre obligatoire le permis de conduire des motos ?
Je sais que la police républicaine a commencé déjà par faire cas du permis de conduire pour les motos. Nous-mêmes avons, avec la Banque mondiale, des projets à l’intention de ces usagers motocyclistes pour leur faciliter les formalités de formation pour acquérir le permis de conduire. Nous sommes en train de voir dans quelle mesure agir pour que cela prenne. Le coût de formation pour le permis de conduire est élevé. Celui qui a sa moto et qui vient difficilement faire l’immatriculation qui s’élève à 11 500fcfa, quand vous lui demandez d’aller passer le permis de conduire tout de suite, ça lui sera difficile. On est en train de chercher des partenariats pour subventionner et aider les populations à avoir leur permis de conduire.
Comment s’est terminé le scandale qui a conduit votre ancien DG en prison
Je suis mieux placé pour vous répondre car je fais partie des cadres de l’ANaTT qui ont été interpellés par la Criet dans ce dossier. J’ai été même gardé à vue. Vous avez appris le non-lieu qu’il y a eu par la suite. Certains de nos collègues ont été même emprisonnés. J’étais le plus victimisé dans cette affaire parce que j’étais responsable du service informatique. Les agents de la Bef ont fait toutes les investigations nécessaires mais ils n’ont rien trouvé de si compromettant. Il y a eu deux chefs d’accusation : immatriculation de véhicules sans douane et corruption dans les marchés publics. C’était une fausse histoire. On est allé jusqu’au niveau des archives et on a fait des fouilles sur fouilles sans rien trouver. Je ne peux pas témoigner pour ce qui est de la passation de marchés publics, parce que j’ai quitté cette sphère depuis longtemps, mais en ce qui concerne l’immatriculation, on a filtré les véhicules réellement immatriculés dans la période fixée, on a sorti tous les dossiers on a contrôlé et on n’a identifié que deux cas de fausses immatriculations. Vous savez bien que dans tout ce que vous faites, il y a toujours des esprits malins qui peuvent vous tromper. Mais si ce n’est que deux dossiers sur des milliers qui se révèlent irréguliers, on devrait tirer chapeau à l’ANaTT. Je ne nous jette pas de fleurs. J’ai collaboré largement avec les agents de la brigade économique et financière (Bef) durant toutes les investigations. Ils sont allés jusqu’à perquisitionner chez moi, du salon jusque dans les chambres mais n’ont rien trouvé de compromettant. Toutes les personnes interpellées dans cette affaire ont été déjà libérées, et cela depuis juillet 2023.
CARTE D’IDENTITE
Un comptable polyvalent
Né en août 1970 à Adjohoun, Sonagnon Sorgesse Gbèmondji est un homme aux multiples facettes. Marié et père de huit enfants, il incarne la détermination et la résilience. Son parcours scolaire débute à Bonou, où il obtient son Certificat d’Études Primaires (CEP) en 1977, avant de décrocher un Bac D en 1989 à Porto-Novo. Poussé par sa soif de savoir, il repasse un Bac G2 alors qu’il est déjà à l’université, avant de s’orienter vers les sciences économiques et de soutenir avec succès son mémoire de maîtrise. Professionnellement, Sonagnon Sorgesse Gbèmondji a intégré l’Agence Nationale des Transports Terrestres (ANaTT) comme gestionnaire comptable. Son ascension au sein de cette institution témoigne de ses compétences et de son engagement. Il a en effet occupé plusieurs postes clés, notamment à la Direction des Études et Réglementations, à la Direction des Affaires Financières et comme Chef Service Informatique. Reconnu pour sa polyvalence, il a également été directeur départemental à plusieurs reprises. Depuis avril 2024, il occupe la fonction de Directeur des Titres et Transports, un poste stratégique qu’il gère avec rigueur.
Côté personnel, Sonagnon Sorgesse Gbèmondji est un père attentif qui encourage ses enfants à suivre leur propre chemin, même s’il nourrit une passion particulière pour les sciences informatiques. Son parcours de vie n’a pas été sans embûches : devenu père alors qu’il était encore étudiant, il a dû surmonter de nombreux obstacles après que son tuteur l’a abandonné. Pourtant, il considère cette épreuve comme un tremplin qui lui a permis de se forger une force de caractère.
INTIMITE
Simplicité
Sonagnon Sorgesse Gbèmondji aime les plaisirs simples de la vie. Passionné de football, il se consacre au sport chaque samedi. Mais à table, il apprécie des plats simples, avec une préférence pour la pâte accompagnée de sauce gombo et de poisson. Quant aux boissons, il aime savourer une bonne bière, mais ne refuse jamais un verre d’eau.