
Lors d’une rencontre de haut niveau avec cinq chefs d’État africains à la Maison Blanche, le président Donald Trump a officiellement amorcé un changement majeur dans la politique africaine des États-Unis, rompant avec des décennies d’assistance centrée sur l’aide humanitaire pour adopter une approche basée sur le commerce.
Réunis ce mercredi 09 juillet, les présidents du Liberia, du Sénégal, du Gabon, de la Mauritanie et de la Guinée-Bissau ont été les premiers interlocuteurs africains à qui Trump a exposé cette nouvelle vision. « Je vois un énorme potentiel économique en Afrique », a déclaré le président américain, vantant les ressources naturelles de ces pays, qu’il a qualifiés de « terres très précieuses, riches en minéraux et en pétrole, avec des peuples formidables ».
Une rupture avec le modèle d’aide humanitaire
Cette rencontre intervient peu après la dissolution par Washington de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), actant la fin d’un « modèle caritatif dépassé » au profit de « partenariats économiques avec des pays capables et désireux de se développer par eux-mêmes », selon les nouvelles orientations de l’administration.
Pour Trump, il s’agit d’utiliser le commerce comme outil diplomatique : « Vous voulez vous battre, alors on ne commerçera pas avec vous », a-t-il lancé aux dirigeants africains, insistant sur l’idée que les relations commerciales pouvaient contribuer à pacifier les conflits. Il a notamment rappelé le rôle joué récemment par les États-Unis dans l’accord de paix signé entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, en échange d’un meilleur accès aux ressources stratégiques de la région.
L’Afrique séduite… mais prudente
Les dirigeants africains présents ont adopté un ton flatteur à l’égard du président américain. Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a ainsi vanté le potentiel minier de son pays, évoquant les terres rares, l’uranium, le manganèse et un possible gisement de lithium. « Nous avons beaucoup à offrir en termes d’investissements », a-t-il assuré.
De son côté, le président libérien Joseph Boakai a salué les opportunités créées par ce sommet et réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la stabilité régionale, de la gouvernance démocratique et de la croissance économique inclusive.
Mais au-delà des sourires, des interrogations demeurent. L’absence de débat sur les coupes budgétaires drastiques dans l’aide américaine, qui selon des experts humanitaires pourraient avoir des conséquences dramatiques pour des millions de personnes, inquiète. Le président Trump a éludé la question, se contentant de dire : « Nous avons fermé l’USAID pour éliminer les gaspillages et les abus. »
Une relation plus transactionnelle
Si ces cinq pays ne figurent pas (encore) sur la liste des États visés par l’extension du travel ban annoncée pour août, leur faible poids dans le commerce bilatéral avec les États-Unis interroge sur leur rôle dans cette nouvelle stratégie. Pour l’administration Trump, leur potentiel inexploité – ressources minières, position géographique stratégique pour la lutte contre l’immigration et le trafic de drogue – justifie l’attention renouvelée.
Les analystes s’accordent à dire que cette rencontre marque le passage d’une logique d’assistance à une relation transactionnelle entre Washington et le continent africain. « Il y a beaucoup de colère en Afrique », a résumé Donald Trump pour qui le commerce pourrait être un moyen de désamorcer les tensions – tout en consolidant les intérêts américains.
Un pari audacieux, dans un contexte mondial incertain et sur un continent en pleine mutation.