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Romuald Wadagni : Le profil d’un technocrate à la conquête des urnes

Désigné candidat de la coalition au pouvoir (UPR et BR), Romuald Wadagni se retrouve au cœur d’un pari historique : succéder à Patrice Talon et poursuivre le chantier de transformation économique lancé il y a près d’une décennie. L’actuel ministre des finances a un profil de technocrate qui sert bien sa cause.

Formé en France et aux États-Unis, ancien cadre du cabinet Deloitte à Paris, Lyon, Boston et New York, Romuald Wadagni s’est imposé comme l’un des piliers du régime Talon. Défenseur acharné de la rigueur budgétaire, il a imprimé sa marque en refusant les solutions de facilité face à la pandémie de Covid-19. Alors que de nombreux pays africains acceptaient la restructuration proposée par le G20, il martelait : « Pas d’annulation, pas de restructuration ». Ce choix, jugé risqué par certains, a finalement renforcé la crédibilité du Bénin auprès des bailleurs internationaux et consolidé la confiance des marchés.

Résultats macroéconomiques salués

Sous son pilotage, l’économie béninoise a maintenu une croissance soutenue, régulièrement supérieure à 6 %, malgré les chocs exogènes. Le pays a accédé au statut de revenu intermédiaire et est désormais cité comme modèle de discipline financière en Afrique subsaharienne. Les agences de notation, de Moody’s à Fitch, ont relevé la solidité de ses fondamentaux, faisant du Bénin un élève modèle en matière de gestion de la dette et de transparence budgétaire.

La dette publique, souvent pointée comme talon d’Achille dans la région, a été soigneusement lissée, évitant toute rupture de soutenabilité. Le climat des affaires s’est amélioré et l’administration modernisée, grâce notamment à une nouvelle génération de cadres recrutés au sein de la diaspora.

Le pari des marchés internationaux

Mais c’est surtout sur le terrain des marchés financiers internationaux que Romuald Wadagni a fait la différence. Depuis 2019, le Bénin a multiplié les émissions obligataires sur les places européennes, réussissant à lever des fonds à des taux historiquement bas pour un pays de la zone UEMOA. Ces euro-obligations — dont certaines à 30 ans — ont marqué un tournant : pour la première fois, un pays africain francophone démontrait qu’il pouvait accéder aux marchés avec la même crédibilité que des économies émergentes plus établies.

En 2021, le Bénin a même innové en devenant le premier pays africain à émettre des obligations durables, attirant des investisseurs institutionnels sensibles aux enjeux environnementaux et sociaux. Cette stratégie a permis non seulement de diversifier les sources de financement, mais aussi de projeter une image moderne et responsable de l’économie béninoise.

Continuité et défis à venir

Si le bilan est flatteur, les défis demeurent. Le chômage des jeunes reste élevé et la transformation structurelle tarde à se concrétiser. Romuald Wadagni mise sur l’industrialisation du coton, l’essor des zones économiques spéciales et l’intégration aux chaînes de valeur africaines pour franchir un cap supplémentaire.

Son profil de technocrate, plus gestionnaire que tribun, pourrait constituer un handicap dans une campagne électorale où la proximité avec les électeurs est décisive. Mais il incarne plus que tout autre la continuité de la vision Talon : un Bénin rigoureux, attractif et ouvert. La question est désormais de savoir si cette constance budgétaire pourra se transformer en prospérité sociale.

Olivier ALLOCHEME

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