
Il s’est rendu, une nouvelle fois encore dans les locaux majestueux du palais de Adjina à Porto-Novo, dimanche dernier. Décidément, l’ex-chef de l’Etat, Boni Yayi ne se fatigue pas de visiter Me Adrien Houngbédji, depuis quelques mois. Juste les échos d’une rencontre sont platement relayés dans tous les médias, à chaque occasion. Jamais, l’exactitude des sujets au cœur des échanges entre ces deux grands hommes d’Etat dont l’influence politique reste inoxydable en ces deux dernières décennies. Que le premier, Yayi ait déjà fini avec toute possibilité personnelle d’accéder à nouveau au pouvoir d’Etat, ou que le second, Houngbédji, du haut de ses 83 ans, ne soit plus activement opérationnel dans l’appareil politico-institutionnel, les deux hommes semblent ne pas lâcher du lest.
A l’évidence, ces rencontres infinies entre Yayi et Houngbédji peuvent se justifier en cette presque veille d’une série d’élections à grands enjeux. Et pour cause.
Boni Yayi, désormais, président d’une grande formation politique, Les Démocrates, qui plus est, se réclamant de l’opposition, se sent visiblement assez concerné par la bataille électorale de 2026 tant attendue. Adrien Houngbédji, en conflit ouvert depuis peu, avec le pouvoir en place, qu’il a pourtant soutenu depuis 2016, croit avoir encore une carte à jouer avec son éternel PRD qu’il refuse d’accepter « enterré », suite à une fusion à histoires avec l’Union Progressiste le Renouveau. Après les récents remous entre son camp et celui de Joseph Djogbénou, président de l’UP-R, via le ministère de l’intérieur, l’opinion publique a les regards tournés vers le pouvoir judiciaire pour un immanquable arbitrage de droit. Mais en attendant, Yayi semble saisir la balle au bond, en s’amourachant politiquement de Houngbédji, avec qui, il mijote certainement tant de choses.
Spéculons un peu. Houngbédji pourrait se retrouver à composer avec Yayi et les Démocrates pour une bataille féroce contre les candidats en face à l’occasion des élections générales de 2026. Dans le lot, la présidentielle en vue d’assurer la succession de Patrice Talon. L’assiduité remarquable de Yayi dans des échanges avec Houngbédji autour d’une telle perspective, si elle se confirmait, trouverait sa logique, si à l’arrivée, émerge un candidat au poste du président de la République dont l’étoffe pourrait faire frémir le camp d’en face. Reste que pour le moment, l’opinion publique scrute tant l’horizon dans ce sens. Et faute d’indices, elle s’avoue impuissante à se faire la moindre idée.
Tout à l’air sombre jusque-là dans cette atmosphère de visites interminables de Yayi à Houngbédji ou parfois de Houngbédji à Yayi. Difficile de prospecter sur leurs conciliabules lorsqu’on sait que des candidats potentiels à la succession de Talon ne s’affichent nullement encore de leur jardin secret. Et même si des noms habituels continuent de circuler, surtout côté Yayi, entre autres, Eric Houndété, Nourénou Atchadé ou encore le jeune très inspiré Nourou Dine Sacca qui ne cache plus une telle ambition, les béninois ne semblent pas encore rassurés qu’il s’agit ici, des candidatures consistantes.
A tout point de vue, tout laisse présager que les échanges entre Yayi et Houngbédji, qui n’en finissent pas toujours, aboutiront à un deal « surprise » dont les premiers signaux ne sont encore appréhendés à ce jour par d’innombrables observateurs attentifs de la vie politique nationale. Wait and see.

