
L’ancien Président de la République, Thomas Boni Yayi, a fermement dénoncé le lundi 03 novembre 2025, le projet de loi portant révision de la Constitution visant à instaurer un Sénat. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, il a qualifié cette initiative d’« antidémocratique » et de « menace pour les acquis démocratiques » du Bénin, appelant les députés de l’opposition à s’y opposer.
La proposition de révision constitutionnelle a été déposée le 31 octobre 2025 à l’Assemblée nationale par les présidents des groupes parlementaires de l’Union progressiste le Renouveau (UP-R) Aké Natondé et du Bloc républicain (BR), Assan Seïbou. Affecté à la Commission des lois, le texte a été jugé recevable le lundi 3 novembre et sera prochainement examiné en plénière.
Selon ses initiateurs, le projet vise à instaurer une période de trêve politique et à créer une seconde « chambre de sages » composée notamment d’anciens présidents de la République, anciens présidents de l’Assemblée nationale, anciens présidents de la Cour constitutionnelle et anciens chefs d’état-major, tous membres de droit. Le Sénat aurait pour mission de rapprocher les positions politiques divergentes et favoriser un débat consensuel.
« Une initiative ni opportune ni légitime »
Pour l’ancien président Boni Yayi, cette révision survient dans un contexte de « climat d’exclusion » et compromet la cohésion nationale. « La création d’un Sénat n’est ni opportune ni légitime. Elle constitue une initiative antidémocratique, contraire aux principes fondamentaux de la séparation des pouvoirs », a-t-il écrit.
L’ancien chef d’État affirme qu’il refuserait toute participation à cette institution. « Je ne saurais en aucun cas faire partie de cette institution comme membre de droit ni cautionner un tel projet, dont le dessein véritable semble être de modifier la nature même de notre régime politique », a-t-il averti, dénonçant une « dérive institutionnelle » susceptible de « mettre en péril les acquis démocratiques chèrement obtenus ».
Appel à la minorité parlementaire du parti Les Démocrates : Boni Yayi a exhorté les 22 députés du parti Les Démocrates à utiliser leur « minorité de blocage » pour empêcher l’adoption du texte et renvoyer la décision au peuple par voie référendaire. « Par leur minorité de blocage, ils auront le mérite de rendre la parole au peuple, expression suprême de la volonté nationale », a-t-il insisté.
Son appel intervient dans un contexte politique marqué par la contestation de l’opposition, notamment après l’exclusion du parti Les Démocrates de la présidentielle d’avril 2026 faute de parrainages.
Vers un débat politique sous tension
Cette prise de position donne le ton d’un débat institutionnel sensible autour de la gouvernance démocratique au Bénin. Alors que le Parlement s’apprête à examiner le texte, les regards se tournent vers la capacité de l’opposition à faire bloc et vers l’attitude des acteurs politiques dans les semaines à venir. « Ensemble, défendons notre République, notre démocratie et notre unité nationale », a conclu Boni Yayi, appelant à « sauver la patrie ».
Romain HESSOU

