
À partir du 1er août 2025, les exportateurs sud-africains devront faire face à un choc économique majeur : une taxe douanière de 30 % imposée par le président américain Donald Trump sur les produits sud-africains importés aux États-Unis. Une décision unilatérale que le président Cyril Ramaphosa qualifie de « fondée sur une lecture erronée des données commerciales », et qui met en péril des milliards de rands d’échanges bilatéraux.
Une vision biaisée des échanges commerciaux ?
Dans un communiqué publié lundi soir, Ramaphosa a exprimé sa déception face à la mesure, affirmant que 77 % des produits américains entrent en Afrique du Sud sans droits de douane, tandis que les tarifs moyens sur les biens importés y atteignent seulement 7,6 %. Cette réalité contredit selon lui la logique de réciprocité évoquée par Trump.
Le président sud-africain s’est toutefois réjoui que Washington ait laissé la porte ouverte à des négociations qui pourraient infléchir cette décision. Il a appelé les entreprises sud-africaines à diversifier leurs marchés d’exportation pour atténuer le choc à venir.
Fin de l’AGOA en perspective ?
L’annonce de cette nouvelle taxe douanière pourrait marquer la fin de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act), un accord qui garantit un accès sans droits de douane à plus de 6 000 produits sud-africains (automobile, textile, agriculture) sur le marché américain. Pour l’opposition, notamment le Democratic Alliance (DA), c’est une menace directe pour des milliers d’emplois dans un pays où le chômage est déjà parmi les plus élevés du monde.
Le DA estime que cette crise doit pousser le gouvernement sud-africain à engager des réformes structurelles urgentes, notamment :
- l’ouverture du secteur énergétique à des acteurs privés ;
- la modernisation des ports et du fret ferroviaire ;
- la révision de la loi sur l’expropriation et du cadre sur la discrimination positive ;
- le renforcement de la lutte contre la corruption et la mauvaise gestion.
L’agriculture sud-africaine en alerte

Le ministre de l’Agriculture, John Steenhuisen, qui présentait mardi son budget pour 2025/26, a mis en garde contre les risques importants pour les secteurs agricoles exposés aux marchés américains, notamment les agrumes, les vins, les fruits à coque et le raisin de table.
Il a reconnu que de nouvelles négociations étaient urgentes, tout en soulignant que l’Afrique du Sud devait s’aligner davantage sur les standards attendus par ses partenaires commerciaux. « Nous devons comprendre ce que les États-Unis attendent réellement de nous et voir si c’est envisageable », a-t-il déclaré.
Le ministre s’est également engagé à protéger les producteurs touchés et à poursuivre les efforts d’ouverture de nouveaux débouchés à l’exportation. Une stratégie qu’il qualifie de prioritaire, encore plus cruciale à l’heure où les barrières commerciales se durcissent.
Une fenêtre diplomatique étroite
Alors que le différend commercial menace l’économie sud-africaine, le délai repoussé du 9 juillet au 1er août offre une ultime fenêtre de négociation. Le gouvernement devra saisir cette occasion pour éviter un choc commercial majeur et tenter de sauver un partenariat stratégique avec le deuxième plus grand partenaire commercial bilatéral du pays, après la Chine.
Olivier ALLOCHEME