La Société Béninoise de Philosophie (So.Bé.Phie) a rendu un vibrant hommage au Professeur Paulin Jidenu Hountondji, le jeudi 5 juin 2025. Ceci à travers le lancement d’un ouvrage intitulé « Paulin Hountondji ou l’impossible fin », qui a eu lieu dans les locaux de la mairie de Cotonou.

Ce que vous devriez savoir : Sur 300 pages, le livre : « Paulin Hountondji ou l’impossible fin » est subdivisé en trois parties : une partie de 12 essais, une autre portant sur des témoignages et un appendice bibliographique. Ce dernier offre un panorama de la production scientifique de Paulin Hountondji. Le livre ne se contente pas de glorifier la figure du philosophe. Il invite, selon les explications du président de la So.Bé.Phie, Professeur Désiré Mèdégnon, à un travail critique. « Pour nous, à la So.Bé.Phie, ces textes représentent un grenier de connaissances qu’il faut s’approprier. », a-t-il dit. Professeur émérite, Paulin Hountondji s’est illustré par sa défense de ses pensées. Loin d’une posture eurocentrée, comme certaines critiques l’ont parfois avancé, il a constamment milité pour l’émergence d’un savoir ancré dans les réalités africaines. « Notre maître a choisi de se détourner de la mort pour s’occuper pleinement de ce qu’il savait faire le mieux : philosopher, discuter, se rendre disponible. Il incarnait une foi : la foi que le mieux est toujours possible. », a fait savoir Désiré Mèdégnon, président de la So.Bé.Phie
Que disent les acteurs : Plusieurs personnalités ont salué la mémoire du Professeur. Le Professeur Vincent Ayéna, président honoraire de la So.Bé.Phie a insisté sur la rigueur de l’illustre disparu. « Il a été honnête intellectuellement. On a beau le combattre, mais il est resté égal à lui-même. Il est honnête et intellectuellement », dit-il. Pour l’ancien recteur Professeur Maxime Da Cruz, Paulin Hountondji est une « mémoire bien construite ». Quant au Vice-recteur Patrick Houessou, il a insisté sur la nécessité de « creuser l’héritage » qu’il a laissé. Représentant de l’Académie nationale des Sciences, des Arts et des Lettres du Bénin, le Professeur Adrien Houanou a appelé à honorer les grands hommes de science de leur vivant. C’est dans ce sens que le représentant du maire de Cotonou, Randjix Ahouandjinou s’est réjoui de ce que Paulin Hountondji « a laissé quelque chose derrière lui ».
A propos de la So.Bé.Phie : La Société béninoise de philosophie est une association à but non lucratif, conformément à la loi de 1901 qui confère la liberté associative. Elle compte à ce jour près de 550 enseignants de philosophie et de sympathisants. Elle repose fondamentalement sur deux principes, la laïcité et la politisme. En tant que telle, la Société Béninoise de Philosophie est une organisation indépendante des partis politiques et des groupes religieux. Toutefois, elle prend position sur des décisions politiques néfastes à l’enseignement et à la recherche philosophique d’une part et au développement du pays de l’autre part. Les principales activités de la Société Béninoise de Philosophie pour sa propre visibilité et surtout pour son utilité sociale, consiste à organiser des conférences publiques, des colloques internationaux, des cafés philosophiques pour enfants, animer une revue béninoise de philosophie et de sciences humaines, ainsi qu’un bulletin pédagogique au profit des apprenants des cours secondaires. Toutes ces activités répondent au but que s’est fixée la So.Bé.Phie, à savoir améliorer la qualité de l’enseignement philosophique, promouvoir la recherche philosophique et contribuer au rayonnement intellectuel et scientifique de notre pays le Bénin, défendre la pensée critique, la liberté de pensée, la liberté d’expression ou l’épanouissement des citoyens et le développement national. Et coopérer avec les organisations sœurs ayant les mêmes buts au bénin et hors du bénin. La Société béninoise de philosophie est créée en 1988 et Paulin Hountondji a été le président fondateur.

Qui est donc Paulin Hountondji : Né le 11 avril 1942 en Côte d’Ivoire, Paulin Hountondji est décédé le 2 février 2024 à Cotonou à l’âge de 81 ans. Il laisse derrière lui une œuvre scientifique remarquable. Après avoir obtenu son Certificat d’Études Primaires (CEP) en 1953, au terme de ses études à Savè et Sakété, il poursuit sa scolarité au lycée Victor Ballot de Porto-Novo, où il décroche le baccalauréat en 1960. Il s’envole ensuite pour la France où il intègre une classe préparatoire aux grandes écoles. Il est admis à l’École normale supérieure (ENS) de Paris et réussit brillamment au concours d’agrégation de philosophie en 1966.
En 1970, il soutient une thèse de doctorat de troisième cycle. Plus tard, le 24 juin 1995, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il soutient une thèse de doctorat d’État sur travaux, intitulée « Enjeu de la critique : philosophie, anthropologie des savoirs et politique en Afrique », avec la mention très honorable.
Ce parcours intellectuel d’exception a permis à Paulin Hountondji de rayonner bien au-delà des frontières nationales. Sur le plan académique, il est professeur émérite des universités nationales du Bénin, membre de l’Académie nationale des sciences, des arts et des lettres du Bénin, et reconnu dans toute l’Afrique et au-delà pour la rigueur de sa pensée. Engagé aussi sur le plan politique, Paulin Hountondji s’est distingué dès 1990 par sa participation active à la Conférence nationale. Il a ensuite occupé plusieurs postes ministériels : ministre de l’Éducation nationale puis ministre de la Culture et de la Communication.
Sur le plan scientifique, Paulin Hountondji a laissé une production dense et influente. En 1973, il publie Liberté : contribution à la révolution dahoméenne, chez Renaissance à Cotonou. En 1977 paraît son ouvrage majeur Sur la philosophie africaine : critique de l’ethnophilosophie, qui marque un tournant décisif dans la pensée critique africaine. En 1983, il approfondit ses thèses dans Philosophie africaine : mythe et réalité. En 1987, il dirige la publication du Bilan de la recherche philosophique africaine, un répertoire alphabétique de la production dans ce domaine, dont le premier volume paraît cette année-là, suivi du second en 1988. Son tout premier article, publié en 1967, s’intitule « Charabia et mauvaise conscience : psychologie du langage et intellectuels colonisés ».
